avril 25, 2024

Valley of Shadows

Titre Original : Skyggenes Dal

De : Jonas Matzow Gulbrandsen

Avec Adam Ekell, Kathrine Fagerland, Jorgen Langhelle

Année : 2017

Pays : Norvège

Genre : Drame, Horreur

Résumé :

Dans un petit village de Norvège entre la mer et les montagnes, Aslak, 6 ans, vit avec sa mère Astrid. Un tragique évènement, qu’Aslak ne comprend pas bien, survient et Astrid se bat pour y faire face. Une nuit de pleine lune, un ami d’Aslak lui montre une scène macabre : trois moutons à moitié dévorés dans la forêt. En quête de réponses, Aslak s’aventure dans cette forêt menaçante derrière sa maison. Ce qui se produit durant ce voyage relève-t-il de la pure imagination du garçon ou est-ce la réalité ?

Avis :

Au milieu et à la fin des années 2010, le cinéma d’horreur a tenté de se renouveler. En effet, des réalisateurs comme Robert Eggers (The Witch, The Lighthouse), Ari Aster (Hérédité, Midsommar) ou encore Julia Ducournau (Grave et Titane) ont tenté de diversifier le genre en proposant des films différents. Des films lents, qui jouent beaucoup sur l’ambiance et une horreur invisible. Exit les effets gores et les jumpscares, ici, on nous plonge dans une atmosphère délétère, insidieuse et contemplative. Si cces films ont laissé sur le bas-côté certaines personnes, n’y trouvant pas leur compte, d’autres se sont laissés emporter par la vague, ce qui a inspiré de jeunes premiers, comme par exemple Jonas Matzow Gulbrandsen. Réalisateur norvégien, il signe avec Valley of Shadows son premier film et pose déjà un certain regard sur une horreur lente et froide. Conte gothique, il est fort probable que le film divise grandement.

Le mythe du loup-garou

Le scénario de Valley of Shadows est assez cryptique et ne délivre pas toutes ses réponses. Ici, on va suiver Aslak, un jeune garçon de six ans, qui vit seul avec sa mère. On comprend assez rapidement qu’Aslak a un grand frère qui a disparu et qui semble recherché par la police, car il est violent et asocial. Après l’école, Aslak va jouer avec un garçon plus grand que lui qui lui montre des moutons qui ont été tués sauvagemment. Alors que la police semble annoncer une terrible nouvelle à sa maman, Rapp, le chien de la famille, fuit et Aslak en profite pour partir à sa recherche et rentrer dans une forêt où est censé vivre un loup-garou. On comprend assez vite qu’Aslak pense que son frère est ledit loup-garou. Le recherche de son chien va amener Aslak vers des contrées inconnues.

On le devine assez vite, Valley of Shadows se veut contemplatif, lent et propose une plongée dans les cauchemars d’un petit garçon souvent livréà lui-même. Si l’écriture reste très linéaire dans le temps, le réalisateur a surtout à cœur de nous perdre dans une ambiance morbide, fumeuse, peuplée d’arbres décharnés et brume envahissante. Si l’écriture n’est pas forcément le point fort de ce film, restant sur des sentiers balisés en voulant explorer un mythe sans jamais vraiment le faire, on sera surtout touché par l’atmosphère froide et humide du métrage. En effet, Valley of Shadows envoûte grâce à ses atours techniques, qui pose une ambiance très prégnante, froide et sans ambage. Certes, le rythme est lent, très lent, et les plans de caméra sont parfois languissants, mais cela impose une atmosphère puissante et insidieuse. Sans s’en rendre compte, on plonge directement dans le film.

La solitude/le deuil

Il est évident que certains resteront complètement sur le bas-côté du film, la faute à un rythme très lent et à des thématiques qui sont évidentes et explorées de manière tortueuse. Comme expliqué, Aslak va apprendre qu’un drame a touché sa mère, et indirectement lui. Il essaye alors de comprendre ce qui est arrivé et le monde qui l’entoure. Sauf que sa mère est amorphe et qu’elle commence à prendre des cachets. Il côtoie alors un garçon plus âgé que lui qui lui fait croire au loup-garou et en des choses sombres. Aslak y voit alors la possibilité que la créature qui tue les moutons n’est autre que son grand frère, qu’il n’a jamais connu, et qui est décrit comme quelqu’un de violent. En entreprenant ce voyage, le jeune garçon va alors tenter de faire le deuil de ce frère.

Il affronte sa solitude permanente lors de sa perdition dans les bois et on aura plusieurs moments qui seront assez forts. A titre d’exemple, on peut citer lorsque Aslak se met à pleurer alors qu’il perd sa nourriture à cause de la pluie, incessante. Le film joue sur les codes du conte sombre, à l’image des récits des frères Grimm, et tout cela se ressent lors du voyage du petit garçon. Un voyage dans lequel il va prendre un bateau et découvrir un homme qui semble être son frère. Dès lors la phase de deuil commence et cela va permettre à Aslak de mettre un visage sur ce frère inconnu et disparu. En brouillant les pistes de la réalité et de la fiction, en jouant avec la symbolique de ce bateau qui avance tout seul, le cinéaste démontre le cheminement mental de ce pauvre petit garçon.

Trope, c’est trope

Si le film est envoûtant et que ses thématiques sont plutôt intéressantes et bien introduites à travers le prisme du conte, Valley of Shadows n’est pas dénué de défauts. Et notamment dans ces tropes qui sont bien trop utilisés dans le cinéma horrifique. Carcasses d’animaux, enfant mutique, brume délétère, mère célibataire déboussolée, on reste dans un schéma assez classique pour faire venir l’horreur. Et on peut aussi pester contre la vision de ce grand frère supposément violent et hors de contrôle. Lorsque Aslak rentre dans la chambre de ce frère, on peut y voir des poster de métal (Metallica et Kvelertak) ou encore des boîtes de jeu de rôle. Les amateurs de musique extrême et de jeux non conventionnels sont-ils tous des malades mentaux ? Tout cela reste trop classique et même cliché. Ajoutons à cela quelques tatouages et hoodie et le stater pack est complet.

Au final, Valley of Shadows est un film qui rentre parfaitement dans cette catégorie de films d’horreur lents et, pour certains, longs. Cependant, entre son ambiance particulière, ses emprunts au conte gothique, sa bande originale parfaite et son jeune acteur carrément bluffant, le film tient bien la route et peut se révéler envoûtant pour qui accepte d’y entrer. Quoi qu’il en soit, Valley of Shadows reste un film qui divise, à cause de sa lenteur, à cause de son aspect cryptique, mais aussi à cause de son horreur qui n’est pas frontale. Bref, un film qui a beaucoup de qualités, quelques défauts, mais qui est d’une beauté technique incroyable.

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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