avril 28, 2024

Daredevil

De : Mark Steven Johnson

Avec Ben Affleck, Jennifer Garner, Michael Clarke Duncan, Colin Farrell

Année : 2003

Pays : Etats-Unis

Genre : Super-Héros

Résumé :

Avocat le jour, super-héros la nuit, Matt Murdoch possède une ouïe, un odorat, une force et une agilité incroyablement développés. Bien qu’il soit aveugle, son sens radar lui permet de se diriger et d’éviter le moindre obstacle. Inlassablement, cet être torturé arpente les rues de New York à la poursuite de criminels en tout genre qu’il ne peut punir au tribunal.

Daredevil aura à affronter Kingpin, alias Le Caïd, qui dirige d’une main de fer la mafia new-yorkaise, ainsi que son homme de main Bullseye, alias Le Tireur.

Avis :

Créé en 1963 par Stan Lee, Daredevil est un super-héros un peu particulier. En effet, alors que Spider-Man et consorts sont des personnages aux pouvoirs surhumains, le scénariste recherchait une idée pour rendre son personnage plus humain, plus vulnérable. C’est alors qu’il apprit que les aveugles compensaient leur handicap en surdéveloppant leurs autres sens. C’est comme cela qu’est né le personnage de Matt Murdock, avocat le jour et justicier la nuit. Un personnage qui baigne dans un climat de tension et de guerre froide, d’où le rapport à un accident avec un élément radioactif. Dans les années 2000, Marvel commence à faire ses premiers pas au cinéma, et c’est tout naturellement que Daredevil, aidé par le succès du Spider-Man de Sam Raimi, arrive sur les écrans. Mal aimé, voire même conspué, à l’heure où Marvel se dresse en hégémonie du spectacle ronflant, qu’est devenu cette version avec Ben Affleck ?

La première chose qui frappe, c’est la scène d’introduction du film, entre le générique et des images subliminales d’une fin annoncée. On y voit le super-héros tomber d’un toit d’église, et être récupéré par un prêtre qui sait qui est Daredevil. Cette façon de faire annonce donc un combat compliqué pour le héros, qui va devoir en découdre avec plusieurs ennemis. Mais choix surprenant, la suite du film va osciller entre origin story assez rapide et voix off d’un Matt Murdock qui raconte ce qui lui est arrivé. La façon de faire peut paraître maladroite, mais elle va savoir se faire touchante, notamment dans le rapport qu’à le héros avec son père et sa volonté de ne jamais abandonner, de toujours se battre. Le résultat est sympathique, même si les talents d’acrobate du jeune garçon arrivent bien vite, sans transition ni même mentor pour le mettre sur la voie.

Par la suite, le film va devenir bien plus classique. On assiste à une affaire qui se passe mal pour Matt Murdock, qui va se faire justice lui-même dans la nuit, n’hésitant pas à tuer ceux qui ne sont pas innocents. En faisant ainsi, le réalisateur va permettre de discerner les faiblesses du personnage, à savoir les bruits forts et sourds. On notera alors une première tare dans l’écriture du personnage, qui apprécie écouter du métal (ou plus précisément du nu-métal, on est au début des années 2000), ce qui pourrait le déstabiliser. Une fois les présentations faites de façon plus approfondie, le film va mettre en scène les personnages secondaires et les antagonistes. On va donc rencontrer Elektra au détour d’un café et d’une confrontation ringarde dans un parc pour enfants, puis Le Caïd et Bullseye, les méchants de l’histoire.

Sans grande surprise, le film suit un chemin balisé pour ne surprendre personne, et caresser le spectateur dans le sens du poil. On pourrait donc dire que le scénario reste linéaire, mais il est bien cabossé, avec des séquences intéressantes et malines, et d’autres moments qui sont vraiment gênants. Il est difficile de ne pas voir les facilités scénaristiques pour inculper Le Caïd, ou encore lorsqu’Elektra découvre l’identité de Daredevil et lui pardonne le combat qu’elle vient de faire. Il y a vraiment des soucis de cohérence par moment qui font que le film est loin, très loin d’être parfait. Cependant, il faut reconnaître une vraie fidélité avec le comic d’origine. Du costume jusqu’à la psychologie du personnage, on est très proche de la création de Stan Lee, qui se pose des questions morales sur l’innocence des gens, alors que lui-même tue sans remord. C’est assez malin.

Cette dichotomie dans l’écriture, on la retrouve aussi dans la mise en scène de Mark Steven Johnson. On a toujours tendance à garder en tête les pires scènes que l’on a pu voir. Et difficile d’oublier la séquence dans le parc pour enfants avec les balançoires, ou encore l’entrainement d’Elektra sur des sacs de sable pour venger la mort de son père. Pire, comment passer outre la confrontation finale avec Bullseye sur l’orgue de l’église, qui a pris un sacré coup de vieux. Pourtant, le film possède des moments intéressants, voire même jolis. On pense à la séquence de la pluie pour découvrir le visage de sa bien-aimée, ou encore cet enterrement avec la musique d’Evanescence. Daredevil est imparfait, mais il détient finalement une patte, qui lui permet même d’avoir une identité visuelle, ce que n’ont plus les Marvel d’aujourd’hui.

Et puis il y a le casting. Ben Affleck, grand fan de Daredevil depuis tout petit, est vraiment bon dans le rôle. Il est assez affûté, mais surtout, il croit au personnage et semble lui aussi troublé par les questions morales que lui pose le Caïd. Un Caïd tenu par Michael Clarke Duncan, massif en diable, qui n’arrive pourtant pas à insuffler un caractère précis à ce sale type. Hormis le business, il lui manque un côté « humain » (que l’on retrouve dans la série) pour avoir plus d’épaisseur. Quant à Jennifer Garner, belle à se damner, elle joue une Elektra un peu poussive, qui n’est qu’un faire-valoir pour le personnage principal. L’actrice est convaincante, mais elle manque aussi d’écriture. Ce qui sera rattrapé par son propre film, dont les souvenirs sont là aussi émaciés. Par contre, Colin Farrell s’éclate, quitte à trop en faire.

Au final, Daredevil est un mauvais film, surtout dans sa version cinéma, mais avec les années qui passent et l’homogénéité des nouveautés Marvel, il tire clairement son épingle du jeu et devient presque un objet doudou des années 2000. Entre la bande originale très marquée, des séquences nanardesques qui côtoient des moments intéressants et un casting qui semble se plaire, on obtient un film hybride, un peu étrange, mais dont on sent un petit attachement. Et c’est peut-être l’une des adaptations de comics les plus fidèles. A remettre dans son contexte et à revaloriser.

Note : 11/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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