avril 19, 2024

City Hall

De : Harold Becker

Avec Al Pacino, John Cusack, Danny Aiello, Martin Landau

Année : 1996

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller

Résumé :

Le maire de New York et son jeune adjoint règnent sans partage sur l’administration de la ville. Les deux hommes forment un duo redoutable qui gère habilement les affaires courantes de la ville et bénéficient ainsi d’une grande popularité. Cette mécanique bien huilée va se gripper le jour où, au cours d’un échange de coups de feu entre un policier et un dealer, un enfant noir de six ans est tué.

Avis :

Dans la famille des artisans du cinéma, il y a un réalisateur quelque peu oublié, dont j’aime beaucoup le cinéma, Harold Becker. Naviguant dans le film noir, Harold Becker s’est bâti une petite mais solide et efficace filmographie. « Tueur de flic« , « Malice« , « T.A.P.S« , ou encore et bien sûr « Mélodie pour un meurtre« , Harold Becker fait clairement partie de ces réalisateurs qui mériteraient d’être bien plus mis sous les projecteurs.

« Mélodie pour un meurtre » fait clairement partie des meilleurs films de Harold Becker, et voici que six ans plus tard, le réalisateur américain retrouve Al Pacino pour un film qui va s’intéresser aux magouilles politiques. Grande plongée dans le système municipale de la ville de New York, Harold Becker offre là un film très intéressant à plus d’un titre. Un film noir, profond, et porté par un duo d’acteurs au top, Al Pacino en maire de la ville et John Cusack en adjoint. Passé sous silence et encore méconnu, il serait bien dommage de passer à côté de ce très bon cru « Beckerien » qui démontre encore une fois, s’il en avait encore besoin, tout le talent de son metteur en scène.

John Pappas est le Maire de New York et avec Kevin Calhoun, ils règnent en maître sur la ville. Un matin, lors d’une opération clandestine de police, une fusillade éclate entre un flic et un dealer et ces deux derniers seront tués. Lors de cette fusillade, un jeune garçon de six ans fera partie des victimes. John et Kevin vont devoir affronter la situation…

« City Hall« , c’est le thriller politique qui avait tout pour marcher. À sa tête, il a un très bon réalisateur, Harold Becker, dans ses coulisses, parmi les scénaristes, on trouvera ni plus ni moins que Paul Schrader (« Taxi Driver« ), Nicholas Pileggi (« Casino« ) ou encore Ken Lipper, qui n’est autre qu’un ancien adjoint de la mairie de New York. Puis encore, pour mener à bien cette histoire, en tête d’affiche, Becker s’est entouré d’un casting de luxe, où chaque tête est connue. Pourtant, malgré ça, et malgré son excellence, « City Hall » fait partie de ces films méconnus.

Redoutable plongée politique, avec ce film, Harold Becker offre une intrigue intéressante où se côtoient magouilles, enquêtes, rapports de force, manipulations, mafia, justice, corruption, politiciens, et autres campagnes dissimulées. Film sombre (comme beaucoup de la filmo de son cinéaste), « City Hall » est intéressant dans son enquête, qui va s’avérer bien plus complexe qu’elle n’y paraît. S’ouvrant de manière magistrale, exposant ses faits d’emblée, « City Hall » est un film qui va nous tenir par toutes les conséquences et l’effet boule de neige que va amener « cette simple altercation » en début de film. Si parfois, il faut bien avouer que l’enquête n’est pas toujours très claire, cela n’empêche pas le film de nous tenir jusqu’au bout, car Harold Becker et ses scénaristes ont parfaitement su maîtriser tout le mystère, l’intrigue et le suspens de « City Hall« .

Ainsi, entre corruption et compromis, le film, qui en plus d’être une belle plongée politique, est aussi un bon thriller, s’avérant très nuancé. Ici, il faut composer avec tout le monde, il faut faire des choix, tout en restant humain. Puis au-delà de ça, le film de Harold Becker questionne les limites de la politique, les limites de l’intégrité, quand est-ce que la ligne est franchie ? C’est vraiment intéressant, et c’est bourré de subtilités. Comme l’expose Monsieur le Maire à son adjoint, « – Il y a le blanc et il y a le noir… Au milieu, il y a le gris et c’est là où nous sommes ! ». Une réplique qui en dit long, et qui résume parfaitement cette intrigue, qui navigue avec assurance entre toutes les embûches et les choix à faire.

Cette intrigue est aussi très bien menée par une réalisation qui là encore est très intéressante. Harold Becker pose une ambiance glaçante et noire et alors qu’on aurait pu imaginer un thriller qui n’arrêterait pas une seconde, le metteur en scène a fait le choix d’un rythme plus lent. Il a fait le choix de laisser monter la sauce au compte-goutte, ce qui rend ce film encore plus intéressant qu’il ne l’est à la base. De plus, Becker conjugue parfaitement les différents styles que son intrigue emprunte. « City Hall » est à la fois un thriller, un film politique, un film de mafieux et un drame humain, et surtout le tout est servi comme un film noir, qui nous réserve alors de très bons moments de cinéma, notamment son final, qui est tout simplement impeccable.

Puis enfin, dernier élément du film et pas des moindres, « City Hall« , c’est un casting impérial. Un casting qui se pose comme le plus beau de la filmographie de Harold Becker. Mené parfaitement par un Al Pacino monstrueux en maire de New York et un John Cusack impeccable en jeune idéaliste (la relation entre les deux hommes est le cœur, le sang, l’amour et la douleur du film), on trouvera aussi Danny Aiello, Bridget Fonda, Martin Landau, David Paymer, Richard Schiff, Luna Lauren Velez, John Slattery, Nestor Serrano, Lindsay Duncun, Tamara Tunie… Et tant d’autres encore. C’est bien simple, ce casting ne s’arrête jamais et tous apportent de près ou de loin leur pierre à cet édifice.

Dixième film de Harold Becker et accessoirement son dernier très bon cru, « City Hall » est un film qui une fois lancé, malgré certains aspects un peu flous de son intrigue, est un très bon film. Excellent film noir, excellent thriller politique, « City Hall« , c’est un étau qui se referme sur ses personnages et nous amène d’une ouverture magistrale à un final peut-être attendu, mais humain, puissant et beau. Bref, décidément, Harold Becker mérite bien plus que l’ombre dans laquelle il se trouve aujourd’hui.

Note : 15/20

Par Cinéted

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