avril 20, 2024

Miss Scarlet & The Duke Saison 1

D’Après une Idée de : Rachael New

Avec Kate Phillips, Stuart Martin, Danny Midwinter, Andrew Gower

Pays : Angleterre, Irlande

Nombre d’Episodes : 6

Genre : Policier

Résumé :

L’histoire d’Eliza Scarlet, la toute première femme détective, dans le Londres du 19e siècle. A ses côtés, l’Inspecteur William Wellington, alcoolique, joueur et coureur de jupons, aussi connu sous le nom du Duke.

Avis :

En règle générale, les séries policières actuelles mettent l’accent sur l’anticonformisme de leur protagoniste. Cela peut impliquer un handicap, un trait de caractère particulier, voire une origine ethnique. À l’image de nombreuses productions hollywoodiennes, on distingue également une tendance évidente à la parité sexuelle avec des figures féminines qui n’ont rien à envier à leurs homologues masculins ; tant en charisme qu’en matière de compétences professionnelles. On songe, entre autres, à Miss Fisher, à Frankie Drake ou, dans un contexte contemporain, à Agatha Raisin. Dorénavant, il faut aussi compter avec Miss Scarlet dont les enquêtes prennent place dans le Londres victorien.

Pour les amateurs de polars historiques, cette période présente une symbolique particulière. À l’instar de l’œuvre d’Arthur Conan Doyle ou d’Anne Perry, elle marque une évolution du crime et des méthodes d’investigation. Époque pleine de promesses, d’insouciance, elle est également minée par la misogynie, la perplexité et la condescendance de la haute société pour tout ce qui sort du carcan social. À commencer par une femme qui se destine à une carrière professionnelle ; a fortiori dans les forces de l’ordre. Au sexisme explicite de la fin du XIXe siècle, Miss Scarlet & The Duke avance des velléités féministes pertinentes. Celles-ci s’inscrivent autant des préoccupations actuelles que dans les problématiques d’alors.

Certes, le discours a déjà été évoqué, notamment dans certaines saisons des Enquêtes de Murdoch à travers l’intégration sociale et sociétale des femmes. Comme cette série, la présente production n’use pas de propos culpabilisateurs ou accusateurs sur le rôle de l’homme ou sur sa pseudo-infériorité intellectuelle. Les arguments respectent donc les préceptes du féminisme sans pour autant démontrer une misandrie déplacée. De nos jours, une inclination qui a bien trop souvent tendance à se complaire dans des amalgames et une inversion des valeurs. Ironie du sort, une telle démarche se veut stérile, car elle prône toujours le sexisme, mais de l’autre côté du spectre. Par la même, un tel point de vue en oublie l’égalité des droits entre hommes et femmes.

Cela étant dit, on apprécie l’allant et l’enthousiasme de Miss Scarlet qui ne se démonte guère face à la condescendance ou au mépris de ses interlocuteurs. Cela tient tout particulièrement à la manière dont elle détourne les situations, mène les dialogues ou analyse les faits avec méticulosité. La complexité du personnage se retrouve autant dans ses ambitions professionnelles que dans ses méthodes. On songe à l’infiltration, aux techniques d’investigation modernes et fondées sur les observations, ainsi qu’à cette alternance entre individualisme et coopération avec les forces de l’ordre. À ce titre, le rapport plein d’ambiguïtés avec l’inspecteur William Wellington ajoute un intérêt supplémentaire aux enquêtes.

Bien qu’enferré dans ses obligations et les mœurs « bien-pensantes » de l’époque, celui-ci conserve une certaine ouverture d’esprit. Il s’amuse autant qu’il s’irrite de la sagacité et l’audace de celle que l’on peut considérer comme l’une des premières femmes détectives privées sous le prisme de la fiction. Preuve en est avec ses errances ou l’aide qu’elle lui procure pour avancer dans une affaire. Si la reconstitution historique est dépeinte avec suffisamment de rigueur, leurs échanges donnent parfois lieu à des séquences plus légères qu’escomptées. On songe à cet épisode où ils se retrouvent coincés dans une prison désaffectée, par exemple.

Au final, Miss Scarlet & The Duke est une série policière des plus enthousiasmantes. À la qualité des investigations menées, on notera que cette production anglo-saxonne se pare d’un discours intelligent sur la place de la femme au sein d’une société patriarcale. En filigrane des affaires criminelles à résoudre, les propos et les arguments avancés réussissent le parallèle entre période victorienne et préoccupations contemporaines. On apprécie également le soin apporté à la création d’Eliza Scarlet. L’histoire évite le piège de décliner un ersatz féminin de figures masculines connues. Il en ressort une incursion probante qui ne se contente pas de dépeindre des enquêtes criminelles, mais interpelle sur les notions de féminisme passées et actuelles avec toute la retenue et la force de conviction que l’exercice implique.

Note : 15/20

Par Dante

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