mars 28, 2024

Body Count – Carnivore

Avis :

Pour de nombreux fans de métal, le Nu-Métal, ce mélange entre métal et rap, n’a pas lieu d’exister. Et c’est bien dommage de vouloir restreindre un genre musical en lui refusant toute évolution, ou tout du moins, toute divergence avec d’autres styles. Mais qu’importe les avis de quelques tronches qui se pensent élitistes, cela n’empêche pas certains groupes de tenir la dragée haute à d’autres bandes dans des genres divers et variés. Et pour cela, il suffit de jeter une oreille sur les albums de Body Count. Fondé dans les années 90 autour du rappeur Ice-T qui a eu l’idée de ce groupe pour faire plaisir à son pote Ernie C qui jouait de la guitare à l’époque. Dès lors, la formation va connaître un succès fulgurant, s’amusant à faire des featurings gargantuesques et des hommages à chaque album. Forcément, la sortie d’un nouveau Body Count est un petit évènement et quand Carnivore a pointé le bout de son nez, on avait fortement envie de se faire mordre. Car faire suite à Bloodlust, qui était une tuerie à tous les étages, les californiens étaient attendus au tournant et les fans espéraient se reprendre une bonne grosse latte dans la tronche. Est-ce le cas avec ce septième effort ?

Le skeud débute avec le titre éponyme de l’album. Début apocalyptique, promesse d’un riff ultra lourd et d’une violence qui ne demande qu’à exploser, Body Count met les bouchées doubles sur cette entrée en matière, restant fidèle aussi à son univers très urbain, avec des sirènes de police. Fait étrange sur ce titre, le refrain est une alternance de chant clair et d’un growl profond, montrant toute la colère latente du groupe. La formation reste sur le même style un peu hardcore avec Point the Finger en featuring avec Riley Gale du groupe Power Trip. Sans être un immanquable de l’album, ce morceau propose des riffs puissants et rapides et délivre une énergie folle. Bum-Rush sera plus dans un style Groove métal avec sa batterie saccadée qui délivre un bon rythme. Cependant, le morceau est moins puissant que les deux précédents et manque un peu de crocs. C’est très efficace, comme souvent avec Body Count, mais ça manque d’un petit truc en plus pour être vraiment très bon. Entre un refrain trop simpliste et des couplets en dedans, le morceau s’avère tout de même en deçà du reste, et cela malgré un joli solo. C’est à ce moment qu’intervient l’hommage de l’album. Alors que Slayer était à l’honneur sur le précédent opus avec Raining Blood, ici, c’est Motörhead avec une belle reprise de Ace of Spades. Et là, c’est déjà gagné d’avance pour le groupe, qui délivre un morceau presque identique à l’originale et cela fonctionne à plein régime. Enfin, pour marquer la fin de cette première moitié d’album, le groupe s’accorde les talents de Jamey Jasta (Hatebreed) pour fournir un titre hardcore précis et colérique à l’univers désespéré et lourd. Une superbe réussite avec en plus un refrain qui marche du tonnerre.

La seconde débute assez fort avec Colors – 2020, un titre beaucoup moins hardcore que le reste, plus construit, mais qui bénéficie d’un riff d’une efficacité incroyable durant les couplets. Non seulement ça s’accorde parfaitement avec le rap d’Ice-T, mais ça claque dans les refrains et ça donne une pêche d’enfer. Encore une fois, le groupe réussit son pari de faire un lien indissociable entre rap et métal, comme si les deux genres étaient aussi faits pour s’entendre. Le morceau est tout simplement parfait. Quant à No Remorse, le groupe renoue avec un Hardcore puissant et bien rigide, pour un titre assez court, aux paroles bien virulentes et à l’ambiance assez sombre. Un morceau sans concession, ultra puissant et qui remplit parfaitement son office. Etrangement, le morceau suivant va être celui qui donnait le plus à craindre puisqu’il s’agit d’un featuring avec Amy Lee, la chanteuse d’Evanescence et on ne peut pas dire que les univers soient concomitants. Pour autant, l’ensemble fonctionne parfaitement, faisant un hommage à un ami rappeur décédé, la chanteuse faisant une voix presque fantomatique durant la majeure partie du titre et assure sur son couplet, où les guitares se feront moins percutantes. L’osmose est bien là et pourtant, on n’aurait pas misé un kopek là-dessus. Thee Critical Beatdown revient aux premiers amours du groupe avec un Hardcore bien nerveux, court et concis, qui va droit au but et délivre une violence sans retenue. Le rythme est rapide et l’ensemble aurait eu totalement sa place sur l’album précédent. Une belle continuité qui démontre la colère qui continue d’habiter le groupe. The Hate is Real clôturera l’album de la plus belle des manières, parlant bien évidemment racisme et violence policière et l’ensemble reste complètement fidèle au groupe, associant rap et virulence métal pour un résultat qui donne envie de se briser la nuque. En guise de bonus, le groupe délivre 6 in tha Morning, un ancien morceau inédit et c’est très bon.

Au final, Carnivore, le dernier opus de Body Count, est encore une fois une belle réussite pour le groupe qui déroule toute sa rage envers les injustices et le manque d’égalité et d’équité. Peut-être moins puissant que Bloodlust, Ice-T et compagnie offre tout de même un album d’une qualité indéniable, où les riffs surpuissants côtoient un rap vigoureux et plein de bon sens. Bref, Body Count offre encore un très album dont il serait dommage de passer à côté.

  • Carnivore
  • Point the Finger feat Riley Gale
  • Bum-Rush
  • Ace of Spades
  • Another Level feat Jamey Jasta
  • Colors – 2020
  • No Remorse
  • When I’m Gone feat Amy Lee
  • Thee Critical Beatdown
  • The Hate is Real
  • 6 in tha Morning – 2020

Note: 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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