avril 19, 2024

Anaconda

Titre Original : Anaconda

De : Luis Llosa

Avec Jon Voight, Jennifer Lopez, Ice Cube, Eric Stoltz

Année : 1997

Pays : Brésil, Pérou, Etats-Unis

Genre : Aventure, Horreur

Résumé :

Afin de réaliser un documentaire sur une peuplade inconnue d’Amazonie, l’anthropologue Cale et son équipe s’enfoncent dans la jungle. Ils portent secours à Paul Sarone, chasseur de serpent dont l’embarcation est en panne. Il profite de la faiblesse de Cale pour prendre le commandement de l’équipe et s’enfoncer plus avant dans la forêt, à la poursuite du plus grand des reptiles, l’anaconda, qui broie ses victimes avant de les gober tout entières.

Avis :

Le survival animalier est un genre très répandu dans le cinéma, mettant en scène de pauvres hères qui doivent survivre à diverses attaques d’animaux affamés. Cependant, bien souvent, les animaux restent à taille normale et sont choisis pour leurs caractéristiques physiques, à savoir un corps musculeux, une discrétion accrue et parfois leur taille, allant du bon gros crocodile à la minuscule sangsue. Durant les années 80, très rares sont les films à utiliser des animaux géants pour créer la peur. On peut citer le nanardesque Thunder of Gigantic Serpent, où un scientifique fait grandir plantes et reptiles, mais c’est à peu près la seule référence que l’on peut avoir. C’est-à-dire qu’à l’époque, si on voulait prendre un gros serpent, on prenait une espèce imposante, comme par exemple le Black Mamba dans Venin avec Klaus Kinski. Dans les années 90, la donne va changer avec Anaconda de Luis Llosa qui trouve un juste milieu entre gigantisme et taille naturelle, offrant un gros serpent sans qu’il paraisse démesuré. Souvent moqué, parfois considéré comme un mauvais film, Anaconda, le Prédateur est pourtant un métrage bis plutôt sympathique, au casting aussi imposant que son serpent.

Et difficile de ne pas aborder en premier lieu ce casting luxueux qui ferait rêver aujourd’hui encore. En tête d’affiche, on trouve Jennifer Lopez, alors au top de sa carrière dans les années 90 et qui obtient ici l’un de ses premiers grands rôles. Elle campe ici une réalisatrice de documentaires qui veut trouver une tribu indienne secrète et elle sera la gentille du film. A ses côtés, on peut compter sur Jon Voight, le papa d’Angelina Jolie, qui va être l’élément perturbateur de l’histoire, ce fou furieux à moitié manique qui veut attraper un anaconda géant vivant pour son bon plaisir et l’argent qu’il risque d’y gagner. L’acteur est parfait et fait froid dans le dos, malgré quelques moments un peu surjoués. On notera la présence d’Ice Cube en ami fidèle, d’Owen Wilson en preneur de son manipulable et donc sacrifiable, ou encore Jonathan Pryce en présentateur détestable au départ mais qui va évoluer de manière positive, puis Eric Stoltz en petit ami gentil mais qui va voir un gros problème de santé, créant ainsi une double tension avec le serpent. Très clairement, on a un beau casting, avec des acteurs impliqués, même si, parfois, leurs personnages sont très stéréotypés.

C’est une des faiblesses du film, on ne va pas se le cacher, les personnages remplissent des cases dans un cahier des charges bien défini. Jennifer Lopez est la gentille héroïne qui ne va pas mourir. Ice Cube est le meilleur ami de toujours, au grand cœur, qui va tout faire pour aider son amie. Jon Voight est le pourri de l’histoire, celui par qui les emmerdes vont arriver et qui sera bien évidemment l’ennemi humain en plus du serpent. Owen Wilson sera le petit queutard sympathique au départ, mais qui va se faire influencer par le méchant et l’appât du gain et qui donc, va mourir bêtement, tout comme sa petite amie. Jonathan Pryce sera le personnage le plus intéressant dans le sens où il est détestable au départ, pédant et prétentieux, et il va se rabaisser durant le métrage pour finalement se sacrifier pour le bien commun. On le voit, tous ces protagonistes remplissent des fonctions bien définies et on n’aura aucune surprise là-dessus, le film ne cherchant pas à surprendre sur le devenir de ses personnages, mais plutôt sur les diverses attaques qu’ils vont subir. Et le serpent de prendre toute son importance. Car oui, Luis Llosa n’a pas oublié que son anaconda était aussi un personnage clé de son métrage. Ses attaques sont violentes, on a la sensation qu’il est omniprésent et il est très imposant, sorte de boogeyman increvable.

L’autre défaut du film, c’est son rythme. Il faut dire que le film prend le temps avant les attaques de serpent de montrer les différentes interactions entre les personnages, leurs rôles dans le documentaire et la rencontre avec ce bon gros psychopathe. On a la sensation que le réalisateur veut vraiment montrer tous les dangers possibles de cette rivière, en plus du serpent, en faisant pleuvoir à torrent, en proposant des guêpes venimeuses ou encore des pièges naturels dans le fond de l’eau. De ce fait, le film va pédaler un peu dans la semoule durant son démarrage, pour vraiment prendre son rythme de croisière à partir du moment où l’anaconda est péché. A ce moment-là, le film ne s’arrête plus et va mettre en avant des attaques sournoises, virulentes et sans concession. Si les effets spéciaux ont un peu vieilli, ils ne sont pas honteux pour autant et le mélange de numérique et d’animatronic est plutôt bien venu. On regrettera simplement un serpent un peu trop gourmand, ne collant pas à la réalité, mais aussi à un manque certain de prise de risque dans les effets gores. Très franchement, il y aura un seul moment un peu sale, lorsque Jon Voight se fait recracher à moitié digéré, mais ça reste très soft. Cependant, Luis Llosa essaye vraiment des choses dans sa mise en scène pour surprendre le spectateur. Si des tics sont utilisés plusieurs fois, comme cette caméra qui se penche pour annoncer une attaque et un mort, on aura droit à différents points de vue qui démontrent une volonté de donner un corps particulier à son film. Et on perçoit cela en rentrant par exemple directement dans le corps du serpent au moment où il absorbe le méchant du film. Si c’est parfois maladroit, c’est toujours fait avec une envie profonde de faire un film qui a de la gueule.

Au final, Anaconda, le Prédateur est un film qui est injustement fracassé et qui ne mérite pas son statut de nanar auprès de quelques spectateurs. Certes, le film est loin d’être parfait et il a de nombreux défauts, mais il est aussi fait avec le cœur et propose un vrai spectacle avec des idées de mise en scène et des personnages pas si désagréables que ça. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs qu’il ait donné lieu à toute une franchise et même à de petits cousins quelques années plus tard comme Boa, Python et consorts. Bref, un film sympathique, pas indispensable mais qui est très loin de la bouse que l’on veut nous faire avaler.

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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