avril 18, 2024

Rotting Christ – The Heretics

Avis :

Quand on évoque la Grèce, les premières choses qui viennent en tête sont la mythologie, les monuments antiques ou encore la gastronomie et le sirtaki. Rares sont ceux qui vont vous parler du métal grec, car en règle générale, les groupes de métal grecs ne font pas les choses à moitié. Prenons pour exemple les deux représentants les plus emblématiques, Septicflesh et Rotting Christ. Déjà, rien qu’aux noms, on commence à sentir la putrescence et un certain sens de la violence. Et en effet, les deux groupes tabassent sévère officiant dans des genres différents mais qui oscillent constamment entre Black, Death et Core. Rotting Christ est un cas très particulier car peu à peu, le groupe est devenu un duo, les frères Tholis, dont l’un s’occupe de la batterie et l’autre de la guitare et du chant. Bien évidemment, en live, ils recrutent quelques personnes, mais pour ce qui est de l’enregistrement studio, depuis maintenant huit ans, les deux garçons se débrouillent tout seul. The Heretics, sorti en 2019, est le treizième album du groupe et arrive avec une régularité sans faille, le groupe sortant un album tous les trois ans depuis 2004. Virulent, dense, pesant, parfois répétitif, Rotting Christ avait déjà pour habitude de bousculer les codes et de changer de cap sur presque tous les albums et ici, ils continuent leur petit bonhomme de chemin.

Le skeud débute avec In the Name of God et on va y ressentir une certaine pression. Débutant avec des paroles scandées à une foule (chose qui reviendra souvent au cœur de l’album), la formation ouvre les vannes par la suite et libère des riffs tellement lourds qu’ils en effacent toute mélodie. Grandiloquent, perturbant, surpuissant, le groupe ressemble à un boulet de destruction et semble vouloir détruire des cathédrales tout en gardant des chœurs, des cantiques qui font écho à une certaine religion. Religion qui va en prendre pour son grade durant tout l’album, énumérant des dieux stupides qui vont tout faire pour contrôler les masses. Avec Vetry Zlye, Rotting Christ s’éloigne volontairement du Black à tendance Pagan pour partir vers des contrées plus accessibles et un Death parfaitement maîtrisé. Encore une fois, le groupe surprend par ses choix de genre, libérant par la même des chœurs féminins qui vont adoucir l’ensemble du titre, pourtant costaud dans ses rythmiques. Heaven & Hell & Fire propose une petite visite des enfers avec des cris de douleur au départ, pour déclencher par la suite des riffs puissants et lents, faisant écho à un Doom Métal dépressif. La grandiloquence apportée par les chœurs masculins en fond donne du relief à un morceau qui donne une patate infernale. Si certains y verront peut-être une certaine redondance, le titre est suffisamment varié pour ne jamais ressentir de l’ennui. Hallowed be thy Name n’a rien à voir avec le morceau d’Iron Maiden et il va se plonger corps et âme dans un style assez indéfinissable, répétant inlassablement le titre de la chanson pour monter crescendo au niveau des riffs et peser encore plus lourd dans la balance. Ce qui sera aussi le cas de Dies Irae, structuralement brutal comme jamais, manquant de finesse dans les riffs, mais offrant un chant liturgique entêtant et qui s’accorde parfaitement avec le reste.

Pour enclencher la seconde moitié de l’album, le groupe fait le choix de proposer I Believe et c’est une âpre déception. Redondant, oubliant carrément une mélodie pour accrocher l’auditeur, le groupe livre un titre qui s’approche dangereusement du Drone Métal pour laisser sur le carreau à cause d’une rythmique bien trop violente et sans grand intérêt. Surtout sur plus de trois minutes. Heureusement, Fire God and Fear va redresser la barre, lâchant un début parlé des plus percutants et des plus vrais, expliquant que ceux qui peuvent faire croire des absurdités, peuvent faire commettre des atrocités, en référence, bien évidemment, au fanatisme religieux. Puissant, dense et ravageur, le titre est tout simplement parfait, proposant même un refrain aérien au niveau du chant qui fait écho à certaines prières. Bref, c’est du tout bon sur ce titre. The Voice of Universe va finir le boulot prémâcher avec le titre précédent et délivre un très gros morceau surpuissant et d’une densité rare. Peu de paroles, du chant en arabe, des Ave Gloria pour scander l’ensemble et le groupe délivre une partition parfaite et qui frôle l’épique au niveau de la batterie. The new Messiah va s’aventurer dans des ajouts un poil électro, notamment au niveau de la voix, tout en scandant, sans aucun arrêt « Messiah », pour fournir un titre qui n’ennuie jamais, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Enfin, pour clôturer l’album, le groupe balance The Raven, qui sera une synthèse de tout ce que l’on vient d’entendre.

Au final, The Heretics, le dernier album en date de Rotting Christ, est une belle réussite, même si parfois, sur certains morceaux, on peut ressentir une certaine redondance. Mélangeant les genres de façon presque optimale, insaisissable sur une seule écoute et se dévoilant petit à petit, on peut dire que les grecs ont fait forts avec cet album, même si quelques scories résident encore au sein de certaines pistes. Néanmoins, il ne faut pas forcément faire la fine bouche, tant les qualités sont présentes dans cet album.

  • In the Name of God
  • Vetry Zlye
  • Heaven & Hell & Fire
  • Hallowed be thy Name
  • Dies Irae
  • I Believe
  • Fire God and Fear
  • The Voice of Universe
  • The New Messiah
  • The Raven

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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