avril 19, 2024

The Sublet

De : John Ainslie

Avec Tianna Mori, Mark Matechuk, Krista Madison, Porter Randell

Année : 2015

Pays : Canada

Genre : Horreur

Résumé :

Joanna, Jeff et leur bébé emménagent dans un appartement en location. Alors que Jeff abandonne peu à peu Joanna pour se consacrer à sa carrière, celle-ci se retrouve confrontée à des événements étranges liés au passé de l’appartement.

Avis :

On dit souvent que le cinéma d’horreur permet de déceler des créateurs inventifs et prometteurs. C’est certainement pour cela que ces dernières années, c’est le genre qui a été le plus productif. Malheureusement, la quantité rime rarement avec qualité, et dans le tout-venant horrifique, il y a plus à jeter qu’à garder. La preuve en est avec The Sublet, film canadien sorti en 2015 et encore inédit chez nous à l’heure où j’écris ces lignes. Mis en scène par le producteur de Jack Brooks Tueur de Monstres, un sympathique B Movie avec des créatures en latex dedans, The Sublet s’essaye au thriller psychologique en lorgnant du côté de l’épouvante pas cher, avec un appartement maudit. Malgré son immobilisme et son histoire assez simple, il semblerait que le réalisateur soit incapable de créer la moindre tension. Et pour cause, son film ne raconte décemment rien.

Ici, on nous propose de suivre un jeune couple avec un bébé qui s’installe dans une sous-location (The Sublet veut dire sous-location) au sein d’un hôtel miteux où permet ne semble habité. Elle est avocate en arrêt pour s’occuper du bébé et lui est un acteur en devenir qui cherche à tout prix à avoir des contrats pour jouer dans des séries et des films. Souvent seule, la jeune femme entend des bruits et semble avoir des hallucinations. Tout se précipite lorsque des flics viennent toquer chez elle et lui annonce qu’elle est portée disparue. Dès lors, rien ne va plus, de sa relation à des bruits dans le voisinage, elle perd pied petit à petit et se noie dans un journal intime qu’elle trouve dans une des pièces de l’appartement. Un journal intime qui raconte la folie de la précédente locataire.

On va rapidement le voir, il s’agit ici d’un film à petit budget. Les acteurs ne sont pas connus, et il s’agit même pour certains de leur premier rôle, à l’instar de Tianna Mori, qui va par la suite enchainer avec des films plus ou moins médiocres. Mais qu’importe, puisque le but est de trouver une histoire qui ait du sens. Et malheureusement, on pourra se brosser. En effet, The Sublet est un film extrêmement brouillon qui ne sait pas où il va et ce qu’il veut raconter. On va voir le couple se déliter progressivement, mais de manière déconstruite, avec des engueulades pour du vide. Lui est un connard égoïste qui ne pense qu’à sa carrière, alors qu’elle se morfond et se laisse bouffer petit à petit. Le coup de l’ex qui arrive pour faire réviser les textes au type est l’un des pompons du film.

Mais ce n’est pas tout. On ne comprend pas tellement ce qui arrive à la jeune femme. Le film pourrait explorer une folie latente où l’isolement est l’une des sources de la perte de repères de la jeune femme, mais The Sublet ne vise pas quelque chose d’aussi intelligent. Dès le début, avec le mot écrit qui incite les gens à partir, on sait que la partie psychologique n’est pas explorée, mais juste une affaire de hantise et de passé qui refait surface. Les quelques éléments dont on dispose sont égrainés au fil du récit, avec plusieurs femmes qui se succèdent, mais on reste sur quelque chose de tellement bordélique que l’on n’y comprend goutte. Même dans le traitement historique, que l’on devine avec les costumes, on reste dans un truc navrant et incohérent.

Et bien évidemment, tout cela ne fait pas peur. Le film met des jours à démarrer, essayant vainement de nous présenter un couple dont on va rapidement se fatiguer. La jeune femme pleure et geint tout le temps. Le mari absent revient pour faire des remarques à la con et a un comportement plus qu’ambigu avec sa femme. Quant aux personnages secondaires, ils viennent pour faire illusion, puis repartent aussitôt. On pourrait croire à un début d’horreur lorsque l’héroïne trouve une lame de rasoir sous sa langue, ou encore lorsqu’elle attaque l’ex de son mari, mais on retombe vite sur un truc faussement psychologique qui pisse plus haut que son cul. The Sublet accumule aussi les tics de réalisation pas chère, avec des effets datés, comme la porte qui s’ouvre toute seule, ou encore les personnages qui disparaissent comme par magie.

Bien évidemment, on sent rapidement les différentes références que le film veut faire. Si on peut penser à Rosemary’s Baby, très vite, le film s’en éloigne et rien ne sera en réel lien avec le petit bébé. On lorgnera plus du côté de Twin Peaks et de ces apparitions dérangeantes et étranges. Les coups des flics intrusifs, de l’ex petite-amie ou encore de la sans-abri à l’extérieur, sont autant d’exemples qui vont dans ce sens. Mais on est loin, très loin, à des années lumières d’un David Lynch. Enfin, on pourrait aussi penser à un Silent Hill The Room, le quatrième opus de la série, avec cet appartement maudit, à un tel point qu’il en devient nocif pour notre santé. Ici, c’est un peu le même cas, jusqu’à un final sanglant qui ne rime à rien. Des références pourtant intéressantes mais qui ne sont pas utilisées à bon escient.

Au final, The Sublet est un mauvais film d’horreur. Se voulant une sorte de huis-clos où la folie prend de plus en plus de place, on se retrouve à la place en voyeur d’un couple à la dérive qui s’engueule tout le temps pour des raisons diverses et variées. La montée en puissance ne fonctionne jamais vraiment et on s’ennuie plus qu’autre chose face à cette femme qui va devoir faire face à des hallucinations de plus en plus réelles. Pas forcément beau dans sa réalisation, et sans grand intérêt d’un point de vue scénaristique, il est plutôt bien que The Sublet soit un inédit encore chez nous.

Note : 05/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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