avril 19, 2024

Les Chroniques Saxonnes T.04 – Le Chant de l’Épée – Bernard Cornwell

Auteur : Bernard Cornwell

Editeur : Michel Lafon/Bragelonne

Genre : Historique

Résumé :

Servir ou régner ? Alors que la bataille pour l’Angleterre fait rage, Uhtred, guerrier, païen et ennemi juré des Vikings, se trouve à la croisée des chemins. Même si on lui a offert une couronne, il reste un homme de parole. Une parole qu’il a donnée au roi Alfred le Grand, qui rêve d’une Angleterre délivrée du joug des Vikings.
Alors quand son souverain lui ordonne de reprendre Londres à l’ennemi et de l’offrir à son beau-fils Æthelred, un homme faible qui n’a rien d’un guerrier, Uhtred obéit… à regret. Car l’épouse d’Æthelred n’est autre que la fougueuse fille du roi, et son destin est intimement lié à celui d’Uhtred… qui devra choisir entre la voie du devoir et celle du cœur.

Avis :

Œuvre-fleuve qui compte près de 13 tomes outre-Manche, Les Chroniques saxonnes est une incursion au long cours au crépuscule du IXe siècle. Les 3 premiers opus se sont avancés comme des récits accessibles et néanmoins méticuleux dans les descriptions historiques. Sans pour autant rivaliser avec l’excellence des romans de Ken Follett, le sentiment d’immersion demeure vivace au fil des pages. En parallèle d’une approche réaliste, malgré une base documentaire restreinte sur la période, il en ressort une odyssée portée par d’âpres combats, d’alliances et d’inimitiés sur fond d’une géopolitique chaotique. Le périple d’Uthred se poursuit donc avec Le Chant de l’épée.

Comme à l’accoutumée, le présent ouvrage s’inscrit dans la continuité de son prédécesseur. La mise en contexte s’adresse aux lecteurs des trois premiers opus. Preuve en est avec des liens étroits entre les personnages, ainsi que de nombreuses allusions aux évènements passés. De même, il pourrait être ardu de s’atteler à ce livre sans connaître le parcours du protagoniste et la situation de la Grande-Bretagne à l’époque. Cela étant dit, Bernard Cornwell accuse néanmoins le coup dans sa manière d’amener l’intrigue et, surtout, de la crédibiliser auprès de son lectorat. En effet, rien ne semble justifier cette nouvelle incursion, à tout le moins de la prolonger de la sorte.

Certes, il y a bien tous les éléments qui ont fait le succès des Chroniques saxonnes. On y retrouve des combats violents et parfaitement chorégraphiés, des personnages très présents, sans oublier des notions géopolitiques et l’ingérence des autorités religieuses. En cela, l’histoire ne déçoit pas, car elle contente nos attentes. Cependant, on remarque une routine narrative évidente dans l’enchaînement des séquences. Cela tient tout d’abord à ces échanges qui s’appuient uniquement sur les divergences d’opinions et, en de plus rares cas, les castes sociales. L’auteur exacerbe les tensions sous le prétexte d’opposer diverses forces en puissance.

Là où Uthred semblait tirailler entre cultures saxonne et scandinave, ses revirements le font surtout passer pour une girouette opportuniste. Dis comme cela, la considération paraît simpliste. Il n’en demeure pas moins que le personnage principal fait preuve d’inconstance. Il va à l’encontre de son ressenti ou même de l’avis de ses proches tout en étant conscient que ses réactions attirent de la méfiance, sinon de la défiance. Comme auparavant, il est le narrateur de ses propres aventures (ou méfaits, selon le point de vue). Ce qui annihile un semblant de suspense quant à son devenir. Sa survie ne fait pas l’ombre d’un doute et le souvenir de ses faits d’armes fleure dorénavant avec une nostalgie surannée. En l’occurrence, celle d’un vieux radoteur aigri.

On peut également distinguer des descriptions sommaires. Rares sont les portraits physiques dépeints des différents intervenants. Tout juste doit-on se contenter de quelques lignes peu évocatrices. Cela vaut aussi pour les environnements, peu fouillés et conventionnels au possible. Là encore, on s’empêtre dans une complaisance artistique qui contraste avec les efforts consentis par les trois premiers ouvrages. C’est bien simple, on a l’impression d’assister à une synthèse de ce qu’ils ont pu nous offrir. L’auteur y retire néanmoins le souffle épique, sans oublier les enjeux personnels et collectifs qui conféraient tout l’intérêt à cette saga historique.

Au final, Le Chant de l’épée s’avance comme un quatrième opus décevant des Chroniques saxonnes. Bernard Cornwell récite sa leçon sans y déroger, ne créant aucune surprise ni fulgurance. Les péripéties et les affrontements restent classiques, sinon prévisibles. Les joutes orales, elles, manquent de mordant et font office d’intermèdes entre deux batailles. Sans pour autant s’ennuyer, on ne se sent guère entraîner dans cette période historique tant la reconstitution s’avère basique. L’évolution des protagonistes demeure superficielle, tandis que les évènements font preuve d’une linéarité alarmante. Une poursuite laborieuse des aventures d’Uthred qui présentent toutes les difficultés du monde à se justifier.

Note : 12/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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