Titre Original: Per 100 000 Dollari t’Ammazzo
De : Giovanni Fago
Avec Gianni Garko, Claudio Camaso, Piero Lulli, Fernando Sancho
Année : 1968
Pays : Italie
Genre : Western
Résumé :
Trahi par son frère, Johnny vient de passer 10 ans en travaux forcés. Clint a en effet abattu leur père et a accusé Johnny du meurtre… Ce dernier part à sa recherche, assoiffé de vengeance.
Avis :
Il est difficile de se faire une idée du western sans avoir vu les grands classiques du genre qui ont forgé les codes du western. Entre La Bon, la Brute et le Truand (1966),Il Etait une Fois dans l’Ouest (1968) ou encore le trilogie du Dollar de Sergio Leone, tous les autres westerns furent plus ou moins occultés et seule une poignée de fans du genre connaissent les productions plus intimes et plus minimes. Fleuron de ce genre dans les années 60, l’Italie va proposer sa version des westerns en se calquant fortement sur le modèle américain. Des réalisateurs font alors se confirmer comme Sergio Corbucci ou encore Sergio Sollima et des films vont faire leur petit bonhomme de chemin. Pour redécouvrir ces films aujourd’hui, c’est plutôt compliqué et il faut attendre des rééditions DVD qui ne viendront pas des grands éditeurs. C’est donc Artus Films qui s’y colle, présentant une collection de westerns conséquente et avec une grande qualité. Mais est-ce le cas avec celui-ci ?
L’histoire se pose autour d’un duel fratricide. Devenu chasseur de primes, Johnny a passé 10 ans de sa vie en prison après avoir été trahi par son frère Clint. En effet, ce dernier a tué leur père en faisant accuser à tort son frère. Devenu bandit réputé, Clint vit de trahison et de vol de diligence. Assoiffé de vengeance suite au décès de leur ère, Johnny jure de retrouver Clint et de lui faire payer les dix ans de sa vie qu’il a perdus. Les westerns opposant deux frères sont assez nombreux et essaye de renforcer un aspect tragique déjà bien prégnant. Cela permet de donner des scènes prenantes où les deux frères s’affrontent jusqu’à la mort, déchirant ainsi le vaincu et le vainqueur. Il s’agit d’une sorte d’annihilation totale où tout le monde perd quelque chose de cher.
Maintenant, le plus difficile, c’est de se faire remarquer parmi toutes les sorties et de faire son petit bonhomme de chemin. Le Jour de la Haine avait tout pour cela et il n’y arrive que partiellement. Tout le début du film est bien prenant, montrant un chasseur de primes charismatique et très malin qui va arrêter des bandits. La traque de son frère est par la suite bien foutue et montre toute la fourberie de ce dernier. En effet, Clint en profite pour escroquer et voler les bandits pour qui il travaille et le réalisateur en profite pour nous montrer le mauvais fond du personnage. Seulement, le film s’englue rapidement dans une fin qui tarde vraiment à venir. Les deux frères vont devoir s’entraider pour sortir d’un guet-apens, mais la suite n’est que manipulation à n’en plus finir et retournement plutôt incongru. Il reste une fin digne d’une tragédie grecque où finalement, le duel aura bien lieu.
Heureusement, et malgré la longueur de la fin du film, il y a un atout de taille qui viendra apporter un élément de fond très intéressant. Durant le film nous sommes en pleine guerre de sécession et on voit la dureté de la guerre avec la perte d’un enfant et les changements que cela impose suivant les villages et leur bord. Ce fond, qui ajoute un sentiment d’urgence et d’insécurité est plutôt bien vu. Mais il n’est pas assez exploité au sein de la rivalité entre les deux frères. Si le truand veut se barrer au Mexique, on n’aura que peu d’éléments concernant la guerre et ce qu’elle change et c’est relativement dommage.
Il reste le casting qui est plutôt très bon. Gianni Garko est très bon dans le rôle de Johnny et incarne avec classe ce héros qui a quasiment tout perdu. Son regard est très expressif et il possède un grand charisme. Claudio Camaso est lui aussi très convaincant dans le rôle du frère pourri, avec un regard fou et une fourberie qui se lit sur son visage. Le problème, c’est que les deux frères ne se ressemblent absolument pas et ça la fout un peu mal. Pour le reste du casting, on oscille entre le bon et le moins bon, comme le rôle du marshall qui est une caricature de l’alcoolique de base ou encore les bandits qui veulent retrouver Clint et qui sont assez anecdotiques.
Au final, Le Jour de la Haine est un western en demi-teinte. Si la première partie demeure plaisante et relativement bien foutue, la seconde moitié est très longue et la fin demeure interminable avec des retournements de situation trop grotesques. Il reste tout de même des acteurs au diapason et une mise en scène efficace bien que classique. Par contre, la galette de chez Artus Films est bourrée de bonus dont il serait vraiment bête de passer à côté.
Note : 11/20
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Par AqME