avril 24, 2024

Les Choses qu’on Dit, les Choses qu’on Fait

De : Emmanuel Mouret

Avec Camélia Jordana, Niels Schneider, Vincent Macaigne, Emilie Dequenne

Année : 2020

Pays : France

Genre : Drame, Comédie, Romance

Résumé :

Daphné, enceinte de trois mois, est en vacances à la campagne avec son compagnon François. Il doit s’absenter pour son travail et elle se retrouve seule pour accueillir Maxime, son cousin qu’elle n’avait jamais rencontré. Pendant quatre jours, tandis qu’ils attendent le retour de François, Daphné et Maxime font petit à petit connaissance et se confient des récits de plus en plus intimes sur leurs histoires d’amour présentes et passées…

Avis :

Arrivé dans le paysage du cinéma français il y vingt ans maintenant, Emmanuel Mouret est l’une de ces valeurs qui ne fait que monter, monter, monter. Débutant avec de petites comédies candides et romantiques, le metteur en scène marseillais a opéré depuis les années 2010 un changement. Ainsi, Mouret osera le drame, avant de revenir à la comédie piquante, puis il passera au film en costume avec le sublime « Mademoiselle De Joncquières« . C’est le premier film qui l’emmènera aux César, desquels il repartira avec celui des meilleurs costumes.

Pour son dixième film, Emmanuel Mouret revient avec une romance douce et amère. Nommé pas moins de treize fois aux César, « Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait » avait bien des arguments pour piquer ma curiosité, et finalement, après rattrapage (histoire d’être à jour pour les César), le film d’Emmanuel Mouret s’avère être une terrible déception. Poussif, pompeux et sur-écrit, il y a fort peu d’intérêt qui se dégage de ces histoires d’amour, de découvertes et de tromperies.

Daphné est en vacances avec son compagnon dans leur maison de campagne. Alors que le cousin de son compagnon les rejoint pour quelques jours, François, le compagnon en question, est obligé de partir pour le boulot, et c’est Daphné qui part récupérer Maxime. Les deux jeunes gens ne se connaissent pas, mais au fur et à mesure des conversations, ils vont se confier l’un à l’autre sur leurs histoires d’amour passées, présentes et peut-être futures…

Deux ans après « Mademoiselle De Joncquières« , je dois bien avouer que j’étais ravi de voir Emmanuel Mouret de retour dans les salles (même si, malheureusement, je n’ai pas réussi à le voir sur grand écran…). À la lecture du synopsis, je me voyais déjà passer un joli petit moment de cinéma, perdu quelque part entre poésie, émotions et sentiments, mais vous l’aurez compris, malheureusement, ce ne fut pas le cas et j’ai très vite déchanté. Dès les premiers instants de ces « … choses qu’on dit, les choses qu’on fait« , le film annonce la couleur, ce sera sur-écrit et dicté sans émotion aucune. C’est assez fou, car on pourrait se dire que c’est un démarrage difficile et que l’on va se laisser emporter par cette histoire et ces personnages, mais rien ne va y faire, le ton ne bougera pas d’une réplique et plus le film d’Emmanuel Mouret avancera et plus tout sonnera faux, mais surtout, au-delà de ça, c’est l’ennui et le désintérêt qui gagnera du terrain, au point qu’on finisse par attendre le générique de fin comme une délivrance… C’est dire !

« Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait » est donc une déception et hormis une jolie esthétique, avec une photographie bucolique qui profite joliment de l’air frais de la campagne, pour le reste, il est compliqué d’arriver à trouver du positif dans le film d’Emmanuel Mouret tant ce dernier livre là un film pompeux au possible. Il y a quelque chose qui sonne faux du début à la fin. Le premier élément qui frappe d’emblée, c’est la tenue de ces répliques. Emmanuel Mouret livre là un film sur-écrit, où chaque réplique est balancée sans ton et sans émotion. Tout est plat, et l’on reste étonné de ce qui se passe à l’écran. De plus, ces répliques balancées sans ton sont aussi très lourdes dans ce qu’elles racontent, ce qui donne la sensation que tout ce petit monde s’écoute parler.

« Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait » est censé parler d’amour, d’émotion et de sentiment, mais tout ceci ne traverse jamais l’écran pour venir à nous. Il y a bien des histoires dans ce scénario, mais les choix de son réalisateur pour nous raconter ces histoires sontt si pompeux, et si dénués d’émotions, qu’on passe complétement à côté. Toujours du côté de son scénario, il faut dire aussi que ce film est un joli boxon. Tout s’entremêle, il y a trop de personnages et le film passe d’un personnage et d’une histoire à une autre sans vraiment de cohérence, ou peut-être est-ce alors le fait que l’ennui gagne tant de terrain qu’on finit par suivre ce film en diagonale et qu’on ne fait plus l’effort de vouloir s’y intéresser. Car oui, entre ce non-rythme, cette réalisation plate qui ne dégage pas d’émotion et qui n’arrive pas à nous prendre, et tout le registre de musique classique qui assomme le film (franchement, la BO de ce film est un best of en elle-même de musique classique, Chopin, Debussy, Schubert, Vivaldi, Offenbach, Mozart, Puccini, Emmanuel Mouret n’a oublié personne), s’il faut faire un effort pour suivre ce film…

On aurait pu se raccrocher à ces comédiens, car Emmanuel Mouret a toujours soigné ses castings et encore fois, le metteur en scène nous en offre un très joli, pour un résultat très étonnant, car hormis une Emilie Dequenne sublime, qui tient le seul rôle intéressant et touchant, pour le reste, on ne comprend pas ce qui se passe, tant tous, à l’image du film, sonnent faux. On ne croit pas un instant aux personnages tenu par Camélia Jordana et Niels Schneider. Vincent Macaigne fait du Vincent Macaigne, c’est-à-dire un air je-m’en-foutiste, tout me passe au-dessus et je suis dépassé par ce qui se passe. Julia Piaton, actrice que j’aime, est ici assez insupportable, et l’on passera au-dessus de Guillaume Gouix et Jenna Thiam qui tiennent des rôles très oubliables.

« Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait » d’Emmanuel Mouret est donc une belle déception. Long, tellement long, ennuyeux au possible, plat, s’écoutant parler sans l’ombre d’un relief dans ces répliques, pompeux dans la façon de raconter ces histoires d’amour et de coucheries, et le tout est livré avec des comédiens qui n’y croient pas et une playlist aussi belle qu’assourdissante. Bref, la déception est grande, et j’ai bien cru, que je n’allais jamais arriver au bout. Triste de se dire qu’entre Ozon, Dupontel, Lifshitz, Maïwenn ou Vignal, c’est sûrement ce film, avec toutes ses nominations, qui risque d’être, en fin de semaine, le grand gagnant des César…

Note : 05/20

Par Cinéted

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