De : Philip Kaufman
Avec Clive Owen, Nicole Kidman, David Strathairn, Molly Parker
Année: 2013
Pays: Etats-Unis
Genre: Biopic
Résumé:
Martha Gellhorn, âgée de soixante-dix ans, se remémore sa rencontre avec l’écrivain Ernest Hemingway. A l’époque, correspondante de guerre en Espagne pendant la Seconde Guerre mondiale, Martha s’engage dans une relation tumultueuse avec l’auteur et finit par l’épouser. Tous deux rejoignent la Chine aux côtés du militant anticommuniste Tchang Kaï-chek dans une Chine troublée par des changements politiques.
Avis:
Philip Kaufman est un réalisateur américain dont j’aime bien le cinéma. Il faut dire qu’il a su nous offrir de jolis moments de cinéma, on se souvient tous de son « L’étoffe des héros« , ou encore son « Henry & Jane » qui avait su se trouver un petit succès. Depuis les années 2000, le réalisateur a eu tendance à se faire très rare, pour ne pas dire totalement absent. En 2004, il réalise le thriller « Instincts meurtriers« . Malgré un joli casting, « Instincts meurtriers » demeurera un film très oubliable et pour revoir un film signé Philip Kaufman, il faudra donc attendre neuf années. Et encore, on ne verra pas ce film en salle, produit par HBO, « Hemingway & Gellhorn » sortira directement en DVD.
« Hemingway & Gellhorn » était un film qui m’attirait, car outre le fait d’y trouver Phillip Kaufman derrière la caméra, le métrage avait l’air d’être une fresque amoureuse assez intense. S’arrêtant sur une tranche de vie, s’arrêtant aussi sur une époque on ne peut plus intéressante, la seconde guerre mondiale, de l’Espagne à l’Asie, puis doté d’un casting qui laisse rêveur, le nouveau film de Phillip Kaufman, sur le papier, faisait bien des promesses. Malheureusement, une fois transposé à l’écran, si l’intrigue demeure intéressante, la mise en scène a bien du mal à fonctionner et entre ennui et incompréhension de certains choix, on regarde « Hemingway & Gellhorn » avec l’espoir qu’à un moment ou à un autre, Phillip Kaufman va bien réussir à nous embarquer, mais rien n’y fait et c’est tellement dommage.
Martha Gellhorn est l’une des reporters de guerre les plus connues et respectées au monde. Répondant à une interview, Martha, âgée de la soixantaine bien passée, se remémore alors une période, aussi douloureuse que belle. Une période où le monde bascule. Une période où elle a rencontré un homme, un écrivain qu’on ne présente plus, Ernest Hemingway…
Je ressors donc très partagé de ce treizième film réalisé par Phillip Kaufman. Ce qui est assez embêtant avec « Hemingway & Gellhorn » ce n’est pas ce qu’il raconte, mais plutôt comment il le raconte.
Si on prend le scénario du film écrit par Jery Stahl et Barbara Turner, on ne peut pas dire que « Hemingway & Gellhorn » soit mauvais, bien au contraire même. L’intrigue est intéressante, les deux scénarios ont très bien su construire l’époque, leurs personnages et bien entendu leur histoire. De plus, le film offre, à travers le regard et la vie de ces deux personnages, une vision de la Seconde Guerre mondiale qu’on n’a pas l’habitude de voir, ce qui est pas mal du tout. Avec ce film, on voyage pas mal, ce qui permet « un terrain de jeux » et d’enjeux pour la Seconde Guerre mondiale très intéressant, l’Espagne, l’Asie, l’Amérique… Bref, on a une jolie carte du monde dans un sens, et comme l’intrigue est suffisamment tenue, on reste intéressé jusqu’à la fin.
On ajoutera à ça, comme évoqué plus haut, des personnages intéressants qui ont du fond et du caractère. Personnages bien tenus par Nicole Kidman et Clive Owen, qui forment un joli duo de cinéma. Bref, ce n’est vraiment pas de ce côté-là que vient la déception.
La déception que provoque « Hemingway & Gellhorn » vient de sa mise en scène, qui en plus de donner la sensation d’étirer beaucoup trop de moments, donne la sensation incompréhensible que Phillip Kaufman ne savait pas comment nous raconter cette histoire. Alors il y a bien dans un sens ce que l’on est venu chercher dans ce film et cette histoire. La reconstruction est belle, il y a un sens du romanesque qui est tenu. On sent que Phillip Kaufman avait de l’ambition pour nous raconter cette histoire, mais voilà, tous ces éléments mis bout à bout n’arrivent pourtant pas à masquer l’incompréhension des transitions que fait le film. Passant du noir et blanc à la couleur, passant de l’image abimée, telle une image d’archive retrouvée ou un souvenir un peu brouillé, à l’image nette, ces transitions que fait le cinéaste américain finissent par avoir raison de nous, car en plus de nous sortir de l’intrigue toutes les dix minutes (quand ce n’est pas plus rapproché), on passe notre temps à nous demander le pourquoi de ce choix, qui finalement, hormis offrant un effet de style, n’apporte pas grand-chose à l’intrigue. Ce constat et ces interrogations sont donc bien dommages, car ils abîment l’intrigue, l’histoire d’amour, mélangée aux films de guerre et de politique qu’est « Hemingway & Gellhorn« .
Je ressors donc très partagé et déçu. « Hemingway & Gellhorn » a bien des qualités et demeure un bon film, mais à bien des défauts, il demeure aussi un film devant lequel on a du mal à entrer pleinement. Et ce qui est encore plus agaçant, si l’on peut dire, c’est qu’à chaque fois que le réalisateur arrivait enfin à m’embarquer, il me débarquait tout aussi vite, avec cette mise en scène qui, plus j’y repense et moins elle trouve de sens… Bref, aussi intéressant que décevant.
Note : 10/20
Par Cinéted