Auteure : J.K Gras
Editeur : J.K-Gras
Genre : Aventure, Romance
Résumé :
Septembre
1750
Une bande de pirates m’a enlevée dès mon arrivée dans le Nouveau Monde. Je suis
Florence de l’Aigle, fille du marquis des Acres. Si vous trouvez ce message,
s’il vous plaît, prévenez Monsieur Conor Mc Pherson à Charleston.
J’ai peur. J’ai mal.
J’ignore pourquoi ils s’en sont pris à moi. Ils ne réclament aucune rançon.
Nous faisons voile vers Tortuga. Par pitié, venez à mon secours!
Avis :
Le tome un de la saga Les âmes pirates, constitue un petit bijou d’aventures, menées tambour battant par une femme au caractère fort, espiègle et bien plus maline qu’elle ne le laisse paraître de prime abord. L’auteure ne tombe pas dans les pièges des romans d’amour, ou des révélations sans saveur. Bien que les rebondissements n’étonnent pas toujours, des indices se disséminent en effet habilement sur le chemin du lecteur, le dénouement final surprend et clôt le roman avec brio. L’Anarkhia constitue une lecture rafraîchissante, notamment grâce à une héroïne haute en couleurs, redoutable et très intelligente. Un coup de cœur indéniable pour cet univers, alliant Histoire, piraterie et féminité ; un trio qui fonctionne à merveille, pour une intrigue efficace et palpitante.
Suivre les aventures de Florence fait littéralement du bien. La jeune femme est une source d’inspiration, étant donné sa force de caractère et la lutte qu’elle mène, envers et contre tous. Le lecteur apprécie d’être intimement lié à ses pensées, ses doutes et ses questionnements. Les passages alternant entre passé et présent nous permettent de mieux la connaître et de s’attacher plus profondément à elle. Ces instants entre deux temps sont bien incrustés dans l’histoire et mettent en place un suspense appréciable. Effectivement, ce ne sera qu’après plusieurs retours dans le temps que le lecteur comprendra complètement la situation présente ou l’ambiguïté de l’héroïne. Loin du portrait sans reproche que l’on pourrait imaginer d’une femme provenant d’une famille distinguée et aisée, Florence détonne dès les premiers instants de sa vie. Ce personnage rafraîchissant s’avère la force de ce tome un. Le capitaine de l’Anarkhia constitue, quant à lui, une figure masculine tout aussi prenante, qui cache de nombreux secrets, et qui apparaît comme bien plus compliqué que le simple pirate auquel il ressemble.
A travers cette saga, l’auteure nous fait également part de ses recherches sur le monde de la piraterie, et ses notes de bas de page donnent une autre dimension au récit, en l’intégrant dans une Histoire véridique, un passé fougueux, qui inspirera les plus curieux d’entre vous. Plus qu’une intrigue savoureuse, J.K Gras nous offre un roman historique, empli de figures charismatiques et de décors tous plus fabuleux les uns que les autres. Le voyage à bord de l’Anarkhia n’ennuie pas, bien au contraire. Chaque arrêt apporte ses mystères et ses péripéties, ses doutes et ses angoisses, ses manigances et ses complots.
L’auteure parvient à dépeindre les pirates d’un autre œil, de telle sorte que l’on finit par les aimer, bien malgré nous. Le lecteur s’attache à chacun d’eux, et se surprend à espérer leur réussite. Ainsi partagé entre la fougue de Florence et l’espoir des pirates, la soif de liberté de la première et l’appât du gain des autres, le cœur du lecteur balance. L’intrigue se complexifie, comme le personnage de Florence, et les intérêts des uns, comme les besoins des autres, finissent par converger. Les objectifs des personnages évoluent, comme leurs envies et désirs, et la représentation de cet univers de mécréants se transforme en une vision plus claire, moins manichéenne.
En plus d’un nouveau regard sur le monde de la piraterie, l’auteure apporte quelques pistes de réflexion sur l’amour, qu’il soit physique ou sentimental, la liberté, l’esclavage, ainsi que sur la condition féminine de l’époque. Avec clairvoyance, J.K Gras dépeint tout en sensibilité les regards éteints des femmes de joie sur l’île de Tortuga, comme leurs déhanchements savants et habitués, en les comparant à ceux des libertines, libres d’aimer et de choisir leurs partenaires. La définition de l’amour se décline en différents termes : libre, sournois, avide, feint, soumis, profond, etc. Le roman ne met pas en scène des personnages niais, mais des personnalités riches qui se complètent, et qui portent des réflexions intéressantes.
De plus, bien que le message reste subtil, le roman émet également quelques critiques sur la société riche de l’époque, qui agissait tel un carcan sur ses membres les plus rebelles, comme Florence. De fille de riche, à exilée par défaut, l’héroïne se transforme en une pirate aimée et maline, une évolution crédible et bien écrite, qui prend son temps, au gré des batailles navales et des escales mouvementées. Les récits de batailles s’avèrent suffisamment décrits pour que notre imagination s’emballe, et reflètent parfaitement les rugissements des canons, les tempêtes infernales de la mer déchaînée, les hurlements des blessés ou des enragés, et la soif de vaincre des pirates, comme de leurs victimes.
Le tome un de la saga Les âmes pirates se termine en beauté, propose des personnages principaux, et secondaires, de qualité, ainsi qu’un univers captivant, même s’il nous donne à voyager dans un univers maintes fois revisité. L’auteure a su renouveler le thème !
Note : 20/20
Par Lildrille