décembre 13, 2024

Masters of Horror Saison 1

D’Après une Idée de : Mick Garris

Avec Norman Reedus, Billy Drago, Henry Thomas, Robert Englund

Pays: Etats-Unis

Nombre d’Episodes: 13

Genre: Horreur

Résumé:

Une série d’anthologie avec un grand nom du cinéma d’épouvante derrière chaque histoire…

Avis:

Mick Garris est un réalisateur américain qui a eu beaucoup de chance durant sa carrière, car il a noué une amitié très forte avec un certain Stephen King. S’il commence son travail au milieu des années 80 et livre un deuxième épisode plutôt rigolo des Critters, il se fera surtout connaître durant les années 90 grâce à ses adaptations du célèbre maître de l’horreur. Il commence avec La Nuit Déchirée et ses hommes-chats, puis continue avec le téléfilm Le Fléau avant d’accepter la mise en images du Shining voulu par Stephen King himself, puisque ce dernier n’était pas du tout satisfait de la version de Kubrick. Malheureusement, Mick Garris n’est pas forcément un grand réalisateur. S’il n’a jamais eu de gros budget entre les mains, il reste un artisan honnête mais qui n’arrive pas à transcender son travail. Au milieu des années 2000, voyant le potentiel de l’horreur, qui est le genre le plus produit dans le monde, il décide d’appeler ses copains pour leur demander de faire une anthologie de treize épisodes pour former les Masters of Horror. Et s’il y a des absents, comme Wes Craven, George A. Romero ou encore Sam Raimi, le casting que réunit là Mick Garris est impressionnant, avec John Carpenter, Dario Argento, Tobe Hooper ou encore Stuart Gordon, ça vend du rêve. Mais le rêve ne va-t-il pas tourner au cauchemar, ce qui serait logique vu les thématiques? C’est ce que l’on va voir à travers treize moyens-métrages relativement inégaux.

La série commence avec La Fin Absolue du Monde de John Carpenter. L’histoire raconte la recherche d’un film maudit par un exploitant de cinéma qui est mandaté par un riche passionné. Ce film est réputé rendre fou quiconque le regarde. Bien évidemment, tout cela va mal se passer. Ici, Big John parle de la puissance du cinéma, des images et de ce que cela peut faire sur notre subconscient. Un peu long à se mettre en place, le film gagne des galons sur sa fin, gore à souhait et qui pose une bonne réflexion sur le cinéma d’horreur. Les acteurs sont plutôt bons, à l’instar d’un Udo Kier inquiétant et viscéral. Néanmoins, cette entrée en matière montre un rythme mal équilibré et une horreur qui s’installe uniquement en fin de métrage. Mais ce sera toujours mieux que le segment suivant, Le Cauchemar de la Sorcière par Stuart Gordon (Re-Animator), qui part en sucette très rapidement. Là, un étudiant s’installe dans une vieille bicoque et trouve qu’une sorcière vit dans les combles et force le jeune homme à tuer un bébé. Mou, sans grand intérêt avec une fin bâclée, on a connu le réalisateur plus inspiré. Et il est difficile de se remettre du rat à tête humaine…

Le troisième film va être un peu plus intéressant car il part très rapidement dans un glauque infâme et dérangeant. Dario Argento signe avec Jennifer l’un des meilleurs épisodes de cette première saison. Un policier va sauver une jeune femme défigurée et il va se prendre d’affection pour ce monstre. Malheureusement, Jennifer est un vrai monstre, aussi bien physiquement que mentalement. Elle dévore le chat de la maison, puis la petite voisine et soumet à sa volonté le pauvre flic en lui faisant l’amour de façon bestiale. Non seulement c’est dérangeant parce que la thématique du monstre est bien traitée, mais aussi parce qu’Argento y va généreusement et délivre un gore décomplexé et parfois drôle. La fin est tragique, bien qu’attendue, mais globalement, ce segment ne laisse pas indifférent. Contrairement à Chocolat de Mick Garris, certainement le plus mauvais épisode de la sélection. Cette histoire de type qui voit à travers les yeux d’une femme dont il va tomber amoureux et qui se termine en règlement de compte est totalement ridicule en plus de ne pas faire peur. Hormis deux micro scènes gores, il n’y a rien à se mettre sous la dent et le pauvre Henry Thomas fait ce qu’il peut pour donner de la consistance à un scénario bancal et peu intéressant.

Le cinquième film est mis en scène par Joe Dante (Gremlins) et promet de nous faire voir des zombies. Vote ou Crève est une critique acerbe du système électoral américain et de la politique en règle générale. Ici, des zombies sortent de terre pour aller voter. Si pour beaucoup le segment est réussi, on peut aussi y ressentir un ennui poli où tous les poncifs du genre sont utilisés, jusqu’à la nana imbuvable, à la solde des présidents et n’hésitant pas à mentir pour avoir le beau rôle dans les journaux. Si c’est le segment le plus politisé, il n’en demeure pas moins le plus incongru et étrange dans sa démarche. Quant à William Malone (réalisateur du très mauvais Terreur.Point.com), il signe avec La Cave un métrage qui n’est pas inintéressant mais qui enfile des perles sur son scénario. Survival typique avec une pointe de fantastique, le film raconte l’histoire d’un couple ayant pactisé avec un monstre pour qu’il se nourrisse de pauvres personnes afin de faire ressusciter leur défunt fils. La plus grande réussite de ce moyen-métrage est clairement le monstre, atypique et dérangeant, dont les mouvements saccadés rajoutent à l’étrangeté de la scène. Malheureusement, on s’enfonce dans le mauvais goût avec un final peu percutant et des acteurs très mauvais.

Alors que l’on est quasiment à la moitié de la saison, on va tomber, coup sur coup, sur deux bons films. Le premier est signé Don Coscarelli (Phantasm) et se nomme La Survivante. Le réalisateur le sait, il a peu de moyen, peu de temps, et il va donc faire un pur survival dans les bois avec une nana qui va se faire piéger par un monstre. Très classique dans sa narration, même dans son déroulé, ce segment est relativement généreux en action et possède même un fond, avec ce survivalisme exacerbé et cette jeune femme qui a déjà dû faire affaire à un monstre, bien humain celui-ci. En bref, c’est bien ficelé et c’est efficace. L’autre segment, c’est Liaison Bestiale de Lucky McKee. Réalisateur qui aime mettre en scène des femmes et parler de féminisme, va ici parler d’entomologie au milieu d’une relation homosexuelle. Encore une fois, les thèmes brassés sont excellents, l’homophobie est bien présente et punie comme il se doit et le final bien sanglant montre un monstre bien craspec comme il faut. Et puis il y a cette touche d’humour propre au cinéaste qui fait mouche (oui, on reste dans les insectes).

Pour la suite, on va retomber dans une inconstance pénible. Et le plus surprenant, c’est que les meilleurs réalisateurs d’horreur se plantent complètement dans cet exercice. La preuve avec Tobe Hooper qui, avec son La Danse des Morts, offre un segment faiblard, bordélique et sans intérêt. Sorte de récit post-apo avec des zombies inoffensifs et du trafic d’organes, l’ensemble est peu emballant et laisse un goût amer dans la bouche avec un final complètement pété. Fort heureusement, le niveau remonte grâce à Larry Cohen et son Serial Auto-Stoppeur, là-aussi foutraque dans son scénario, mais jouissif dans sa présentation des personnages et sa dualité entre deux tueurs en série; Alors certes, ça ne va pas chercher bien loin, mais ce concours de bites est amené de façon très drôle et on prend beaucoup de plaisir sur ce petite segment sans prétention mais au final très fendard.

Pour les trois derniers segments, on va rester sur cette sensation de déséquilibre. John Landis va fournir un excellent morceau avec La Belle est la Bête. Plus comédie qu’horreur (on connait les habitudes du cinéaste) mais ce segment recèle des passages absolument savoureux, un anti-héros très attachant et surtout, un monstre d’une beauté incroyable. Hilarant, maîtrisé, ne se prenant jamais vraiment au sérieux, John Landis se fait plaisir et nous fait plaisir par la même occasion. Par contre, les deux autres segments seront moyens, voire carrément à côté de la plaque. John McNaughton livre Les Amants d’Outre-Tombe et ce segment est d’un ennui incroyable. Flirtant constamment entre les thématiques de Frankenstein et celles des zombies, on se retrouve face à une romance glauque pénible et qui tire en longueur. Pour faire claire, c’est tout simplement mauvais. Et enfin, Takashi Miike livre avec La Maison des Sévices un torture-porn fainéant, relativement gore sur une séquence, mais qui part en couille sur la fin, avec une main qui sort d’une tête et qui est plus ridicule qu’autre chose. On s’attendait à autre chose de la part du réalisateur japonais et surtout de la promesse de cet inédit interdit à la télé à l’époque…

Au final, cette première saison des Masters of Horror n’est pas désagréable. Le problème, c’est qu’il y a vraiment un problème de déséquilibre entre certains segments et on aura tendance à rester sur les mauvais films. Pour autant, difficile de jeter la pierre à qui que ce soit, puisque certains épisodes sont vraiment excellents, d’autres très mauvais et cela vient certainement du fait de tirer parti d’un budget riquiqui et d’une durée déjà déterminée. Certains cinéastes sont plus doués que d’autres pour arriver à faire peur ou créer une atmosphère angoissante en peu de temps, alors que d’autres n’arrivent qu’à effleurer des thématiques sans jamais exploiter le potentiel horrifique de leur histoire. Bref, soufflant le chaud et le froid, cette première saison reste une expérience intéressante pour tous les fans d’horreur, permettant de voir de grands cinéastes dans un exercice de style plus compliqué qu’à l’accoutumée.

Note: 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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