Avis :
Certaines informations sont plus faciles à trouver que d’autres, notamment en ce qui concerne les groupes de Métal un peu obscurs, ou qui n’ont pas le rayonnement de formations plus mainstream. Prenons comme exemple Gaia Epicus. Il s’agit d’un groupe norvégien qui a été fondé au début des années 90, mais qui a changé de nom cinq fois avant de trouver sa forme définitive en 2001. Forcément, avec de tels changements, il est compliqué de retrouver un line-up qui soit plus ou moins stable, mais on sait surtout que Gaia Epicus, c’est avant tout Thomas Chr. Hansen, guitariste et chanteur, qui est présent depuis les débuts du groupe. Vendu comme une formation de Power Métal, avec Alpha & Omega, sixième album du groupe, on aurait presque tendance à dire que l’on s’est fait un peu avoir, car ici, on est plus proche du Thrash.
Pourtant, tout laissait à croire à du Power. Le titre de l’album, la pochette avec son sorcier qui semble maîtriser le feu, même le patronyme du groupe, tout concordait pour entendre des chants lyriques et des orchestrations monumentales. Et dès le départ, on va se rendre compte que Gaia Epicus, c’est un peu plus que ça. War Against Terror frappe fort dès son introduction, avec une batterie ultra rapide, et des sonorités qui semblent provenir de diverses émissions télévisées. On retrouve tous les atours d’un Thrash simple et efficace, jusqu’aux riffs véloces et au chant un peu nasillard. Bref, on n’est clairement pas dans du Power avec des elfes et des licornes. Il va en aller de même avec The System is Down qui reprend le même moule, laissant aussi beaucoup de place aux instruments, avec de jolis solos et une grosse technique.
Cela ne va pas s’arrêter là puisque Crush aura une ambiance très années 90 dans ses sonorités, avec une grosse basse et un riff hyper addictif qui reste en tête. Là encore, point de Power à se mettre sous la dent, et on va accepter le fait de s’être fait un peu avoir sur la marchandise, surtout quand la qualité est au rendez-vous. Ici, le refrain reste bien en tête, et c’est une belle réussite. Ce que ne sera pas Don’t Be a Fool, qui va tomber dans une sorte de contre-productivité. L’aspect Power fait surface, mais c’est sur le chant que le bât blesse. Il y a une dualité entre un chant plus grave et un chant aigu, mais ça ne fonctionne pas, et on a l’impression d’écouter une parodie. Difficile d’ailleurs de ne pas rire lorsque le chanteur fait ses « oh oh » nasillards.
Join the Dark Side aura encore ce côté presque parodique du genre, s’amusant avec le thème de Star Wars, mais cela va nous sortir de l’album. On va se rendre compte qu’il manque tout de même de la cohérence entre les morceaux. Et vu que l’on a déjà été dérouté par la distance entre la pochette et le style abordé par le groupe, ici, ça rajoute une nouvelle couche d’incompréhension et de ligne directrice hasardeuse. The Poison lorgnera dans un mélange entre différents styles de métal, mais on verra le verre à moitié plein, avec un gros riff très agréable. Puis Fire & Ice (Reborn) sera un morceau Power en diable plutôt réussi, même s’il lui manque un peu plus d’épaisseur dans le refrain pour vraiment nous happer complètement. Quant à We Belong to Yesterday, Gaia Epicus retombe dans ses travers et propose un morceau raté et sans aucun intérêt.
Heureusement, Blinded by Hate va sauver les meubles et redresser la barre. Le titre est puissant, nerveux, et il va dévoiler tout l’aspect Thrash dont est capable le groupe. Et c’est étonnant de constater que les norvégiens sont meilleurs dans le Thrash que dans le Power, genre pourtant assumé par la formation. Pour preuve, Destiny Calls reste un morceau moyen, qui n’apporte pas grand-chose de neuf à l’album. Land of the Rising Sun est sympathique, mais pêche par un refrain où le chant en commun ne fonctionne pas du tout. On ressent tout le manque de budget pour faire du Power. Quant à Alpha & Omega, du haut de ses sept minutes et cinquante secondes, il possède les mêmes scories et n’arrive jamais à pleinement convaincre. Un triste constat, mais qui permet de se dire que les types feraient mieux de se convertir au Thrash.
Au final, Alpha & Omega, le sixième album de Gaia Epicus, est une semi-réussite. Le côté Thrash est puissant, entrainant et techniquement irréprochable. Mais le côté Power, sous-exploité ici, manque cruellement d’ingéniosité et d’amplitude dans ses compositions. Les chants n’ont pas assez de tessiture, il manque quelques éléments orchestraux, et on reste dans des clichés du genre qui auraient pu être évités. Bref, un album en demi-teinte, dont on préfèrera largement les partitions Thrash à celles Power. Et ça tombe, parce que c’est ce qu’il y a de plus présent.
- War Against Terror
- The System is Down
- Crush
- Don’t be a Fool
- Join the Dark Side
- The Poison
- Fire & Ice (Reborn)
- We Belong to Yesterday
- Binded by Hate
- Destiny Calls
- Land of the Rising Sun
- Alpha & Omega
Note : 14/20
Par AqME