octobre 10, 2024

Mosul

De : Matthew Michael Carnahan

Avec Adam Bessa, Suhail Dabbach, Is’haq Elias, Waleed Elgadi

Année: 2020

Pays: Etats-Unis

Genre: Guerre

Résumé:

Après avoir été sauvé par des combattants irakiens, un jeune policier se joint à eux pour lutter contre l’État islamique dans leur ville décimée.

Avis:

Scénariste de métier et compère de Peter Berg (c’est à lui que l’on doit les scénarios de Le Royaume et Traque à Boston), Matthew Michael Carnahan est le petit frère de Joe Carnahan, réalisateur reconnu. Et de l’écriture à la réalisation, il n’y a qu’un pas visiblement. Car après avoir écrit pour les autres, le scénariste livre Mosul, dont il est aussi l’auteur. S’inspirant de faits réels autour d’irakiens se battant bec et ongle contre l’Etat Islamique, Matthew Michael Carnahan livre un film de guerre qui n’est pas comme les autres. Produit par les frères Russo (Avengers Infinity War et Endgame) qui poursuivent leur aventure Netflix après l’efficace Tyler Rake, Mosul est un film qui se veut différent des autres, c’est-à-dire loin de tout spectaculaire et s’essayant à un récit simple, droit et qui en oublie, à quelque part la force des personnages.

  1. La guerre, la vraie

S’il y a bien un point que l’on ne peut retirer à Mosul, c’est son côté ultra réaliste et sa volonté de livrer un récit sec et rêche, dégraissé jusqu’à l’os de tout affichage spectaculaire. Le film débute d’ailleurs sous le feu de l’action, où deux policiers sont pris à parti par des terroristes. Ils se font sauver de justesse par un groupe du S.W.A.T. qui a juré de se venger de l’Etat Islamique. Le groupe embauche alors le plus jeune des policiers, qui va trouver un sens à sa vie en suivant ce groupe mystérieux, qui se bat pour libérer son pays. Le film ne lambine pas, nous présente sommairement les personnages à travers une paire d’action, puis on va suivre ce groupe à travers une ville dévastée où le danger rôde derrière chaque mur. Si on va y trouver des contraintes politiques et des arrangements étranges en fonction des nationalités des protagonistes, le film se suit sans trop de contrainte, si ce n’est l’anonymat des membres du groupe.

Le film joue clairement la carte de l’économie et préfère laisser du temps aux personnages pour mieux se faire connaître. Ainsi, comme le héros, on ne connaîtra personne et on restera suspendu aux lèvres de certains pour tenter de comprendre les motivations du groupe et surtout, qui ils sont. Cette façon de faire est là pour nous plonger au cœur de l’action et de ressentir les émotions d’un jeune garçon paumé, qui s’engage pour il ne sait quelle raison. Raison qui sera dévoilée sur le dernier plan du film, essayant, vainement, de donner dans l’émotion. Et c’est sans doute là le plus gros point faible du métrage, ne pas en dévoiler assez. Rester sur des suppositions, sur des personnages que l’on suit sans trop savoir pourquoi, et pour lesquels on ne ressentira aucune émotion, aucune empathie. Et c’est assez triste de voir cela, car le film joue beaucoup sur la perte de l’équipe.

  • Anti-spectaculaire

Avec de tels personnages, qui frôlent parfois l’antipathique, on pourrait espérer que le film dégage une véritable rage dans les conflits et les fusillades. Et ce ne sera pas vraiment le cas. Mosul joue clairement la carte de l’anti-spectaculaire pour mettre en avant un propos plus réaliste, plus dur. Les pertes seront nombreuses, mais elles seront issues d’une balle perdue, d’une mauvaise gestion de la troupe, d’une embuscade ou encore d’un piège basique. Les combattants ne sont pas des surhommes et ils succombent rapidement à des attaques éclairs non prévues. Alors bien entendu, on aura droit à des fusillades et à de nombreuses attaques, on ressent même la patte de Peter Berg derrière, avec quelques séquences qui évoquent Le Royaume, mais on reste loin du film de guerre que l’on peut voir de temps à autre. D’un côté c’est intelligent et démontre la violence du conflit. De l’autre, le film manque de punch et d’éclat.

Néanmoins, on ne peut renier une volonté de coller au plus proche du propos et de la réalité. Ici, les enfants meurent, les femmes pleurent, et les maris tombent sous les balles. Le film ne tergiverse pas, ne fait pas dans le mélo pitoyable et met en avant des images crues et cruelles. Difficile d’oublier ce moment où une femme tente de relever son enfant de cinq ans, fauché par des balles invisibles. Le fait aussi que le film soit tourné entièrement en arabe (alors qu’il s’agit d’un film américain) donne plus de crédit et de cachet à l’ensemble. Mosul est un film qui est fait avec une envie de coller au plus près de la réalité, au plus près du terrain, et de rendre hommage à une troupe d’élite éclectique qui veut sauver des vies au péril de la sienne. De ce fait, le réalisateur souffle le chaud et le froid en livrant un film imparfait, mais qui contient de bonne chose dedans.

Au final, Mosul est un film que l’on pourrait presque croire menteur sur sa marchandise. Vendu par Netflix comme un film de guerre âpre et violent (d’autant plus que l’on retrouve les producteurs de Tyler Rake derrière), le premier bébé de Matthew Michael Carnahan manque de souffle épique et se veut vraiment très terre à terre, peut-être trop. De ce fait, ce côté anti-spectaculaire peut lasser comme il peut faire mouche à certains moments il en découle un film de guerre assez intéressant dans son traitement graphique, très réaliste, mais qui manque d’émotions et d’empathie pour ses personnages. Il n’en demeure pas moins un premier essai qui laisse entrevoir un réalisateur qui a un œil.

Note: 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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