avril 24, 2024

Après – Stephen King – Il Voit des Gens qui sont Morts, Partout

Auteur : Stephen King

Editeur : Albin Michel

Genre : Fantastique

Résumé :

Fils d’une mère seule qui galère, Jamie Conklin veut juste une enfance ordinaire. Mais Jamie n’est pas un enfant comme les autres. Né avec une capacité hors du commun que sa mère a poussé à garder secret, Jamie peut voir ce que personne d’autre ne peut et apprendre ce que personne d’autre ne peut. Mais le coût de son talent est bien plus élevé que ce que Jamie ne peut imaginer, et il le découvre lorsqu’un détective de la police de New York le convainque dans la poursuite d’un tueur qui a menacé de frapper depuis l’au-delà.

Avis :

Au fil de sa carrière, Stephen King aura évoqué bien des sujets sous le prisme de la fiction ; qu’elle soit de nature paranormale, fantasmagorique ou bien plus pragmatique avec des itérations dramatiques. En raison de sa prédilection pour le fantastique et l’horreur, il s’est épanché sur de nombreux phénomènes et thématiques ayant trait au surnaturel. Avec Après, il ne s’agit pas de s’attarder sur la mort en elle-même ou la hantise. Le nouveau roman de Stephen King se penche sur la capacité extrasensorielle à percevoir les défunts. Une notion déjà abordée, entre autres, avec Shining et sa suite, Docteur Sleep.

Au vu du propos de départ, le rapprochement avec Sixième sens de M. Night Shyamalan est évident, pour ne pas dire facile. Cela ne tient pas uniquement au « pouvoir » du jeune protagoniste, ni même à son âge. Le traitement présente de nombreuses similarités. On songe surtout aux premières manifestations de fantômes, en particulier celle de Central Park. Un accident de la route, un embouteillage, l’impossibilité de distinguer la scène du point de vue des personnages, un cycliste comme victime principale… Autant d’éléments qui rendent l’initiative peu surprenante, tout comme la présence d’une mère célibataire et d’autres apparitions qui surviennent par la suite.

Il n’est pas question de s’amuser au jeu des 7 différences, mais le traitement initial interpelle avec ces nombreux points communs. Au sortir de cette considération, le livre de Stephen King étonne, non par l’originalité de son récit, mais par sa construction narrative. Exception faite de ses nouvelles, la structure est enlevée, très légère. Les chapitres sont courts et maintiennent un rythme soutenu. Même avec la trilogie Bill Hodges, l’auteur ne se contraignait pas à un tel enchaînement dans les séquences et les péripéties. Ce n’est pas un mal, mais les lecteurs familiers de son œuvre risquent d’être décontenancés par cette approche.

Étant donné la densité de précédentes histoires, on pourrait presque considérer Après comme un roman court. À la manière de Joyland, par exemple. Il est vrai que cela peut faire écho au point de vue adopté. En l’occurrence, la majeure partie du récit se découvre sous les yeux de Jamie et, par conséquent, ceux d’un enfant, puis d’un adolescent. À certains égards, l’écriture paraît donc plus simpliste qu’à l’accoutumée, ne serait-ce qu’à travers certaines formulations. Ce choix renforce l’immersion à défaut de s’identifier pleinement au protagoniste. Comme à l’accoutumée, Stephen King développe avec rigueur ses personnages, y compris les plus anodins ou les fantômes de passage.

En ce qui concerne ces derniers, on reste dans le domaine de la modération. Malgré l’affirmation de se confronter à une histoire d’épouvante, l’ensemble n’est guère effrayant. La mise en condition du lecteur est soignée, tout comme la façon d’aborder une conversation d’outre-tombe. Pour autant, l’intrigue est axée vers un large public. Les scènes violentes sont en retrait et plutôt rares. Si le suspense est entretenu, il est difficile de ne pas anticiper tels évènements ou retournements de situation au regard de ce qui est amorcé en amont. L’ensemble n’offre que peu de marge de manœuvre pour se détourner du balisage de la ligne directrice. Entraînant, mais sans surprise.

Au final, Après demeure un roman sympathique, même s’il est loin d’être incontournable dans la bibliographie de Stephen King. Son histoire respire la bonhomie. Le genre de divertissement anodin qui prête à peu de conséquences au terme de la lecture. Ce qui paraît étonnant en de telles circonstances. On a beau apprécier les personnages ou la manière d’appréhender la thématique principale, Après manque foncièrement d’originalité. Il ne suffit pas d’évoquer explicitement Sixième sens entre deux paragraphes pour se dédouaner d’un traitement similaire ; la tonalité oppressante en moins. Il en ressort une histoire fantastique « tout public » qui se cantonne à ressasser les acquis du genre sans s’en départir.

Note : 13/20

Par Dante

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