octobre 10, 2024

La Peur au Ventre

Titre Original : Running Scared

De : Wayne Kramer

Avec Paul Walker, Cameron Bright, Vera Farmiga, Karel Roden

Année : 2006

Pays : Etats-Unis

Genre : Policier

Résumé :

Jusqu’à présent, Joey avait toujours réussi à jongler entre son job secret au service de la mafia italienne et son rôle de père de famille. Mais cette fois, le pire est arrivé. Le meilleur ami de son jeune fils lui a dérobé une arme qu’il cachait dans sa cave. Au-delà du danger, ce revolver est aussi une pièce à conviction impliquant les patrons de Joey dans un assassinat explosif. Le gamin qui l’a pris semble décidé à s’en servir contre son beau-père, un névrotique appartenant à la mafia russe, qui aurait tout intérêt à ce que cette preuve tombe entre les mains de la police. L’inspecteur Rydell est d’ailleurs sur le coup, mais il est loin d’être net…
Joey n’a que quelques heures pour récupérer l’arme, sauver sa vie et sa famille. Il doit coûte
que coûte rattraper l’enfant avant que l’une des mafias ne mette la main dessus. La nuit va être longue…

Avis :

Réalisateur sud-africain, Wayne Kramer est de ces metteurs en scène dont on n’entend pas vraiment pas parler. Débutant au début des années 90 avec un film d’horreur inconnu et très difficile trouvable, « Blazeland« , Wayne Kramer va mettre onze ans avant de revenir avec un nouveau film. C’est en 2003 que le réalisateur pose sa caméra aux Etats-Unis pour « Lady Vegas« , film encore une fois relativement passé inaperçu.

Trois ans après ce deuxième film, Wayner Kramer livre « La peur au ventre« , ce qui reste encore aujourd’hui son meilleur film. Pour son troisième métrage, le réalisateur nous entraîne dans un polar âpre, crasseux, stylisé, difficile, violent, un poil bordélique, c’est vrai, mais tellement prenant et percutant qu’on se laisse sans aucun mal emporter dans ce tourbillon de violence. Avec ce troisième film, Wayner Kramer fait bien plus que de confirmer qu’il est un bon cinéaste. Wayne Kramer a du style, et dans un paysage qui a tendance à se « lisser », des mecs comme le cinéaste sud-africain font du bien.

Joey est une petite frappe qui travaille pour la solde de la mafia italienne du coin. Après être tombé dans un traquenard mené par des flics ripoux, c’est à Joey qu’on demande de se débarrasser des armes qui ont servi à descendre les poulets. Joey a une cachette hors pair dans sa cave, or, ce qu’il n’avait pas prévu, c’est que le meilleur ami de son fils, Oleg, dix ans, découvre la cachette et prenne l’une des armes pour tuer son beau-père violent. Dès lors, tout le monde va être à la recherche du môme et cette nuit va être bien plus sombre et violente que ce que Joey aurait pu imaginer.

Marquant, percutant, voire même une claque, voilà ce que l’on se dit à la sortie de ce troisième film pour Wayne Kramer. « La peur au ventre« , c’est un polar qui est rudement mené, et qui ne nous laisse aucun moment de répit. Il est vrai que si l’on s’attarde sur son scénario, le film de Wayne Kramer n’a rien de vraiment exceptionnel, on peut même se dire que d’un côté, le film est très facile et très simple dans ce qu’il raconte. Franchement, il ne faut pas vraiment sortir de Saint-Cyr pour en comprendre certains de ses schémas et au-delà de ça, ses tenants et ses aboutissants. Puis d’un autre côté, il est vrai aussi qu’on pourra lui reprocher un côté bordélique, un peu à l’image de la nuit que va passer son personnage principal. « La peur au ventre » a tendance à partir dans tous les sens et tout se mélange, mafia italienne, mafia russe, flicailles pourries, pourritures en veux-tu en voilà, traque, recherche, dissimulation de preuve, double jeu et faux semblant, bref « La peur au ventre » part dans tous les sens, mais à la différence d’autres films du genre, malgré son côté bordélique, on se laisse emporter sans aucun mal dans le métrage et dans cette intrigue. Wayne Kramer tient tout son film d’une main de maître et il sait parfaitement où et comment placer les pièces de son puzzle afin que ce dernier nous mène vers ce final, aussi attendu dans un sens qu’il est surprenant et marquant dans l’autre.

Ce qui fait « oublier » la facilité de l’intrigue, c’est assurément l’ambiance et le style de cette « … peur au ventre« . Encore une fois, Wayne Kramer démontre qu’il a une idée de ce qu’est le cinéma et il livre là un polar qui a franchement de la gueule. « La peur au ventre » est un film violent, sombre, crasseux au possible, c’est un film noir qui ne fait aucune concession et fait la part belle aux aspects les plus sombres et durs de l’être humain. En plus de ça, Wayne Kramer livre aussi un film orignal dans son style et son montage. Wayne Kramer ne veut pas d’un cinéma qui ressemble aux autres, et pour cela, il ne cesse d’inventer des plans originaux, il a beaucoup d’idées pour jouer avec son montage, idem, quand on s’arrête sur la photographie, qui est franchement salace. Pareil quand on regarde du côté de ses scènes d’action et autres fusillades, il y a quelque chose de brutal, quelque chose qui mélange le simple et l’efficace, et surtout, le réalisateur veut rester dans une violence qui soit crédible. Il n’y a pas de démesure. Ici, Kramer va à l’essentiel, et c’est parfois dans la simplicité que son film se fait le plus dur. Wayne Kramer a son idée du cinéma et ce dernier a franchement de la tronche. Dans un sens, on pourrait aisément qualifier Kramer d’héritier d’un William Friedkin, car les deux réalisateurs ont des points communs dans leur cinéma.

Puis enfin, on ne peut passer à côté de ce casting terrible. Alors certes, certains personnages auraient mérité d’être plus développés et moins dans le cliché ou le stéréotype, mais tout ce qui est fait autour d’eux, et surtout l’excellence des comédiens, font qu’on passe aisément au-dessus de ça. Côté casting, il faut noter le jeune Cameron Bright qui à l’époque était de tous les bons films (« Godsend« , « L’effet papillon« ,  » Thank you for smoking«  » ou encore le chef-d’œuvre « Birth » de Jonathan Glazer), Chazz Palminteri, Michael Cudlitz, John Noble, Elizabeth Mitchell ou encore Karel Roden. Mais bien sûr, les palmes vont à Vera Farmiga qui tient un « petit rôle » mais qui crève l’écran. Puis il y a cet acteur, Paul Walker, qui entre deux « Fast and furious » casse son image, en tenant un rôle sale et intéressant. Un rôle dans lequel il est excellent.

Ce troisième film pour le discret Wayne Kramer est donc une pure réussite. Le genre de film qui arrive à composer avec ses défauts, au point qu’on finit par les oublier et l’on ne retient, où l’on a envie de retenir, que le meilleur. Une ambiance terrible, un style marquant, une violence intense, une tension du début à la fin, une intrigue facile et surprenante dans un sens, et le tout est tenu par des comédiens au top. Quinze ans après sa sortie, « La peur au ventre » peut toujours se vanter d’être le meilleur film de son réalisateur, et pourtant par la suite, Wayne Kramer a fait de bons petits films (et là, je pense au mal aimé « Droit de passage« ).

Note : 16/20

Par Cinéted

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