avril 25, 2024

La Petite Bande

De : Pierre Salvadori

Avec Paul Belhoste, Mathys Clodion-Gines, Aymé Medeville, Colombe Schmidt

Année : 2022

Pays : France

Genre : Comédie

Résumé :

La petite bande, c’est Cat, Fouad, Antoine et Sami, quatre collégiens de 12 ans. Par fierté et provocation, ils s’embarquent dans un projet fou : faire sauter l’usine qui pollue leur rivière depuis des années. Mais dans le groupe fraîchement formé les désaccords sont fréquents et les votes à égalité paralysent constamment l’action. Pour se départager, ils décident alors de faire rentrer dans leur petite bande, Aimé, un gamin rejeté et solitaire. Aussi excités qu’affolés par l’ampleur de leur mission, les cinq complices vont apprendre à vivre et à se battre ensemble dans cette aventure drôle et incertaine qui va totalement les dépasser.

Avis :

Réalisateur français sur lequel le cinéma français peut compter, Pierre Salvadori est un metteur en scène qui depuis presque trente ans maintenant nous offre régulièrement de petits délices. Naviguant dans la comédie, Pierre Salvadori livre de la comédie autrement. Des comédies humaines avec du cœur, comme le prouve « De vrais mensonges« , « Cible émouvante » ou encore le superbe « …comme elle respire« .

En 2018, Pierre Salvadori sort « En liberté !« , comédie délirante avec Adèle Haenel, Pio Marmaï et Audrey Tautou, et elle va se poser comme l’une des meilleures performances en termes d’entrées pour le réalisateur avec plus de sept-cent mille entrées. Puis derrière ça, « En liberté ! » sera le premier film de Salvadori à briguer quelques César, dont celui du meilleur réalisateur.

Quatre ans après ce gros succès, Pierre Salvadori est de retour dans les salles de cinéma avec un petit film plus discret, qui a bien du mal à trouver sa place dans le paysage, et c’est bien dommage, car le cinéaste nous offre là une petite fantaisie qui se pose parfaitement entre le film de copains, la comédie pleine de charme, la réflexion écologique et derrière ça, comme toujours chez Salvadori, une touche de drame, qui apporte beaucoup d’humanité et de profondeur à l’ensemble. Bref, un joli petit film qui, au fil de son intrigue et ses rebondissements, se pose comme un coup de cœur.

Un jour, ils se sont réunis et ils sont devenus une bande, une petite bande de quatre. Cette petite bande, c’est Fad, Cat, Sami et Antoine. Ils sont collégiens et après un exposé pas terrible sur l’usine du coin qui pollue la rivière, les quatre adolescents ont décidé de lui mettre le feu. Alors qu’ils avaient un plan aussi audacieux que parfait, quelque chose va mal tourner, et au lieu de brûler le bâtiment, ils se retrouvent à avoir kidnappé Monsieur Chambon, le patron de l’usine. Après l’avoir caché, il faut savoir que faire de lui et personne n’arrive à se décider. Alors pour prendre cette décision, ils décident d’intégrer un cinquième copain, et ce sera Aimé, un garçon que personne n’aime, qui est le souffre-douleur du collège. Pour Aimé, c’est le rêve qui devient réalité, car il a toujours voulu intégrer une bande…

Le cinéma de Pierre Salvadori, c’est toujours un vent de fraîcheur qui fait du bien, et le réalisateur, à l’aube de ses trente ans de carrière, nous le prouve encore une fois, avec cette « … petite bande » qui se pose comme une comédie très drôle, mais surtout derrière ça, qui se pose comme un film qui a plusieurs niveaux de lecture, abordant, au travers de ce kidnapping low-cost, tout un tas de sujets.

Écrit comme toujours par Pierre Salvadori, « La petite bande » est un film qui ne manque pas d’originalité, car à travers les mésaventures de ces gamins engagés pour la cause, le metteur en scène et scénariste y a donc injecté énormément de sujets plus sérieux. Conjuguant alors les gags, les bêtises, dérapages, avec des sujets comme l’écologie et la prise de conscience chez les jeunes, mais aussi la famille, ou encore les premiers émois, car ces petits garnements ne se lancent pas forcément dans ce plan que pour l’écologie, Pierre Salvadori livre un film qui va se dévoiler petit à petit, au cours de son histoire, et plus ce dernier enrichit cette histoire, et plus cette comédie se fait touchante. Il faut dire que certains des thèmes abordés sont terribles, le manque d’amour chez un père, ou encore le harcèlement scolaire et la solitude, sont deux thèmes que le réalisateur traite particulièrement bien, et il est difficile, entre deux rires, de ne pas être touché au moment des révélations.

De plus, toujours dans son écriture, on se laisse embarquer dans cette histoire à hauteur d’adolescents, avec notamment une créativité aussi folle que tordante de la part de ces gamins, qui rivalisent d’ingéniosité pour monter ce plan, ou encore garder leur otage. Puis enfin, Pierre Salvadori sait aussi mesurer son film, en gardant son suspens, nous tenant avec l’envie de savoir comment ces gamins vont bien pouvoir se sortir de cette histoire, et comment ils vont finir par assumer leurs actes. Et là encore, le réalisateur, un peu comme ses personnages, rivalise d’ingéniosité pour son final, qui est aussi beau, surprenant, que drôle et dramatique à la fois.

Du côté de la mise en scène, Pierre Salvadori nous offre là un film qui joue parfaitement la carte de la comédie. Le réalisateur s’étant fait un expert dans le genre, sait parfaitement rythmer son film, et surtout derrière ça, il sait livrer une comédie qui est loin d’être facile. Originale dans ses gags, développant une touche de nostalgie liée forcément à l’enfance, car entre les balades à vélos, les cabanes, et d’autres éléments encore, le réalisateur nous donne presque envie d’avoir vécu cette aventure-là.

Comme je le disais plus haut, cette « … petite bande« , c’est aussi un film qui bien plus sérieux qu’il en a l’air, et là encore, Pierre Salvadori sait très bien marier les genres, étant capable de nous faire rire aux éclats avec une réplique ou un gag ubuesque, puis d’un coup, au détour d’une conversation, recentrer son histoire pour en dévoiler le fond des motivations.

Enfin, cette « … petite bande« , c’est bien sûr cette bande de petits acteurs que le réalisateur a formidablement déniché. Ici, les adultes ont de l’influence sur les gamins, mais finalement, ils « comptent très peu », car le réalisateur nous emmène en permanence auprès des enfants. Ainsi, on pourra compter sur Colombe Schmidt, Aymé Medeville, Mathys Clodion-Gines, ou encore Redwan Sellam. Puis au-dessus de ces quatre garnements plein de talents, il y a ce cinquième, Paul Belhoste qui, dans la peau du souffre-douleur du collège, est tout bonnement incroyable, et crève littéralement l’écran. Le petit est LA révélation de ce film, et il ne fait nul doute qu’on devrait le voir dans d’autres films.

Ce dixième film pour Pierre Salvadori est donc une petite merveille, aussi drôle qu’elle est tendre, aussi fine qu’elle est sérieuse dans son fond. Le réalisateur français démontre encore une fois l’étendue de son talent en mélangeant les genres, ce qui arrivera à nous faire rire, pour d’un coup nous toucher. Plein de créativité, plein d’ingéniosité, bourré de bonnes idées, cette jolie mésaventure, au fil de son récit, se pose comme un coup de cœur. Franchement, on adore être en compagnie de ces gamins qui martyrisent ce pauvre Laurent Capelluto, au point d’en être presque déçu de les quitter aussi vite. Bref, encore une fois, Pierre Salvadori a tout bon !

Note : 17/20

Par Cinéted

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