avril 20, 2024

Dvne – Etemen Aenka

Avis :

Il existe des groupes dont il est très difficile de cataloguer leur style. De plus, entre tous les différents genres et les mélanges, on peut très facilement s’y perdre, au point que certains groupes refusent de rentrer dans une case. C’est un peu le cas pour Dvne, groupe écossais même si l’un des deux guitaristes est français et que la claviériste est australienne. Bref, fondé en 2013 à Edimbourg, Dvne va rapidement sortir deux EP avant de se lancer dans la bagarre avec un premier album, Asheran. Signé chez Wasted State Records, le groupe va rapidement changer de label pour atterrir chez un plus gros, Metal Blade Records. Il en découle alors un nouvel EP, puis un second album, Etemen Aenka. Derrière ce titre énigmatique, on retrouve un métal qui l’est tout autant, briguant des morceaux très longs et une structure complexe. Mais est-ce bien pour autant ?

D’entrée de jeu, la formation nous met la tête dans le guidon. Entre un titre de morceau étrange, Enûma Elis, et un démarrage puissant tout autant que lancinant, les écossais ne font pas les choses à moitié. Il y a là-dedans de la violence, avec des riffs bien lourds, mais aussi de la douceur que l’on peut entendre en fond. Et cela se traduit aussi avec le chant, qui peut être clair comme il peut partir en growl. Cette dichotomie va baigner tout l’album, nous balançant, au sein d’un même titre, d’une facette à l’autre du groupe, maniant aussi bien la lumière que les ténèbres. Towers en sera un autre exemple, avec un début tonitruant en growl, pour s’adoucir avant de remettre les bouchées doubles. Il faut dire qu’en plus de neuf minutes, le groupe a le temps de nous manipuler comme il veut.

Cependant, cela aurait pu produire un effet pervers, à savoir un ennui montant crescendo face à des pistes qui sont très longues et une durée d’écoute qui dépasse largement l’heure. Mais qu’importe, Dvne délivre son espèce de Post-Métal avec talent et un savoir-faire qui donne le vertige. Court of the Matriarch est un exemple de maîtrise technique et de complexité de structure. Pour autant, c’est aussi l’un des titres les plus abordables, notamment grâce à la prédominance du chant clair et des riffs moins rugueux que sur les autres titres. Mais là aussi, on dépasse les sept minutes et le cadre formaté de n’importe quelle chanson. Mais le but ici n’est pas de faire du commerce, mais bel et bien de l’art, au sens le plus noble, comme peut en attester l’artwork absolument sublime. Et les deux interludes iront aussi dans ce sens.  

Weighing of the Heart marquera une pause étonnante au sein de l’album, montant tout doucement, comme si, au sein de cet album, il y avait un vrai cœur battant. L’ajout de nappes de clavier viendront épaissir la qualité de l’album. On retrouvera cela en milieu d’album avec Adraeden, affichant clairement une volonté de poser une ambiance lourde et éthérée. Ces deux interludes permettront aussi de reprendre son souffle entre deux morceaux épiques et longs. Omega Severer et ses neuf minutes est tellement complet que parfois, on ne sait plus où donner de la tête (et de l’oreille par la même occasion). Mais il s’agit aussi d’un titre multi-facettes, qui arrive à nous agripper aussi bien par sa violence que par sa douceur. Encore une fois, le groupe manie à merveille deux sentiments opposés qui se complètent.

On va retrouver cela dans les quatre derniers titres de l’album, en commençant par Si-XIV, qui va être un gros uppercut dans la tronche. Il y a dans ce morceau tout ce qui fait le groupe. Il s’agit d’une parfaite synthèse de ce qu’est Dvne, et c’est tout simplement sublime. Mleccha aura des allures plus douces, avant de se réveiller vers la fin, pour un final explosif. Quant à Asphodel (la fameuse fleur des enfers), on aura la chance d’entendre la voix de la claviériste Evelyn May, pour un résultat d’une rare mélancolie. Enfin, Satuya, du haut de ses onze minutes, viendra mettre un terme à un album dense, massif et d’une grande richesse. Peut-être trop grande d’ailleurs, avec cette incapacité à fournir au moins un seul morceau court et vif, avec un refrain catchy. Ainsi, il manquera LE titre ultime, qui rend un peu plus accessible le groupe et sa musique si complexe.

Au final, Etemen Aenka, le dernier bébé de Dvne, est une superbe réussite. Si on peut pester contre l’aspect « intellectuel » des morceaux, avec des structures à rallonge et de nombreux effets, c’est vraiment pour pinailler. Car l’album est d’une rare finesse et il se réinvente à chaque écoute. Et c’est en cela que l’on reconnait les grands albums qui, à force d’écoutes, dévoilent de nouvelles choses et ne finissent jamais par nous ennuyer. Cet album est de ceux-là.

  • Enûma Elis
  • Towers
  • Court of the Matriarch
  • Weighing of the Heart
  • Omega Severer
  • Adraeden
  • Si-XIV
  • Mleccha
  • Asphodel
  • Satuya

Note : 18/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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