avril 24, 2024

Moriarty – Fugitives

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Avis :

A quoi sert la musique ? Voilà une question qui semble superflue et qui est pourtant assez intéressante, car elle soulève bien des propos et des profils d’écouteurs différents. Certaines personnes écoutent la musique pour passer du temps, sans forcément faire attention à la technicité des musiciens alors que pour d’autres, la musique est presque une science qu’il faut décortiquer pour en attraper toute l’essence. Comme pour le cinéma ou pour ce qui reste purement culturel, la musique connait différents profils et c’est ce qui en donne sa richesse. Ici, on ne parle même pas des gouts et des couleurs de chacun, mais juste de ce qu’apporte la musique, son utilité. L’un des intérêts majeurs de la musique, c’est avant tout de plaire et de faire ressentir des sensations, de la joie, de la tristesse, de la mélancolie, des sourires, bref, tout est une question d’émotion. Mais pas seulement, elle peut aussi se raccrocher à des souvenirs et faire voyager dans le temps et dans l’espace le temps d’un album. Moriarty est un groupe de folk/blues/country cosmopolite mais dont la majeure partie des membres du groupe sont franco-américain. Fondé en 1995, le groupe ne sortira un premier album qu’en 2007 et se sera un carton. Fugitives est leur cinquième album, et quand on l’écoute, que l’on aime ou pas le genre que le groupe propose, on est obligé d’avoir des images dans la tête, des références et on se laisse transporter dans une autre époque, dans un autre lieu.

Le skeud s’ouvre sur Candyman, une intro bien loin du film d’horreur de Bernard Rose et qui donne l’impression de repartir dans les Etats-Unis des années 60. C’est court, mais relativement frais. Une mise en bouche simple et agréable. On arrive alors sur Buffalo Skinners et on part carrément dans les grandes étendues du Texas, avec un style folk à base de dobro et d’harmonica. On s’imagine facilement dans un saloon poussiéreux, une pinte de bière à la main. Le morceau est très structuré, avec un solo de claviers et emprunte largement à la musique folk des Etats-Unis. C’est vraiment très plaisant. Le summum arrive avec Matty Groves, un sublime morceau de plus de cinq minutes proposant une guitare acoustique de toute beauté et un duo de voix féminin et masculin juste sublime. Encore une fois, on se croit dans une autre époque, dans un autre pays et c’est vraiment grisant. Matin pas en Mai est un morceau en français, faisant écho aux chants cajuns. A la fois calme et braillard, le titre est vraiment un voyage dans le temps et fait un bien fou par sa simplicité. Ramblin’ Man est un titre à base d’accordéon et il possède un réel effet rustique, car on entend les touches de l’instrument ; Si le morceau demeure sympathique et beau, on restera plus dubitatif sur le solo d’accordéon qui part dans tous les sens sans forcément de liant. Ceci dit, le titre est hyper entrainant et envoutant hors solo. La voix de la chanteuse colle parfaitement à ce style et c’est un vrai beau moment. Little Sadie qui se trouve en milieu d’album change de continent et rappelle les morceaux rapides irlandais tout en y mélangeant un aspect texan. Le titre est dynamique et très entrainant. Il marque une belle rupture en milieu d’album pour un album finalement assez mou et mélancolique mais plutôt réussi.

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Pretty Boy Floyd est l’un des meilleurs morceaux de l’album. Calme, avec une magnifique guitare acoustique, le titre ressemble à ce que pourrait faire Bob Dylan. C’est folk, c’est rustique et ça fait du bien d’entendre ça en 2014. Moonshiner reste dans le domaine de l’acoustique américain. On repense aux westerns, aux cowboys, à la poussière et au rodéo, et en ce sens, le titre est une réussite. Cette sensation est renforcée par les paroles qui parlent de whisky et de bière, boissons typiques de cette époque. Down in the Willow Garden est un morceau de blues acoustique de toute beauté et franchement réussi. La guitare est parfaite, l’accordéon est plutôt bienvenue, les voix sont sublimes. Bref, un titre vraiment excellent. Belle est le deuxième morceau en français et il s’éloigne de ce que fait la groupe habituellement. Il se rapproche plus d’une comptine canadienne et demeure assez énigmatique mais assez intéressante aussi d’un point de vue écriture. The Dying Crapshooter Blues est le titre le plus dynamique de l’album et il demeure celui qui fait le plus récent avec guitare électrique et batterie. Il en résulte quelque chose de proche d’un live et c’est très bon, montrant que le groupe peut faire des choses qui bougent. Enfin, Saint James Infirmary clôt l’album de manière nostalgique et mélancolique. Tout est fait pour faire écho aux premiers titres de blues noir et c’est vraiment bien foutu.

Au final, Fugitives, le dernier album en date de Moriarty (nom tiré du héros du roman Sur La Route de Jack Kerouac) est un album fort sympathique. Certes, le skeud contient des défauts, notamment un rythme général assez lent et auquel il faut un temps d’adaptation pour pénétrer l’oreille, mais il contient aussi quelques morceaux vraiment chouettes. Et puis un groupe qui sent le rustique, le vrai, c’est tellement rare de nos jours !

  1. Candyman
  2. Buffalo Skinners
  3. Matty Groves
  4. Matin pas de Mai
  5. Ramblin’ Man
  6. Little Sadie
  7. Pretty Boy Floyd
  8. Moonshiner
  9. Down in the Willow Garden
  10. Belle
  11. The Dying Crapshooter Blues
  12. Saint James Infirmary

Note : 14/20

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=E68eaKWIOuE[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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