Titre Original : Planet of the Apes
De: Tim Burton
Avec Mark Wahlberg, Tim Roth, Helena Bonham Carter, Michael Clarke Duncan
Année: 2001
Pays: Etats-Unis
Genre : Science-Fiction
Résumé :
En 2029, un
groupe d’astronautes entraîne sur la station orbitale Oberon des singes pour
remplacer l’homme dans des explorations spatiales à haut risque.
Suite à la réception d’étranges signaux, les astronautes envoient le chimpanzé
Pericles afin d’en connaître l’origine. Toutes les communications entre le
primate et la station sont subitement interrompues et le vaisseau disparaît des
radars. Désobéissant à ses supérieurs, Leo Davidson embarque dans un des
vaisseaux expérimentaux pour aller porter secours à Pericles.
Tout comme lui, il perd le contrôle des commandes et s’écrase dans les marais
d’une forêt tropicale. L’intrépide pilote voit alors un groupe d’humains
affolés foncer droit sur lui, et se fait capturer par des chimpanzés parlants.
Qu’est-il arrivé sur cette planète pour que des singes en viennent à dominer la
race humaine ?
Avis :
A la fin des années 60, alors que la Fox n’allait pas très bien et que la science-fiction était un genre en grande perte de vitesse, La Planète des Singes va être une petite révolution. S’appuyant sur un livre de Pierre Boulle, le film va être un énorme succès, tant et si bien que pas moins de quatre suites verront le jour, de qualité plus ou moins variable. Ce qui est intéressant avec cette franchise, c’est que même si les budgets étaient diminués à chaque épisode, les entrées dans les salles aussi, mais avec un écart moins important, ce qui assurait à La Fox des recettes intéressantes. Jusqu’à la vente de la franchise à la 20th Century Fox pour en faire une série. Qu’est-ce qui a poussé les producteurs et scénaristes à mettre en place un remake ? Le mystère reste entier, mais quoi qu’il en soit, en 2001, Tim Burton, sortant alors de l’excellent Sleepy Hollow, est approché pour ce film de commande, remettant au goût du jour les singes parlants. Conspué par les spectateurs, le film va être un premier faux pas pour le réalisateur américain. Et pourtant, aujourd’hui le film n’apparait si inintéressant, même s’il n’a pas la force du premier opus, ni sa portée politique.
Ce qui étonne d’emblée dans ce métrage, c’est le redémarrage complet de la franchise. Si le voyage spatio-temporel est toujours de mise, on est très loin de la simple exploration spatiale et ici, on parle d’un sauvetage pour un singe envoyé dans l’espace. Dès lors, ce pauvre Mark Wahlberg se retrouve sur une planète hostile où des singes intelligents chassent des hommes. On retrouve alors la séquence si marquante du premier film, les effets spéciaux en plus et des singes plus mobiles. Cependant, cette attaque ne va pas avoir la portée escomptée, puisqu’ici, nous n’avons pas le temps de nous attacher au personnage principal et la séquence est réduite à son minimum. L’autre surprise, le gros changement de ce métrage, c’est le fait que les humains soient doués de parole. Eux aussi pensent et parlent, même si leur technologie est bien moindre que celle des singes. Dès lors, on se pose une question, pourquoi les singes enferment-ils des humains ? La question n’aura pas vraiment de réponse, si ce n’est une vente en esclave et une haine farouche envers l’homme. C’est assez triste à dire, mais le propos ne va pas plus loin, Tim Burton s’asseyant doucement sur tout ce qui touche aux expérimentations, exposition dans les musées ou encore message sur les recherches scientifiques.
C’est bien cela qui pèse le plus sur ce film, le manque d’implication dans le projet, l’absence totale de prise de risque, au point de rendre une copie propre que ne renierait pas Disney. Ici, le principal message réside dans l’émancipation de l’Homme et dans ce désir de vivre ensemble, malgré nos différences. Un message de tolérance donc, mais qui manque d’impact et surtout de personnages forts. Il y a vraiment un manichéisme brutal dans ce métrage. Mark Wahlberg, avec les quelques humains qu’il récupère en cours de route et deux singes, sont les grands gentils de cette histoire. Quant à l’antagonisme, il est de suite perçu avec son regard fou, sa manière de faire et sa volonté de détruire toute espèce humaine on ne sait pas trop pourquoi. Ce grand méchant, qui répond au doux nom de Thade, est un cliché sur pattes et le doute n’est pas permis sur ses intentions. Là où le film de Schaffner laissait planer des suspicions sur les véritables méchants, en plus d’afficher un message religieux subliminal, ici, on reste dans du simple, du basique, du frontal, ce qui est une chose très rare de la part d’un réalisateur de la trempe de Tim Burton. D’ailleurs, ce grand méchant ne sera que plus risible lorsqu’il s’énervera et commencera à tout casser autour de lui, comme un enfant gâté pourri, lors d’une séquence qui n’a que peu de sens et d’intérêt. De ce fait, le film devient lisse et presque ennuyant.
Un ennui qui se ressentira étrangement dans la mise en scène de Tim Burton. Adieu le gothique flamboyant et les teintes noires, ici, on nage dans des décors ternes, pas vraiment intéressants et qui ressassent finalement les villages des épisodes précédents et notamment le peu flatteur La Bataille de la Planète des Singes. On sent que le cinéaste veut montrer une ville en strates, vivante et qui ressemblerait à un bled humain, mais la sauce ne prend pas et on se retrouve à voir quelque chose que l’on connait mille fois et qui n’a pas vraiment de saveur. Une saveur qui perd peu à peu son goût, surtout lors de son final grandguignolesque et qui va pointer du doigt une énorme incohérence. Si les singes parlaient notre langue dans le premier film de 1968, il y avait une raison tout à fait cohérente. Dans celui-ci, ça n’a pas de sens puisque l’on est complètement dans une autre planète, sur un autre système solaire. Et étrangement, tout le monde parle l’anglais. C’est un peu du foutage de gueule. Et cela montre bien la nonchalance de ce remake qui tente de faire du neuf avec du vieux, mais qui n’arrive pas à sa cheville. Reste les prestations amorphes de Mark Wahlberg qui n’a aucune fissure et se la raconte, Estella Warren qui est l’atout charme servant de potiche, Tim Roth en méchant singe revanchard un peu psychopathe ou encore Helena Bonham Carter qui ne joue pas avec son maquillage et ne fait que les yeux doux. Bref, c’est décevant et ça n’a pas le charisme d’un Charlton Heston ou d’une Kim Hunter.
Au final, La Planète des Singes version Tim Burton est une belle déception même s’il reste moins décevant que prévu. Loin, très loin du message intelligent du premier film, le cinéaste américain livre une version lisse, édulcorée, qui peine à accrocher son spectateur à cause de personnages inintéressants, d’un manichéisme enfantin et d’un manque flagrant d’implication personnelle dans le projet. En bref, ça ne vaut pas grand-chose, surtout venant de la part d’un grand comme Tim Burton.
Note : 07/20
Par AqME