mars 29, 2024

Nathalie…

De : Anne Fontaine

Avec Fanny Ardant, Emmanuelle Béart, Gérard Depardieu, Wladimir Yordanoff

Année : 2004

Pays : France, Espagne

Genre : Drame, Romance

Résumé :

Deux femmes. L’une est mariée, bourgeoise, active. L’autre est entraîneuse dans un bar de nuit.
Catherine paie Marlène pour coucher avec son mari Bernard qui la trompe. Elle veut qu’elle lui dise tout, tous les détails…
Catherine a fait de Marlène Nathalie, celle qui ment. C’est leur secret, leur histoire.

Avis :

Réalisatrice franco-luxembourgeoise, Anne Fontaine fait partie de ces auteurs à la carrière, certes pas toujours très juste, mais fascinante. N’aimant pas, ne voulant pas, se reposer sur ses acquis, Anne Fontaine, depuis toujours, s’essaie à tous les cinémas. Le drame, la comédie, l’absurde, le conte, le thriller, la romance, le social, le film d’époque, franchement Anne Fontaine impose le respect, ne serait-ce que pour cette envie d’offrir du cinéma en tout genre.

Alors que ses années 90 l’ont vu émerger dans le paysage du cinéma français, les années 2000 vont l’installer durablement. Et elle ouvre ses années 2000 avec un film entre drame et thriller, « J’ai tué mon père« , mais c’est avec « Nathalie…« , drame érotique, fantasmé et bourgeois que la cinéaste s’impose définitivement. « Nathalie… » est un beau drame. « Nathalie… » est un film osé, fin, intelligent et nuancé. « Nathalie… » est un film qui est très mal-aimé et c’est bien dommage, car ce tendre duo/duel entre Fanny Ardant et Emmanuelle Béart nous offre des moments de cinéma absolument hypnotiques. Entre réalité, fantasme, mensonge ou manipulation (ou pas), « Nathalie… » est un grand Anne Fontaine !

Catherine, la cinquantaine, bourgeoise parisienne, vit avec Bernard. Un matin, elle découvre que Bernard la trompe. Pour Catherine, c’est un choc et elle ne sait que faire et comment prendre la nouvelle. Ses questions et ses incompréhensions l’amènent un soir à pousser la porte d’un bar à « entraîneuses ». Ce soir-là, Catherine fait la rencontre de Marlène, jeune, belle, magnétique. Ce soir-là, en conversant avec la jeune femme, Catherine a une idée. Catherine va alors faire de Marlène, Nathalie, une jeune femme normale et cette Nathalie va devoir rencontrer Bernard, le séduire, coucher avec et Catherine veut savoir tous les détails.

Septième long-métrage pour Anne Fontaine, « Nathalie… » est un film très particulier, car il s’échappe de ce que l’on pourrait attendre de lui. Film adultère, « Nathalie…« , c’est de l’érotisme et une machine à fantasme. « Nathalie… » est un film qui suggère et raconte, plus qu’il ne montre et c’est sûrement pour cela qu’il en a déçu plus d’un.

Débarquant avec une idée assez originale, Anne Fontaine nous entraîne dans une intrigue qui est bien plus complexe qu’elle ne le laissait paraître. « Nathalie… » est très loin d’être la simple histoire d’une femme qui en paie une autre pour coucher avec son mari. Non, « Nathalie…« , c’est bien plus que ça. « Nathalie…« , c’est l’étude d’un mariage, c’est la psychologie d’une femme, ou plutôt de deux femmes, qui ont pour sujet un homme. « Nathalie…« , c’est l’amour, mais jusqu’à quel point ? Puis au-delà de ça, « Nathalie…« , c’est des confidences très intimes. Des confidences crues, sexuelles, sans langue de bois. Avec ce film, Anne Fontaine ose des choses que beaucoup n’auraient même pas envisagé et elle offre un tout autre film que celui que l’on imaginait.

« Nathalie…« , c’est un scénario riche, intelligent et construit. « Nathalie…« , c’est un film qui sait exactement ce qu’il veut et où il veut aller. Anne Fontaine, avec son idée, aborde tout un tas de sujets intéressants, le mariage, la vie de couple, le temps qui passe, la flamme qui s’éteint, comme on essaie ou non d’entretenir cette flamme. La réalisatrice aborde aussi les frustrations, les fantasmes, la sexualité, le sexe, la solitude, la tromperie, le mensonge, la vérité et par-dessus tout ça, la réalisatrice parle d’amour. L’amour entre ses personnages, l’amour dans la vie de tous les gens, ce que l’on peut accepter par amour, ce que l’on ne peut accepter par amour.

« Nathalie…« , c’est aussi un très beau mélange entre intime et pudeur. L’un des très beaux points du film d’Anne Fontaine, c’est la force de ses dialogues et surtout des confessions que Marlène livre à Catherine. Elle ne lui cache rien, elle va au bout des choses sans peur, sans jugement, sans honte, et c’est ce qui rend « Nathalie… » quasi-hypnotique. On reste, tout comme Catherine, accroché aux lèvres de Marlène, devenue cette Nathalie et ses confidences tellement intimes, tellement détaillées et surtout jamais montrées, créent un fantasme qui fonctionne merveilleusement. Anne Fontaine nous place aux côtés de Catherine, et tout comme son personnage, on va être autant envoûté que finalement, on finit par se poser aussi des questions, notamment grâce à cette fin, qui est plus subtile qu’elle n’y paraît, car on pourrait croire ce que l’on a envie en fin de compte.

« Nathalie…« , comme je le disais, est un film qui est intelligent et cette intelligence, on la retrouve aussi dans la mise en scène de sa réalisatrice, qui a parfaitement compris comment raconter cette histoire-là. Dans une ambiance aussi feutrée qu’elle est intime. Une ambiance très étonnante, qui s’entrechoque entre ces dialogues crus et la pudeur de ces images. Ici, Anne Fontaine joue énormément avec le fantasme et c’est ce qui rend son « Nathalie… » très beau. Cet entrechoc, on le retrouve aussi entre le côté bourgeois et ce bar, ces hôtels ou encore dans l’univers de Marlène qui est à l’opposé de celui de Catherine et Bernard. Puis il y a cette façon de filmer ses personnages. Anne Fontaine a capturé ces personnages en très peu de temps, les définissant en une image pratiquement. Bref, cette mise en scène est sublime et finalement le seul petit reproche qu’on pourrait faire au film, c’est d’avoir une tendance à se répéter, mais comme les dialogues sont parfaitement écrits, ce n’est finalement pas si grave que ça. Puis ça reste cohérent avec l’intrigue.

Enfin, il est difficile d’être sur « Nathalie… » sans parler de ses acteurs. Si on passera sur un Gérard Depardieu très bon mais en retrait, car il va surtout être l’objet des fantasmes et des confidences, « Nathalie… » ce sera surtout une Fanny Ardant très touchante et une Emmanuelle Béart affolante, hypnotique et animale. C’est bien simple, l’actrice crève l’écran au point qu’on ne voit qu’elle quand elle est là.

Beau, profond, excellent dans son intrigue et dans sa mise en scène, tenu par des acteurs fabuleux, « Nathalie… » est bien plus qu’un très beau film d’Anne Fontaine. Non « Nathalie…« , pour bien des idées, pour son intimité, pour ses ambiances, pour son fantasme, pour ses relations, ses mensonges, ses personnages, ou encore ses dialogues merveilleusement bien pensés, pour tout ça, « Nathalie… » est un grand Anne Fontaine qui n’a pas fini de captiver avec cette fin, plus ouverte qu’elle n’y paraît…

Note : 17/20

Par Cinéted

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