Titre original : El Camino – A Breaking Bad Movie
De : Vince Gilligan
Avec Aaron Paul, Jonathan Banks, Charles Baker, Matt L. Jones, Jesse Plemons, Scott MacArthur, …
Année : 2019
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame, Thriller
Scénario : Vince Gilligan
Résumé :
Suite à sa libération par Walter White, Jesse n’est pas encore tranquille! Mais pour enfin trouver un avenir serein, il doit avant tout faire la paix avec son passé.
Avis :
S’il y a bien une série dont on peut dire qu’elle fait l’unanimité, aussi bien publique que critique, c’est bien Breaking Bad. Un petit bijou d’écriture, de mise en scène, de dialogues et de situations rocambolesques, le tout avec un casting ultra charismatique. Pour toutes ces raisons, nous étions tristes de voir la série s’arrêter il y a six ans, mais également heureux que cette cinquième saison ait été celle envisagée par le showrunner dès le début et qu’il n’ait pas cédé aux trompettes de l’argent facile en accumulant les saisons au détriment de la qualité scénaristique (Dexter, The Walking Dead, …). Aussi, quand le projet d’El Camino fut énoncé, certains ont grincé des dents, après tout, la série a déjà eu un formidable épilogue qui a satisfait tout le monde, mais après tout, pourquoi pas, il est vrai qu’on ne sait pas ce qu’il est advenu de Jesse Pinkman, personnage central du show d’AMC.
Le film débute exactement ou se termine la série, avec la cavale de Pinkman. Nous ne ferons la remarque qu’une seule fois, mais Aaron Paul (Need For Speed) et surtout Jesse Plemons (la saison 2 de Fargo) ont pris pas mal de poids en 6 ans, et ça nuit tout de même beaucoup à la cohésion du métrage car on ne remarque que ça lorsqu’ils sont tous les deux. Vouloir à tout prix une continuité avec la série, pourquoi pas, mais pas au dépend de la crédibilité.
Vince Gilligan (X-Files, Better Call Saul) nous prouve qu’il n’a rien perdu de son style et de son efficacité. Sa patte est reconnaissable et on est clairement dans l’univers Breaking Bad, de par ses décors bien sûr, mais aussi ses travellings, ou certains plans très bien pensés (la fouille de l’appartement, le désert, …) sans oublier la fin, monument du suspense, qui fait bien évidemment penser aux fabuleux westerns des années 60 (Et pour quelques dollars de plus, …). Néanmoins, il semble avoir oublié qu’un film ne se raconte pas comme une série. Si dans Breaking Bad il prend judicieusement le temps de nous poser le décor et le contexte, il fait la même chose ici, sauf que c’est surtout très chiant (les 20 minutes avec Jesse Plemons sont interminables et parfaitement négligeables dans la narration).
Le film aurait gagné à être épuré d’une bonne heure, ce qui correspond à la durée d’un épisode. C’est d’ailleurs le principal défaut du film : il ne raconte absolument rien! Gilligan nous propose des relectures de scènes de la série originale, d’innombrables flashbacks qui ne font que confirmer que le film n’a absolument rien à dire et, même si on est très content de retrouver notre ancien junkie préféré, on se rend compte que cet El Camino roule sur la réserve depuis le début.
Au final, ce « rab » de Breaking Bad a tout de la suite opportuniste, à l’image du paysage cinématographique qui s’entête à faire des suites inutiles, des reboots, des suites qui occultent les autres suites, des remakes. Enfin, ce film ne dénature pas non plus l’exceptionnelle qualité de la série et réussit parfois à nous en rappeler de manière sporadique les meilleurs moments. En espérant que ça ne donne pas des idées de suite à ce final dispensable et dénué d’intérêt, même s’il n’est pas honteux, mais comparé à cette formidable série, c’est clairement insuffisant. Si les aventures de Walter White et Jesse Pinkman vous manquent, vous aurez meilleur compte de recommencer la série ou son sympathique mais inégal spin off Better Call Saul.
Allez, cette dose-là, c’était la dernière.
Note : 10/20
Par Trasher