D’Après une Idée de : Marvin Kren
Avec Robert Finster, Ella Rumpf, Georg Friedrich, Christoph Krutzler
Pays: Autriche, Allemagne
Nombre d’Episodes: 8
Genre: Drame, Policier, Thriller
Résumé:
Vienne, fin du XIXe siècle. Le jeune Sigmund Freud se retrouve impliqué dans un complot obscur aux côtés d’une voyante en enquêtant sur des meurtres et des disparitions.
Avis :
Hormis Freud, passions secrètes ou, plus récemment, A Dangerous Method, Sigmund Freud a eu droit à peu de transpositions fictionnelles à travers le septième art. Pourtant, d’autres sommités dans leur domaine ont fait l’objet d’un biopic plus ou moins romancé. On songe à Une Merveilleuse histoire du temps pour Stephen Hawking ou à Radioactive pour Pierre et Marie Curie. Sous la forme d’une découverte ou d’une véritable révolution, ils ont contribué à bousculer les idées reçues, ne serait-ce qu’au vu de leurs pairs. Cependant, la présente série n’est pas un biopic consacré au père de la psychanalyse.
Sobrement intitulée Freud, cette production austro-allemande se penche sur une intrigue purement fantasmée qui précède la célébrité du principal intéressé. Conspué par les critiques « professionnelles », il est tout de même malheureux de tenir un argumentaire à charge sur ce que ne représente pas la série. Celle-ci n’a pas pour ambition de s’atteler à une reconstitution rigoureuse de la vie de Freud. Elle ne le sous-entend même pas. Aussi, les reproches généralement évoqués s’avèrent infondés, car hors de propos. On peut donc regretter une telle médiocrité dans des diatribes acerbes et suffisantes, pas même capables de distinguer un biopic d’un thriller psychologique.
Pourtant, le scénario n’est pas exempt de défauts. Avant de s’y atteler, il convient tout de même de s’attarder sur une atmosphère assez intrigante dans cette confrontation entre ce qui deviendra la psychanalyse, l’hypnose et, dans une certaine mesure, le surnaturel, à tout le moins l’inexplicable, qui peut découler de certains comportements. Malgré des prémices qui laissent augurer une ou plusieurs enquêtes, le rapprochement entre ces deux aspects demeure du domaine de l’abstrait. Contrairement à Houdini & Doyle qui usait du même concept, il n’y a pas forcément de complémentarité dans les compétences des personnages.
Par ailleurs, on s’éloigne rapidement d’un traitement classique où les investigations de départ passent au second plan. En soi, ce n’est pas un mal puisque l’affaire semble être l’occasion pour Freud d’éprouver ses théories. Le discours reste assez simple à appréhender pour le spectateur et ne sombre guère dans des propos abscons connus des seuls psychanalystes. Cette vulgarisation, nécessaire dans de telles conditions, permet de mieux considérer la nature humaine sans céder à la facilité du sensationnalisme, de l’ignorance ou même du paranormal.
Car certains atours de l’histoire mettent sciemment en avant une connotation ésotérique. Dans un premier temps, on songe à l’occultisme et aux superstitions qui tiennent lieu de croyances. La frontière est souvent floue, même si le pragmatisme du personnage principal rapporte les faits à un rationalisme de circonstances. Il ne s’agit pas uniquement d’une folie latente, mais de la bestialité qui sommeille en chaque être humain. Par la suite, le caractère ésotérique emprunte une symbolique déroutante qui, en un sens, est la cause des dissensions sur les qualités intrinsèques de la série.
La deuxième moitié se perd dans des errances où l’on ne distingue plus la réalité des hallucinations. On se heurte à des délires orgiaques et des introspections représentatives d’obsessions purement primaires. Difficilement indissociable de la psychanalyse, la sexualité se révèle explicite à plus d’un titre. L’évocation du mythe d’Œdipe côtoie d’autres formes de relations incestueuses, de fantasmes, de fétichismes et d’allusions scabreuses. Les allégories et les métaphores visuelles supplantent alors l’intelligibilité de la narration, comme si l’on volontairement noyer le spectateur dans un marasme absurde et délétère.
Au final, Freud est une série qui s’écartèle entre des idées intéressantes et une progression confuse, très spéculative quant à la bestialité de l’humanité. Le récit délaisse rapidement les considérations propres à l’affaire criminelle pour explorer les fondamentaux de la psychanalyse. Un traitement tortueux et torturé qui aime à multiplier les séquences qui font la part belle à l’aliénation mentale, sans raison aucune. On regrette également une reconstitution historique minimaliste dont le principal panorama demeure la cathédrale Saint-Étienne de Vienne et des décors qui sentent bon le tournage en studio. Il en ressort une production affublée d’une ambiance soignée, mais inconstante dans son déroulement.
Note : 12/20
Par Dante