mars 19, 2024

Infestation – Ezekiel Boone – Panne d’œufs

Auteur : Ezekiel Boone

Editeur : Actes Sud

Genre : Horreur

Résumé :

Il y a d’abord eu la nuée noire qui a englouti un homme, les irrégularités sismiques qui ont intrigué les scientifiques en Inde, la bombe atomique que la Chine a, de façon incompréhensible, lancée sur son propre territoire. Puis le laboratoire de la zoologue Melanie Guyer a reçu un colis contenant un mystérieux sac d’œufs. Personne ne se doutait encore que, du jour au lendemain, la Terre serait consumée par des araignées tueuses dormant depuis des millénaires. Les araignées ont décimé l’humanité, qui ne semble plus être désormais qu’une espèce en voie de disparition parmi d’autres. Les survivants tentent de s’organiser pour lutter contre la menace quand, soudain, contre toute attente, les araignées semblent se retirer et mourir. L’humanité est-elle sauvée ou vit-elle son dernier répit ?

Avis :

Maintes fois ressassée, l’apocalypse est un sujet surexploité qui a permis de dépeindre sous toutes les coutures l’irruption de morts-vivants, la propagation d’un virus ou même une menace cosmique. S’insinuer dans un tel registre implique une idée initiale un tant soit peu singulière pour s’extirper de la masse grouillante d’itérations plus ou moins notables. Avec Éclosion, Ezekiel Boone créait une sympathique surprise avec une fin du monde menée par des hordes d’araignées voraces. Entre Arachnophobie et Zoo, il en ressortait un ouvrage recommandable pour les amateurs d’arachnides et d’ambiance pré-apocalyptique.

Avancé comme une trilogie, son projet se poursuit avec Infestation qui, comme son titre l’indique, s’inscrit dans la continuité de son prédécesseur. D’un point de vue chronologique, on enchaîne directement sur les derniers évènements du précédent volet. En l’occurrence, l’invasion des araignées à l’échelle planétaire ébranle les gouvernements. Si Éclosion laissait entrevoir le cataclysme en devenir, puis sa manifestation, Infestation fait un état des lieux cinglant. De fait, on évolue essentiellement dans des villes en ruine ou des communautés qui se replient sur elles-mêmes dans l’espoir de survivre à un nouvel assaut.

Les survivants, comme le lecteur, restent dans l’attente. L’auteur poursuit son récit avec une architecture narrative qui multiplie les points de vue. Dès lors, on retrouve des personnages issus du premier tome, ainsi que des intervenants inconnus. Malheureusement, on a beau être familiarisé avec cette méthode, le procédé atteint ses limites. En dépit d’un contexte commun, cela vaut tout d’abord par des séquences survolées. Celles-ci concernent, entre autres, les moyens de défense mis en œuvre pour contrer les araignées ou les recherches scientifiques pour justifier le phénomène. Dès lors, les protagonistes ne sont plus considérés comme tels.

On voit se succéder des survivants et de futures victimes avec la même importance narrative, y compris dans leur background. Très vite, l’intrigue s’étoffe d’anecdotes, d’allusions sentimentales et de perspectives d’avenir brisées. Le schéma reste similaire d’un point de vue au suivant et se perd dans des répétitions qui prennent de l’ampleur au fil de la progression. Cela passe tout d’abord par une redondance purement formelle dans le style, puis dans les descriptions. Certains rappels sont dispensables, alors que la présentation d’un nouveau chapitre peut se montrer abrupte et aurait gagné à une approche plus soigneuse.

Certes, on assimile bel et bien l’invasion des araignées à un virus qui se propage. La comparaison est probante tant dans le comportement des arachnides que dans le traitement de la « problématique » pour endiguer la menace. Au sortir de cette considération, de nombreux passages font office de remplissage. Malheureusement, la violence (l’effroi ?) que suscite le phénomène est reléguée au second plan. Il faut se contenter d’excursions pour anéantir des sacs d’œufs, parfois aussi grands qu’un poids lourd, ou d’états d’âme d’individus qui sont plus ou moins conscients de leur trépas en devenir. On sent un manque d’inspiration pour varier les séquences à travers des prismes suffisamment dissemblables pour maintenir l’intérêt jusqu’au terme du roman.

Au final, Infestation est un second tome en demi-teinte. Si le premier tiers laisse augurer du meilleur, la suite s’avère répétitive et peine à se renouveler. On déplore des descriptions déséquilibrées qui privilégient la passivité des différents intervenants sans faire état d’explications ou d’actions pour survivre à cette apocalypse arachnéenne. De même, l’enchaînement des points de vue dessert l’histoire elle-même avec une remise en contexte persistante et des présentations mal avancées. Il en ressort une incursion moins immersive que son prédécesseur, même si l’on apprécie l’idée de départ et son envergure planétaire. Vraisemblablement, un roman dans le creux de la vague qui se révèle une étape transitoire, guère décisive, quant au devenir incertain de l’humanité.

Note : 12/20

Par Dante

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