avril 16, 2024

La Légende de Manolo

Titre Original : The Book of Life

De: Jorge R. Gutierrez

Avec les Voix Originales de Diego Luna, Zoe Saldana, Channing Tatum, Christina Applegate

Année : 2014

Pays : Etats-Unis

Genre : Animation

Résumé :

Depuis la nuit des temps, au fin fond du Mexique, les esprits passent d’un monde à l’autre le jour de la Fête des Morts. Dans le village de San Angel, Manolo, un jeune rêveur tiraillé entre les attentes de sa famille et celles de son cœur, est mis au défi par les dieux. Afin de conquérir le cœur de sa bien-aimée Maria, il devra partir au-delà des mondes et affronter ses plus grandes peurs. Une aventure épique qui déterminera non seulement son sort, mais celui de tous ceux qui l’entourent.

Avis :

On le sait, le cinéma d’animation est trusté par Disney et Pixar, et cela depuis des années maintenant. Cependant, si on est un peu curieux, on peut trouver des films d’animation qui ne sortent pas de ces grosses boîtes de production. Car même si Disney et Pixar fournissent de petites merveilles, d’autres boîtes moins connues essayent de fournir leurs lots de petits films pour rêver petits et grands. Et il aura galéré ce pauvre Jorge R. Gutierrez à trouver des producteurs pour son film d’animation mexicain. Quatorze ans. C’est le temps qu’il a mis pour terminer son projet et trouver les bonnes grâces d’un certain Guillermo Del Toro. Ce dernier, séduit par l’orientation du film, va dépenser sans compter pour finalement permettre à Gutierrez de sortir des sentiers battus de l’animation et pondre ni plus ni moins qu’un petit bouleversement.

Le bois est si noble

Le film annonce très rapidement son parti pris graphique. Car bien avant de succomber à cette histoire d’amour relativement téléphonée, c’est surtout pour nos yeux que ce film va être le plus gracieux. Le démarrage laisse pourtant dubitatif. Des graphismes assez grossiers, avec des personnages possédant de gros yeux et des nez allongés, on est loin d’un graphisme fourmillant à la Pixar. Mais dès que l’histoire de Manolo déboule, on ne peut qu’être charmé. Jorge R. Gutierrez va raconter cette histoire à l’aide de pantins de bois. Ainsi, tous les personnages de l’histoire seront animés en conséquence avec des particularités marquées. Ce choix graphique est payant, car il permet au film de se démarquer du tout-venant et surtout, il donne un cachet inestimable au métrage. On va rapidement voir que tout cela est novateur, tout en s’inspirant de légende mexicaine.

Et c’est là qu’intervient le scénario, qui est loin d’être en bois, celui-là. Si la trame globale est très classique, à savoir un triangle amoureux où deux garçons se battent pour la même fille, les évolutions de chacun vont apporter leur lot de réflexions sur différents sujets importants. Prenons un exemple tout simple, Manolo. Ce dernier vient d’une famille de toreros reconnus, et son père veut à tout prix qu’il fasse honneur à la famille. Le problème, c’est que Manolo veut devenir musicien. On va rapidement voir le choix délicat de ce jeune garçon qui est partagé entre sa passion, et sa volonté de ne pas décevoir un père blessé depuis la mort de sa femme. Il en va de même pour Joaquin, guerrier dans l’âme dont le père n’est plus et qui ne jure que par la bagarre. On va voir les deux garçons se déchirer pour la même fille et évoluer de manière différente. Cela donne lieu à des passages à la fois touchants et drôles, et cela insuffle une certaine dynamique.

Le Destin des Dieux

La chose la plus étonnante dans ce récit, c’est l’omniprésence des dieux, qui jouent avec le destin des humains. Car le point de départ de l’intrigue, c’est un pari entre La Muerte qui règne sur le domaine des morts, et Xibalba, qui siège dans le domaine des oubliés. Un pari jouant sur l’élu du cœur de Maria et qui va mettre en avant les tricheries d’un Dieu pas si sympathique que ça. Les humains deviennent alors des jouets, divertissement de choix pour deux dieux spectateurs assez facétieux. Mais ce destin va être ébranlé par la tricherie de Xibalba et par la mort prématurée de Manolo. Dès lors, le film change de registre et va encore plus loin dans ses thématiques, dédramatisant au maximum la mort, présentant cela comme une nouvelle aventure.

Manolo va alors dépasser son stade de défunt et il va bousculer les codes par amour, afin de retrouver sa bien-aimée. Toujours plus magnifique d’un point de vue graphique, avec des couleurs chatoyantes, le film pourrait presque soutenir la comparaison avec Coco de chez Pixar. Sauf qu’ici, les thématiques sont tout autres, et même si la famille reste au centre des préoccupations, l’amour de son cœur sera bien plus mis en avant. La famille, oui, mais surtout celle que l’on veut comme future femme. Dès lors, les Dieux sont obligés de subir les colères de Manolo et d’intervenir dans cette histoire, ne contrôlant plus leur petit jeu. Le film fait alors comprendre qu’il faut prendre son destin en main et surtout ne pas se laisser guider par un destin tout tracé, ou se laisser influencer par n’importe qui. Un message très mature, rare dans le cinéma d’animation pour enfants.

De l’action en bois brut

Le film n’est clairement pas avare en action. Outre les moments chantés qui sont des impondérables du genre, on aura droit à une belle bataille rangée sur la fin, avec des partis pris graphiques encore une fois payants. Le grand méchant de l’histoire et ses longs bras fait peur, il est terrifiant en plus d’être bête. Le film fait bien évidemment passer le message comme quoi l’union fait la force, et on aura droit à d’excellentes scènes vivantes, parfaitement maîtrisées d’un point de vue technique. D’ailleurs, même les passages dans le monde des morts, où Manolo affronte un taureau géant, sont très impressionnants d’un point de vue graphique. Il est d’ailleurs étrange que le film ne soit pas plus mis en avant, encore aujourd’hui pour son côté technique.

En revenant sur le choix des chansons, on aura aussi quelques belles surprises. On aura notre lot de chansons originales pas très originales au niveau des paroles. Cela parlera d’amour, la plupart du temps, mais l’animation faite autour est splendide. Et puis on retrouvera des classiques revisités, comme Creep de Radiohead par exemple, et c’est très surprenant, en plus d’être très osé. Bref, La Légende de Manolo ne souffre que de très peu de points noirs. On pourrait peut-être parler d’un manque d’émotion, surtout si on compare à Coco, mais le film reste touchant à plus d’un égard.

Au final, La Légende de Manolo est une franche réussite. Il s’agit d’un film d’animation bourré d’idées, doté d’une mise en scène dynamique et costaude et de personnages très attachants. Le parti pris graphique est payant, c’est tout simplement sublime, et l’histoire nous embarque dans un folklore mexicain ravissant. Bref, ce film est à ranger à côté de Coco et il n’aura pas à rougir de la comparaison.

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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