avril 25, 2024

Project Power

De : Henry Joost & Ariel Schulman

Avec Jamie Foxx, Joseph Gordon-Levitt, Dominique Fishback, Rodrigo Santoro

Année : 2020

Pays : Etats-Unis

Genre : Action, Fantastique

Résumé :

Qu’êtes-vous prêt à risquer pour cinq minutes de pouvoirs extraordinaires ?
Dans les rues de La Nouvelle-Orléans, la rumeur commence à circuler à propos d’une pilule mystérieuse qui libère des super-pouvoirs différents selon chaque personne. Le problème ? Impossible de savoir ce qui va se passer avant de l’avaler. Si certains se voient armés d’une peau à l’épreuve des balles, deviennent invisibles ou reçoivent une force surhumaine, d’autres subissent une réaction mortelle. Mais lorsque la pilule fait dangereusement exploser le crime en ville, un flic  s’associe avec une jeune dealeuse et un ancien soldat motivé par une vengeance secrète pour combattre le pouvoir par le pouvoir, espérant que la pilule leur permettra de traquer et d’arrêter ceux qui l’ont inventée.

Avis :

Depuis l’avènement de Marvel et DC au cinéma, les super-héros font vendre. Ce n’est un secret pour personne, même si les films demeurent très moyens, ce sont ceux-là qui font le plus d’entrées. Et on peut comprendre. Du grand spectacle, de l’action, des effets spéciaux, tout est là pour vivre un moment où l’on en prend plein les mirettes. Et ça, Netflix l’a bien compris, il ne peut pas concurrencer Marvel sur sa plateforme. Le format télévisuel empêche une véritable immersion dans le grandiloquent (sauf si on est équipé comme dans un cinéma) et les budgets ne sont pas les mêmes. Sauf que Netflix a un atout dans sa manche, laisser libre cours à l’imagination des créateurs. Le staff récupère alors Henry Joost et Ariel Schulman encore tout frétillant de leur succès avec Nerve (et on ne parlera pas des Paranormal Activity qui sont des purges) et leur propose une histoire de super-héros.

Avec tout l’univers étendu que ce soit chez DC ou Marvel, il est très complexe de faire original. Sauf qu’ici, on a une très bonne idée, des super-pouvoirs issus du monde animal disponibles cinq minutes via une petite pilule. Des pouvoirs uniques à chacun, qui se révèle avec notre métabolisme et qui nécessite la prise d’une pilule magique. Pilule qui va devenir une sorte de drogue inondant le marché noir. L’idée est bonne, encore faut-il savoir broder un scénario cohérent autour, avec des personnages forts. Et c’est là que réside le gros point noir du film. Les deux réalisateurs ne savent pas quoi faire de ce matériau de base et délivrent une copie qui se veut cool autour d’un complot gouvernemental qui nous en touchera une sans faire bouger l’autre.

Dans Project Power, le propos est rapidement posé. Un homme étrange propose à des dealers de vendre des pilules en cachette. Très vite, un flic va récupérer une pilule de son indic et s’en servir pour faire le bien. Ce qui tombe bien puisque sa capacité est d’avoir la peau très dure, voire pare-balle. En parallèle, un homme cherche à remonter le filon de ces pilules pour retrouver sa fille qui a été kidnappée. En plein quiproquo, les deux hommes vont alors faire équipe pour sauver la jeune fille et faire tomber ces expérimentations. Et très rapidement, on va se rendre compte de la limite des enjeux. Le quiproquo est incompréhensible. Il est mené avec lourdeur et jamais on ne comprendra comment cela peut arriver. La rencontre est très forcée et ne tient finalement qu’à un seul personnage, la dealeuse qui fait ça pour sauver sa mère.

Malgré une volonté de construire des personnages plus ou moins sympathiques, le film se loupe dans leur caractérisation. Ils rentrent tous dans des stéréotypes que l’on a déjà vu plusieurs fois. On a la jeune femme rebelle et rappeuse qui deale pour de bonnes raisons. Le bon flic qui veut tout faire pour faire tomber ce nouveau cartel de la drogue. Ou encore le mec mystérieux, au lourd passé, et qui veut sauver sa fille. Un trio qui aurait pu être intéressant qu’il avait été mieux construit, avec des personnages plus forts et plus touchants. Et l’autre gros problème dans les personnages, c’est l’absence de méchants. Ou tout du moins de gros méchant. L’antagoniste est bien entendu cette société qui mène des expériences, mais on ne le saura que vers la fin et les quelques mercenaires que l’on voit sont ridicules, n’utilisant finalement leur pouvoir qu’une seule fois pour faire joli. Un bon film se doit d’avoir un bon méchant, et ce n’est clairement pas le cas ici.

Pour autant, on y revient, mais l’univers est intéressant. Le coup des pilules qui dévoilent un pouvoir qui ne dure que cinq minutes est génial. D’autant qu’il y a un risque, puisque certaines pilules peuvent faire exploser. Il y a alors un jeu de roulette russe avec cet objet, qui n’est mis en avant qu’une seule fois et c’est bien dommage. Il semblerait que la curiosité soit plus forte que le risque à prendre. Les pouvoirs sont plutôt intéressants, même si l’on reste dans des choses classiques, comme prendre feu, s’agrandir, durcir sa peau ou courir bien plus vite. Malheureusement, la mise en scène n’aide pas vraiment. Les deux compères continuent leur bonhomme de chemin dans les mouvements de caméra inutiles, voulant constamment faire du tape à l’œil et s’amusant à changer les focales pour créer des déformations dans les paysages. En fait, la réalisation se veut très punk, mais elle ne l’est qu’en surface, car elle n’est que décorative. Il manque une réelle profondeur au métrage, aussi bien dans l’histoire que sur la forme. Et c’est con, car certains paysages sont superbes et on retrouve de rares fulgurances, mais qui manquent d’impact sur le scénario.

Enfin, concernant les acteurs, on retiendra surtout la prestation de Jamie Foxx qui semble croire au projet dur comme fer. Il est massif, athlétique et joue parfaitement son rôle de père courage. Pour le reste, c’est à la limite du foutage de gueule. Joseph Gordon-Levitt en a clairement rien à foutre d’être là. Il faire son sourire bright, cabotine un max, mais ne sert pas à grand-chose dans le bordel. Mais le pire revient à Dominique Fishback jouant la dealeuse. Constamment en surjeu, elle va même aller jusqu’à poser du rap dans des scènes d’une inutilité folle, se révélant plus gênantes qu’autre chose. Rarement on aura vu une actrice aussi mauvaise. Et pour les antagonistes, on a quelques mines patibulaires, comme Machine Gun Kelly ou Rodrigo Santoro, mais ils ne servent pas à grand-chose.

Au final, Project Power est un film qui peut décevoir. Parant d’une idée absolument géniale, et avec un concept novateur, le film de Netflix se vautre dans un mauvais goût inutile. Outre une réalisation tape à l’œil et des scènes qui ne servent à rien, le film n’arrive jamais à créer des liens solides entre ses trois héros pour lesquels on ne ressentira aucune empathie. Sans être vraiment raté, à la manière d’un Bright, Project Power a un univers qui ne demande qu’à s’étendre, mais qui s’attarde trop sur une petite histoire sans envergure, et c’est bien là le problème…

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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