avril 19, 2024

Arch Enemy – Deceivers – Quand Alissa s’Impose

Avis :

Parmi tous les groupes de Death mélo qui sortent du lot, Arch Enemy a su tirer son épingle du jeu dès les années 2000. Comment ? Tout simplement en remplaçant le chanteur par une chanteuse à la voix toute aussi rugueuse. Et c’est après quatorze ans de bons et loyaux services qu’Angela Gossow, fatiguée des tournées, passe le micro afin de devenir productrice du groupe. Elle file le bébé à Alissa White-Gluz qui, pour le coup, quitte The Agonist. Cela fait maintenant huit ans que la canadienne chante pour Arch Enemy, et Deceivers est le troisième effort (douzième depuis les débuts du groupe) dans lequel elle fait quelques vocalises. Une voix qui a dû s’imposer auprès des fans de la première heure, ce qui n’a pas été évident. Il faut dire que la belle se tâte parfois au chant clair. Pour autant, Deceivers marque un vrai tournant.

Car si Arch Enemy semble se calmer un peu, ce n’est pas non plus pour enfiler des perles. Le démarrage est d’ailleurs tonitruant avec Handshake With Hell. Après une douce intro qui annonce la couleur, la rythmique va partir plein pot et one voudra plus qu’une chose, bouger la nuque dans tous les sens. Avec une paire de solos bien placés, le groupe démontre sa grande forme et Alissa confirme son empreinte en s’essayant au chant clair dans un pont intéressant. Ce sera le seul morceau où l’on aura du chant clair d’ailleurs, mais il est plutôt bien fichu et permet au groupe de rebondir en repartant sur des bases solides et virulentes. C’est avec Deceiver, Deceiver que la formation renoue à quelque part avec son passif, délivrant un titre Death violent et sans aucune concession. Les fans sont alors rassurés en voyant leur groupe ne jamais renier leur origine.

In the Eye of the Storm va trouver le juste équilibre entre l’ancien et le nouveau. Moins puissant et rapide que les deux titres précédents, le morceau n’en est pas moins intéressant, notamment dans sa construction et sa volonté d’offrir quelque chose d’un peu plus lourd mais de très accessible (le genre de mot qui fait péter un plomb aux métalleux underground). Certes, ce n’est pas forcément original, mais c’est solide et ça tient bien la route. Le côté mélancolique est aussi bien exploité. The Watcher ira vers des riffs plutôt Heavy, mais l’ensemble sera contrebalancé par une mélodie imparable et des couplets qui tabassent fort. Une belle efficacité avec un refrain catchy en diable, que demander de plus ? Quant à Poisoned Arrow, après un début lyrique et doux, le groupe s’essaye à poser une ambiance délétère et mélancolique qui marche parfaitement.

Encore une fois, le titre est moins percutant que d’habitude avec ce groupe, mais cela ne l’empêche pas d’être d’une redoutable efficacité. C’est d’ailleurs ce qui permet au groupe de se renouveler et de proposer quelque chose de plus varié. Sunset Over the Empire viendra remettre tout le monde d’accord avec un morceau lourd et puissant, où la chanteuse va délivrer toute sa colère, portée par des riffs rapides et imparables. L’un des morceaux qui donnent furieusement envie de se casser la nuque et qui va fonctionner à plein régime sur scène. House of Mirrors sera un titre intéressant, arrivant, encore une fois, à trouver un bel équilibre entre un Death mélo classique et un Death plus virulent. Puis Spreading Black Wings continuera le bon petit bonhomme de chemin de l’album, ne défaillant jamais et n’offrant aucun déchet. C’est d’ailleurs là le gros point fort du groupe.

Car si on pouvait quelques fois trouver des morceaux en deçà qui servaient à faire du remplissage, il n’en est pas de même avec cet album. Tous les titres ont leur place et leur aura, jusqu’à Mourning Star, un interlude doux qui annonce One Last Time, titre surpuissant en diable. Et que dire de Exiled From Earth qui clôture l’album de la plus belle des façons, en parfaite synthèse d’un Arch Enemy nouveau, qui trouve la bonne tonalité pour ne pas décevoir les fans de la première heure et les nouveaux arrivants. En arpentant plusieurs fois cet album, on se rend compte de la maturité du groupe et de la complexité de certaines pistes qui se révèlent petit à petit, avec des solos impressionnants et bien maîtrisés.

Au final, Deceivers est un album de haute tenue pour Arch Enemy. Alissa White-Gluz s’impose de plus en plus au sein du groupe, apportant son aura sur chaque titre, et n’hésitant plus à manier le chant clair pour offrir de belles variations. Sans véritable point faible, ce douzième album pour la formation suédoise est très solide et semble marquer un tournant dans l’avenir du groupe, au risque de déplaire aux amateurs de Death pur et dur.

  • Handshake With Hell
  • Deceiver, Deceiver
  • In the Eye of the Storm
  • The Watcher
  • Poisoned Arrow
  • Sunset Over the Empire
  • House of Mirrors
  • Spreading Black Wings
  • Mourning Star
  • One Last Time
  • Exiled From Earth

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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