avril 25, 2024

Métro Paris 2033 T.02 – Rive Droite – Pierre Bordage

Auteur : Pierre Bordage

Editeur : L’Atalante

Genre : Science-Fiction

Résumé :

En 2033, les humains ont été chassés de la surface, désormais inhabitable. À Paris, les survivants se sont réfugiés dans les profondeurs du métropolitain. Des communautés sont installées au niveau de certaines stations de Rive Gauche, plus ou moins en contact, souvent en conflit ; la surface est crainte parce qu’irradiée ; Rive Droite est un lieu maudit, laissé à la merci d’une faune sauvage monstrueuse. Dans les méandres des boyaux de Paris, à défaut de lumière, les émotions sont plus vives, les rancœurs plus tenaces, les haines plus exacerbées.

Avis :

S’immiscer dans l’univers littéraire d’un autre écrivain demeure toujours une initiative à double tranchant, même pour un auteur expérimenté. Les tenants d’une œuvre ne sont jamais aussi bien maîtrisés que par son géniteur. De même, il est délicat de trouver une véritable justification à la continuité d’une histoire sans sombrer dans la redite, voire le pastiche. Fort heureusement, il existe bon nombre de romanciers talentueux qui parviennent à fournir un travail soigné et recommandable, comme ce fut le cas avec Rive gauche pour Pierre Bordage. Cette première incursion dans la saga Metro 2033 de Dmitry Glukhovsky s’insinuait dans une atmosphère nihiliste où l’humanité vivotait dans les méandres de Paris.

Rive droite est donc sa suite directe. Pour rappel, l’intrigue prenait fin après avoir attisé les tensions et les inimitiés au sein du métro de la capitale. L’aboutissement laissait entrevoir d’autres épreuves à venir. Aussi, ce second volet ne s’embarrasse guère de présentations, notamment en ce qui concerne les protagonistes. L’auteur reprend le schéma narratif qu’il a précédemment créé pour continuer le développement de ce contexte post-apocalyptique. L’alternance des points de vue est donc de rigueur afin d’avancer le périple sous le prisme de différents niveaux sociaux et d’intervenants aux aspirations dissemblables, voire contraires.

Au regard de la première incursion, l’histoire se poursuit de manière cohérente, mais ne révèle pas de surprises notables. Quand bien même l’issue des personnages reste incertaine par rapport à leurs missions, il n’en demeure pas moins que le rythme suit une progression routinière avec une évolution fluctuante. On ne constate pas forcément une baisse de régime, mais on a l’impression que le récit emprunte les mêmes chemins et détours que Rive gauche. Cela tient à ces rencontres plus ou moins houleuses entre les dirigeants des stations et statiopées, ainsi qu’à l’exploration des boyaux du métro et des souterrains parisiens.

À ce titre, la découverte de la rive droite à proprement parler n’est pas la préoccupation principale du roman. Elle s’insinue de manière aléatoire pour repousser les frontières communément admises par les survivants. Il est d’autant plus dommageable de ne pas appréhender cet écosystème « inédit » qui s’oppose fondamentalement aux reliquats de la société de la rive gauche. En l’occurrence, on songe à cette chaîne alimentaire déséquilibrée, cette nouvelle forme humanoïde ou encore ces sacrifices voués à ce culte reptilien. La tonalité générale s’écarte sciemment de considérations manichéennes au profit d’une vision animale de la vie sous terre.

Cette notion constitue le prolongement des propos initiés quant aux comportements des hommes à l’égard de la gent féminine. Dans le premier tome, on distinguait cette obsession charnelle, cette constance pour les rapports forcés et le sentiment d’impunité qui dégageait les hommes de toute responsabilité. Ici, l’auteur franchit un nouveau palier avec une brutalité plus excessive, des descriptions éprouvantes quand il s’agit de dépeindre lesdits sévices. Pour ne citer qu’une poignée d’exemples, cela vaut pour les séquences de torture, les conditions de captivité dans ces cages suspendues, sans oublier les supplices de la salle des gigoteurs.

Au final, Rive droite est un second tome qui fait preuve de linéarité dans ses ambitions, mais réussit néanmoins à fournir une continuité cohérente. Bien que l’ensemble ne demeure guère surprenant dans ce qu’il suggère ou avance, l’atmosphère dépeinte reste toujours aussi accablante, empreinte de souffrances, de peurs et de désespoir. En cela, Pierre Bordage parvient à creuser plus profondément dans l’avilissement de l’espère humaine. La force de description du cadre est également bien sentie, déployant des ramifications tentaculaires dans les sous-sols parisiens. Il aurait seulement été appréciable de fournir une intrigue moins similaire à Rive gauche ; dans ses tenants, comme dans ses aboutissants.

Note : 14/20

Par Dante

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