avril 27, 2024

Le Tueur de l’Autoroute

Titre Original : Bumperkleef

De : Lodewijk Crijns

Avec Jeroen Spitzenberger, Anniek Pheifer, Roosmarijn Van Der Hoek, Liz Vergeer

Année : 2020

Pays : Pays-Bas

Genre : Thriller

Résumé :

Hans part avec sa famille rendre visite à ses parents. Arrogant, sur les nerfs, Hans ne se maîtrise plus et conduit trop vite, agacé par ceux qui respectent les limitations de vitesse. La situation dégénère lorsqu’un mystérieux conducteur le prend en chasse. Désormais, Hans et sa famille ne sont plus en sécurité nulle part.

Avis :

Le cinéma néerlandais de ces dernières années n’est pas forcément au mieux de sa forme, surtout si l’on jette un regard sur le cinéma de genre. Il est bien loin le temps de Dick Maas et ses films foutraques et un peu bordéliques. Néanmoins, le Pays-Bas essaye encore de produire quelques films d’épouvante ou des thrillers qui se veulent un peu sans concession. Et ce Tueur de l’Autoroute en est un parfait exemple. En effet, on va suivre ici un type qui veut buter tous ceux qui ne respectent pas le code de la route et qui croisent son chemin. Se voulant subversif dans la caractérisation des deux antagonistes, mais s’en prenant aussi à des gosses, le film de Lodewijk Crijns essaye d’être virulent et rentre-dedans. Manque de bol, son film se fera décevant à plus d’un titre et se rapproche plus d’un téléfilm qu’autre chose.

J’étais sur la route…

Le film débute avec un cycliste qui semble fuir un homme dans une fourgonnette blanche. Malheureusement, l’homme à vélo se fera percuter et assassiner l’aide d’un pulvérisateur. Dès le départ, le réalisateur met en avant son tueur, sans cacher son visage. On sait d’emblée que l’on ne sera pas dans un slasher, mais bel et bien dans un thriller, avec un vieil homme massif qui ne supporte pas les infractions au code de la route. Une fois les présentations faites, le metteur en scène nous présente succinctement une famille tout ce qu’il y a de plus normal. Un père exécrable qui ne supporte pas le retard de sa femme fait des pieds et des mains pour ne pas arriver en retard chez ses parents. Dès lors, le portrait fait de cet homme est désagréable. Il est arrogant, impatient et ne pense qu’à lui, même à l’égard de ses filles.

Le film va alors prendre le temps de s’appuyer sur l’homme en question, mais aussi sur sa famille, en particulier sa femme et ses deux filles. Ces deux dernières ont des comportements très différents, l’une étant une gamine capricieuse, alors que l’autre est très mature pour son âge. Cela va donner lieu à des disputes dans la voiture, accentuant la colère du père. Quant à sa femme, elle semble détachée de tout ça, au point de manquer de respect à ses beaux-parents, trainant des pieds pour y aller. Le long-métrage s’attarde donc sur cette famille qui va rouler quasiment tout le temps pour se rendre à un repas de famille. Cela permet de donner de l’épaisseur aux personnages, mais ça ne marche qu’à moitié. En effet, le père, personnage central, est tellement puant et insupportable, que l’on ne souhaite qu’une chose, qu’il meurt le plus vite possible.  

Survival au village

Outre le fait que la famille soit assez bien caractérisée (et même si on ne ressent aucune empathie), le tueur ne bénéficie pas d’un traitement aussi intéressant. On a droit à un vieux con, qui ne supporte que les gens fassent des infractions ou qu’ils ne s’excusent pas. Dès lors, il devient complètement con et se met en tête de les tuer en utilisant des produits chimiques avec un pulvérisateur. Rien de bien folichon, d’autant plus que le film ne nous donne pas plus de mâche sur ce personnage. Du coup, il n’est ni détestable, ni intéressant et se contente d’exister comme antagoniste. Et on peut se surprendre à voir un tel tueur continuer son petit bonhomme chemin durant tout le film. On va se retrouver avec des problèmes de cohérence dans le scénario et dans le paysage.

Car oui, le dernier tiers du film se déroule dans un petit lotissement, dans un petit village avec de nombreux passants. Et pour autant, le tueur peut s’amuser avec la petite famille sans que jamais personne ne les surprenne. Cela pose un problème de logique qui va même nous sortir du film à la toute fin, lorsque le tueur s’adresse aux filles alors que tout le monde le recherche. A force de jouer sur le suspens et sur cette volonté d’aller vite et de proposer tout le temps de l’action, on se retrouve avec quelque chose d’incohérent et qui donne un sentiment de bâclage.

On voit aussi que le film tente de traiter quelques thèmes. Le père ne s’excuse jamais et c’est son arrogance qui déclenche ce cercle vicieux. On voit aussi voir l’inactivité des policiers, qui ne servent à rien. La folie prend aussi le pas sur le reste à la fin, mais cela est évacué à l’aide d’une bonne douche.

A l’économie

Si au niveau du scénario, c’est très léger, le film se rattrape sur son rythme. Il ne perd pas de temps, et va droit au but, évitant ainsi de parasiter son intrigue cousue de fils blancs. Mais c’est un des rares bons points dont on va pouvoir se délecter. D’un point de technique, ce n’est pas trop mal. Le réalisateur évite la shakycam et propose une mise en scène propre. Alors certes, c’est sans génie et l’ensemble a vraiment un aspect télévisuel, mais ça reste globalement satisfaisant. Il n’y a que le travail sur la lumière qui est trop minimaliste. Il n’y a pas de saturation de couleurs et tout le film baigne dans un éclairage naturel qui empêche de créer une ambiance angoissante. Et c’est bien là tout ce qui manque au film, une atmosphère délétère pour mettre en valeur le côté omniprésent du tueur.

Au final, Le Tueur de l’Autoroute est un film qui manque d’un peu de tout pour vraiment proposer un spectacle satisfaisant. Minimaliste, trop simple dans son intrigue et sa mise en scène, porté par des personnages que l’on a envie de claquer dès le début, le film de Lodewijk Crijns n’arrive pas à passionner, malgré un rythme bien maîtrisé et une volonté de bien faire. Malheureusement, cela ne suffit pas à faire un bon film, et on en a l’exemple même ici.

Note : 07/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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