Avis :
Attention, cette critique a été écrite par un méga-fan de Metallica, l’un des groupes qui divise le plus, qui montre que la communauté metal, et surtout française, est l’une des plus détestables, tant le bashing est systématique de la part des détracteurs, d’une mauvaise foi hallucinante. Autant aimés (voire adulés) que détestés et ce sans demi-mesure, les Four Horsemen ont pourtant l’un des groupes qui a donné envie à toute une génération de musiciens de se lancer dans le metal (ce que feignent d’oublier les haters). Ce nouveau live ne calmera pas ces derniers, au contraire (certains trouvant malin d’insulter les fans en même temps que le groupe, comme si on parlait de chanteurs de pop de seconde zone et sans talents). Aussi, cette critique va-t-elle détonner dans ce que l’on voit sur internet et ceux qui crachent habituellement sur le groupe vont s’en donner à cœur joie, mais que les choses soient dites, j’aime ce groupe depuis maintenant 31 ans, je les aimerai probablement une bonne partie de ma vie, donc je n’en ai rien à foutre.
Entre la Covid, les concerts et festivals annulés, les associations et salles de concerts qui risquent de fermer, les grands artistes qui tombent comme des mouches, le confinement, le cinéma français qui menace de faire des comédies sur le sujet, les sorties de films et d’albums reportées sine die, Netflix qui sort un programme sur Gims, on peut dire que cette année 2020 n’est pas franchement des plus heureuses. Mais il y a quelques motifs de satisfaction du côté musical avec quelques très bons albums déjà sortis, la sortie prochaine des nouveaux Deftones ou Marilyn Manson, et en attendant, celle de S & M 2, le deuxième live symphonique de Metallica.
En 1999, Metallica surprenait son monde et se reconnectait avec une partie des fans partis pendant l’ère Load/Reload, en faisant un concert avec le San Francisco Symphony Orchestra sous la direction de Michael Kamen, un live sorti en DVD et CD et devenu culte. Pour le 20ème anniversaire, l’an dernier les Met’s ont retenté l’expérience avec le San Francisco Symphony devant 18.064 personnes (inaugurant la nouvelle enceinte du Chase Center) avec une rediffusion à l’échelle mondiale dans des salles de cinéma. Un live de 2h30 qui, de nouveau, bénéficie d’une sortie en CD, vinyl et Blu-Ray. Michael Kamen disparu en 2003, c’est Michael Tilson Thomas qui tient les rênes d’un orchestre de 80 musiciens.
Autant le dire tout de suite, ce S & M 2 est moins fédérateur que le premier. Quelques menus défauts sont à signaler comme l’arrangement symphonique plus lourd qui peut en rebuter quelques-uns, une piste dispensable où Lars Ulrich se montre trop bavard (plus de 5 minutes à déblatérer, en concert pourquoi pas, mais lors d’une écoute CD, on a fait mieux), et une setlist qui fait moins rêver sur le papier. Pourtant, ce dernier point montre que Metallica refuse la facilité et sort de sa zone de confort. S’ils avaient enchainé les classiques, l’intérêt aurait été moindre et l’album aurait eu l’allure d’un best of de luxe. Ici, ce n’est pas le cas. On retrouve évidemment plusieurs morceaux phares du premier S & M (avec de nouveaux arrangements), que ce soit The Call of Ktulu, For Whom The Bell Tolls, The Memory Remains, The Outlaw Torn, No Leaf CLover, Wherever I May Roam, One, Master of Puppets, Nothing Else Matters, Enter Sandman (sans compter la traditionnelle intro The Ecstasy of Gold d’Ennio Morricone), des morceaux incontournables de chaque live du groupe, qui change cependant ses habitudes en n’incluant pas Battery par exemple, ni Seek and Destroy. En revanche, les californiens réservent quelques surprises en mettant en avant certains morceaux mineurs de leurs derniers albums mais qui prennent davantage de relief dans cette configuration symphonique. Par exemple, All Within My Hands, dernière plage de St. Anger, qui avait déjà bénéficié d’un joli traitement dans le live acoustique Helping Hands Live & Acoustic At The Masonic, gagne en profondeur. Même chose pour Unforgiven III, à l’origine pièce la plus faible de la trilogie des Unforgiven. Cette fois, c’est un morceau presque intimiste entre James Hetfield, un piano et quelques instruments, et le tout donne un très concentré d’émotions.
L’hommage à Cliff Burton avec (Anesthesia) Pulling Teeth cette fois joué à la contrebasse est là encore un magnifique moment que n’auraient pas renié les prodigieux violoncellistes d’Apocalyptica. Dans les nouveaux morceaux, Moth Into the Flame devient carrément épique, ou Halo of Fire, les meilleurs titres de Hardwired…To Self Destruct et qui passent très bien l’épreuve du symphonique (même constat pour The Day That Never Comes, meilleur morceau de Death Magnetic, qui trouve là une version à sa hauteur). Quant à Confusion, morceau musicalement le plus quelconque du dernier album, il gagne en richesse et en densité. Et comme si nos oreilles n’avaient pas été assez gâtées, S & M 2 s’aventure dans le metal néo-classique avec une carte blanche laissée à l’orchestre qui joue Scythian Suite, Opus 20 II: The Enemy God And The Dance Of The Dark Spirits de Prokofiev avant que Metallica ne les rejoigne pour The Iron Foundry, Opus 19 de Mosolov.
Certes, S & M 2 n’est pas l’album live (ni l’album tout court) le plus immédiat d’un groupe qui n’a pourtant jamais fait dans la facilité dans sa carrière quitte à énerver. Mais, quand on rentre dans le délire, on se prend à rêver d’un score de James Bond joué par des chevelus énervés et on se retrouve à secouer la nuque sur des instruments de musique classique. Deux mondes pas si éloignés que ça quand on connait les accointances entre metal et classiques. Au fond, S & M 2 est à l’image grandiloquente d’un combo qui a souvent su allier l’efficacité et la maitrise, la puissance et la grâce. Et quand les dernières notes d’Enter Sandman caressent nos tympans, on s’aperçoit que des larmes de bonheur ont roulé sur nos joues sans qu’on ait pu s’en empêcher.
- The Ecstasy of Gold
- The Call of Ktulu
- For Whom the Bell Tolls
- The Day That Never Comes
- The Memory Remains
- Confusion
- Moth Into Flame
- The Outlaw Torn
- No Leaf Clover
- Halo On Fire
- Intro to Scythian Suite
- Scythian Suite, Opus 20 II: The Enemy God And The Dance Of The Dark Spirits
- Intro to The Iron Foundry
- The Iron Foundry, Opus 19
- The Unforgiven III
- All Within My Hands
- (Anesthesia) – Pulling Teeth
- Wherever I May Roam
- One
- Master of Puppets
- Nothing Else Matters
- Enter Sandman
Note : 19.5/20
Par Nikkö