novembre 14, 2024

Le Temps des Orphelins – Claude Rodhain

Auteur : Claude Rodhain

Editeur : City Editions

Genre : Drame

Résumé :

Dans la France d’après-guerre, Charles est un orphelin qui ignore tout de sa famille. Brinquebalé de foyers en pensions, de familles d’accueil en maison de correction, il n’a qu’un seul but : s’évader pour découvrir la vérité sur ses origines. À 12 ans, il s’enfuit et traverse la France à pied. Direction Versailles, le siège de l’Assistance Publique. Là, il rencontre un frère et une soeur dont il ignorait l’existence. Ils lui racontent pourquoi leurs parents les ont abandonnés : c’était la guerre, la misère, la pauvreté… Charles a désormais une inépuisable soif de revanche sur la vie et veut devenir « quelqu’un ». Pour montrer qu’il n’est pas un « enfant de personne », pas un simple objet que l’on a abandonné. L’espoir d’une nouvelle existence s’esquisse, mais le jeune homme saura-t-il oublier le passé pour découvrir enfin sa propre vie ?

Avis :

Une histoire prenante dans sa globalité mais qui s’étiole sur la fin

Le temps des orphelins nous embarque dans une histoire mouvementée, auprès d’un jeune garçon que l’on a abandonné après la seconde guerre mondiale. Il nous touche par ses rêves et ses envies, il nous prend par sa force et ses brisures. Sa mère est constamment dans sa tête, d’ailleurs il fera tout pour elle, jusqu’à gâcher sa propre vie, oublier les autres – ceux qui l’aiment, et regretter ses idées fixes.

En cela, le roman s’avère intéressant car il essaie de nous dépeindre un portrait saisissant autant du point de vue historique que psychologique. Tout s’emboîte plutôt bien pendant les trois quarts du roman. Quand le personnage grandit, l’auteur accélère le rythme sans que l’on y soit préparé. Comme dans un autre de ses ouvrages, Le destin d’une enfant violée, Claude Rodhain enchaîne les ellipses. Le héros mûrit et évolue mais le lecteur ne s’en rend pas compte, et c’est dommage. Son caractère est bien moins développé, le personnage perd alors en substance.

De plus, on passe d’un thème assez émouvant à un autre qui l’est bien moins. Dans les premiers chapitres, on suit un jeune orphelin qui se cherche et qui essaie de trouver sa place, dans la suite, on suit un adulte qui multiplie les erreurs et qui paraît sans cœur. Son comportement avec ses propres enfants nous perturbe ; le lecteur qui appréciait le petit garçon courageux se rend compte qu’il est finalement devenu une personne sans attrait et même mauvaise, qui trompe et ment, qui distribue souffrance et malaises à ses proches et ses pairs. Ses traumatismes ne l’ont pas quitté – comment auraient-ils pu ? En cela, le héros continue de nous toucher malgré ses actions qui laissent à désirer. On comprend ce qui l’anime, le roman appuie bien dessus, et on comprend en partie ses émotions difficiles et délicates.

Une narration qui manque d’incarnation mais qui transporte

La plume de Claude Rodhain, avec son vocabulaire travaillé et ses phrases recherchées, nous aide à plonger dans ce passé trouble. On découvre les pensionnats, les orphelinats, les familles d’accueils, l’injustice, les jugements, des pratiques douteuses, des idéologies qui ont mal vieilli ou qui perdurent, des paysages ravagés par la guerre et des familles brisées. Il connait son sujet, cela se sent. L’immersion fonctionne !

Elle se retrouve néanmoins malmenée par une narration particulière. En un sens, celle-ci s’avère novatrice, du moins originale : celui qui observe notre héros s’exprime parfois par le « je ». Pourtant, il ne représente personne de connu, personne de l’histoire. Le ton de l’observateur intrigue et amuse, attriste et perturbe. Parfois, il est en accord avec le petit garçon, parfois non. Quand le héros grandit, la patte narratrice se montre davantage absente, c’est dommage. Ce jugement extérieur disparaît au profit d’une observation plus classique, sans teinte. Cela manque.

Cet écart avec les héros amène le lecteur à s’en montrer aussi éloigné. L’auteur a choisi de ne pas incarner ses personnages, de fait tous leurs états d’âme ne nous touchent pas suffisamment pour nous accrocher jusqu’à la fin ou pour nous émouvoir suffisamment quand les évènements tournent mal. Les scènes de son enfance nous émeuvent, pas les autres. On pardonne à un petit garçon ses égarements, pas à un adulte, même si l’on sait ce qui le pousse à agir de la sorte.

De la réflexion

Malgré cela, l’auteur nous amène à réfléchir sur notre humanité, sur nos propres imperfections. Comme l’existence de notre héros, notre vie ne suit pas un chemin tracé d’avance ni bien lisse. Il chute et trébuche mais se relève et apprend de ses erreurs. Il énerve, il perturbe et agace mais il se rachète tant bien que mal. Il est quand même dommage que les dernières pages s’intéressent davantage à ses déboires sentimentaux qu’à ses problèmes personnels.

Pourquoi lire Le temps des orphelins ?

  • Pour se plonger dans la France d’après-guerre et se dépayser.
  • Pour s’attacher à un petit garçon à qui la vie n’a pas fait de cadeaux.
  • Pour apprécier la plume atypique de l’auteur Claude Rodhain et ses recherches historiques.
  • Pour suivre un parcours imparfait, pour se rendre compte de l’humanité et de la force du héros.

Note : 14/20

Par Lildrille

Lildrille

Passionnée d’imaginaire et d’évasion depuis longtemps, écrire et lire sont mes activités favorites. Dans un monde souvent sombre, m'évader et fournir du rêve sont mes objectifs. Suivez-moi en tant qu'auteure ici : https://www.2passions1dream.com/. Et en tant que chroniqueuse aussi là : https://simplement.pro/u/Lildrille.

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