décembre 9, 2024

Soldier

De : Paul W.S. Anderson

Avec Kurt Russell, Jason Scott Lee, Connie Nielsen, Gary Busey

Année : 1998

Pays : Etats-Unis

Genre : Science-Fiction, Action

Résumé :

Planète Terre, futur indéterminé. Choisi à la naissance pour ses qualités physiques et intellectuels, un humain devient, à force d’entraînement, le prototype du soldat apte à protéger la société. Mais la génération dont est issu le soldat (le sergent Todd) est bientôt remplacée par une nouvelle. Todd ne se résigne pas à disparaître et organise la résistance contre ces soldats d’un nouveau genre qui menacent l’équilibre même de la planète.

Avis :

Réalisateur britannique, Paul W.S. Anderson est connu pour ses blockbusters survitaminés et généreux, mais derrière ça, beaucoup de ses films, on ne va pas mentir, sont assez mauvais. Débutant dans les années 90, je suis parti faire un tour sur son « début » de carrière que je ne connaissais pas du tout. L’ayant depuis un sacré bout de temps à la maison, je me suis arrêté sur « Soldier« , un projet qui remonte à bien des années avant qu’on ne le confie à Paul W.S. Anderson. Idée venant d’une scène qui n’a pas été retenue du « Blade Runner » de Ridley Scott (des réplicants étaient laissés pour mort sur d’autres planètes), « Soldier » est un projet qui date donc des années 80 et qui fut un temps envisagé par des réalisateurs tels que Ted Kotcheff ou Clint Eastwood.

Ce sera finalement Paul W.S. Anderson qui, après quelques films à Hollywood, sera choisi. Film de science-fiction, sur le papier, « Soldier » avait des arguments intéressants, comme l’idée d’humanité qui serait enfouie au fond d’un soldat, élevé comme une machine à tuer. Doté d’un joli budget, soixante-dix millions de dollars, Paul W.S. Anderson avait de l’ambition, et voulait offrir un film qui serait aussi bien spectaculaire que touchant, empruntant les sentiers de « Blade Runner » à certains moments. Or, le résultat est tout autre, et l’on se retrouve devant un film kitsch au possible, mauvais dans ce qu’il raconte, et même risible, avec un Kurt Russell neurasthénique. Le film ne nous fera même pas la surprise d’être un nanar tant il se prend au sérieux. Bref, encore un raté pour son metteur en scène.

Sélectionné à la naissance, et entraîné durant tout sa vie, le Soldat Todd O-POS 3465 est le meilleur de son unité. Pourtant, aujourd’hui, il est remplacé par une nouvelle génération de soldat bien plus performant, car modifié génétiquement. Après un combat imposé par sa hiérarchie, le soldat Todd est laissé pour mort sur une planète qui n’est autre qu’une décharge. Sur cette planète, le soldat Todd va faire la rencontre d’une communauté d’humains qui se sont crashés, il y a des années de cela, et habitent désormais les lieux. Comment s’insérer dans une communauté lorsque l’on a connu que la guerre ?

Ah ouais quand même… Voilà à peu près la phrase et le sentiment qui m’ont parcouru pendant le film. Bon, je savais où je mettais les pieds et les yeux, car Paul W.S. Anderson n’a jamais été un bon réalisateur, et parmi les films que j’ai pu voir de lui, il est assez compliqué de savoir lequel est son plus mauvais, et ce n’est pas celui-là qui va changer la donne. D’ailleurs, les producteurs ont bien senti le truc, puisque « Soldier » est sorti directement en DVD, et malgré son budget pour l’époque, ils n’ont pas osé se frotter à la salle de cinéma, et on les comprend.

Pourtant, comme je le disais plus haut, le film, sur le papier, intéressait de par son idée de départ. Ici, un soldat qui fut élevé comme une machine à tuer, qui ne connaît rien d’autre que la guerre, à qui l’on a interdit toute émotion durant toute sa vie, car les émotions sont signe de faiblesse, est remplacé, car jugé obsolète et jeté sur une planète qui n’est autre qu’une décharge.

« Soldier » est un film qui questionne l’humanité et la réhabilitation d’un homme au sein d’une société non-violente. Si le début est on ne peut plus caricatural et cheap à mort, certaines idées de scénario sont intéressantes et l’on aurait pu facilement se laisser prendre dans cette histoire, si cette dernière avait été alors mieux écrite dans sa suite, car comme on peut l’imaginer, ça se gâte. Donc, après avoir questionné l’humanité du soldat oublié, après avoir questionné aussi la communauté et sa tolérance, « Soldier » va complétement partir en vrille, avec une idée d’entraînement et d’attaque absolument invraisemblable et aberrante, qui veut amener le film à être le film d’action et de science-fiction à gros budget qu’il doit être.

Dès lors, on se fiche royalement du scénario, qui se résumera à un Kurt Russell avec une tête partagée entre la tristesse et la rage, qui va aller botter le cul à ces nouveaux soldats génétiquement modifiés, qui vont se révéler être bêtes au possible. Les quarante dernières minutes de film ne seront que batailles, tirs avec des armes futuristes et évidemment la confrontation entre le gentil blessé dans son âme et le méchant qui fait ce qu’on lui demande. On ajoutera à cela un méchant caricatural comme cela ne devrait pas être permis, incarné par Jason Isaacs, dont finalement, on ne comprend rien aux motivations et au but d’aller entraîner ses super soldats dans une décharge qui est censée être abandonnée.

D’ailleurs, de manière plus large, lorsqu’on s’arrête sur les rebondissements du film et l’histoire de manière générale, on ne comprend pas grand-chose à ce qui se passe et au choix de ces personnages qui sont tous plus faciles et bêtes les uns que les autres. Et quand on parle des personnages, on ne peut pas passer à côté de Kurt Russell, qui tient un personnage qui est pratiquement de toutes les scènes. Personnage quasi-muet, bodybuildé à mort, Todd est un personnage neurasthénique et Kurt Russell en fait tellement en ne disant quasi rien, qu’il finit par en être risible, au point qu’on s’éclaterait presque lorsqu’il en place une. Oui, je dis presque, car c’est tellement premier degré, que c’en est triste.

Bref, on aurait alors pu se raccrocher à l’univers et finalement au rythme du film, qui offrirait ce que l’on est venu chercher, c’est-à-dire un film d’action bête et méchant, qui serait pour le moins spectaculaire. Et bien rien de cela ne nous sera offert, et si « Soldier » se veut grand spectacle, il se pose avant tout comme un film daté, dépassé et surtout cheap au possible. C’est bien simple, à aucun moment on y croit, et derrière ça, Paul W.S. Anderson ne propose pas grand-chose dans sa mise en scène pour nous aider.

On peut même dire que le temps qui a passé n’a vraiment pas aidé le film, qui se pose comme laid à regarder. Finalement, il n’y a que dans les scènes enfermées dans l’appartement de fortune de Mace et Sandra, que le film est plutôt sympa (d’ailleurs, Sean Pertwee et Connie Nielsen sont ceux qui s’en sortent le mieux dans ce film). Pour le reste, on repassera malheureusement.

« Soldier » est donc encore une déception de la part de Paul W.S. Anderson. Mieux encore, je dois avouer que j’en n’attendais rien, si ce n’est qu’il me divertisse un minimum l’espace d’une soirée oubliable, et même ça, il n’a pas été capable de l’offrir. Mauvais au possible, incompréhensible dans ses grandes lignes et les décisions de ses personnages, et plus largement dans ses personnages, « Soldier » peut prétendre à une place sur le podium des navets de Paul W.S. Anderson.

Note : 06/20

Par Cinéted

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