avril 25, 2024

Men In Black International – Trou Noir

De : F. Gary Gray

Avec Chris Hemsworth, Tessa Thompson, Liam Neeson, Emma Thompson, Rafe Spall

Année: 2019

Pays: Etats-Unis

Genre: Science-Fiction

Résumé :

Les Men In Black ont toujours protégé la Terre de la vermine de l’univers. Dans cette nouvelle aventure, ils s’attaquent à la menace la plus importante qu’ils aient rencontrée à ce jour : une taupe au sein de l’organisation Men In Black.

Avis :

Tout d’abord comics de Lowell Cunningham dont les trois premiers numéros sont sortis au début des années 90, assez rapidement, Men in Black est devenu une franchise plutôt lucrative du septième art. Sous la houlette de Barry Sonnenfeld avec Will Smith et Tommy Lee Jones, aidé par Steven Spielberg et Amblin Productions, le premier opus sort en 1997 et fait un carton à juste titre, puisque le film est novateur et relativement bien foutu. Cinq ans plus tard arrivera une suite qui fera des recettes inférieures au premier, mais le film restera très rentable, et c’est alors qu’un troisième film pointera le bout de son nez en 2012 et sera un assez gros succès, du moins le plus gros de son réalisateur. Alors que l’on pensait la franchise terminée sous la forme d’un trilogie, les producteurs américains ont cru bon de parler de reboot sans les acteurs originaux, puis de suite, pour finalement aboutir à un accord commun, celui de faire un spin-off. Ainsi donc, on dit au revoir à l’agence de New-York pour aller chez nos amis britanniques avec un tout nouveau duo, Chris Hemsworth et Tessa Thompson. Après tous ces changements, et un réalisateur confirmé comme F. Gary Gray aux commandes, on était en droit d’attendre ce Men in Black International avec une certaine impatience. Bien mal nous en a pris…

Très clairement, et cela dès le départ, le film joue à fond la carte du buddy movie sympathique avec deux personnages que tout oppose. Chris Hemsworth est une ancienne star de l’agence britannique qui avait tout pour lui, mais qui commence à devenir arrogant et n’arrive plus trop à se motiver pour son job. Il réalise des missions en solo en mettant sa vie en jeu, et il est difficile de comprendre ce revirement de situation, puisque visiblement, aucun évènement n’est venu troubler sa vie. Tessa Thompson quant à elle, a découvert les aliens lors de sa jeunesse et n’a jamais été soumise au laser. En grandissant, elle décide alors de passer tous les tests pour devenir une Men in Black (ou plutôt une Women in Black, blague redondante du film) et à forcer le destin, elle y parvient. Entre l’un qui est désabusé et l’autre qui est hyper motivée, on a le schéma classique du buddy movie amusant, mais ce ne sera guère le cas ici. Les personnages sont très mal écrits et taillés à la serpe. Les antagonismes ne marchent pas, cherchant constamment la vanne en plus, mais descendant progressivement vers la blagounette gentille de cour de récréation sans jamais être sulfureux ou un brin acide. Le film se noie littéralement dans la bien-pensance et il manque clairement quelque chose pour la sauce prenne. Il en va de même pour les personnages secondaires ou encore le petit alien en forme de pièce d’échec qui est complètement inutile.

D’ailleurs, il y a beaucoup de choses qui sont inutiles dans ce film et qui résonne comme des McGuffin pour relancer l’intrigue. Il y a aussi beaucoup d’élément qui fonctionne comme un fusil de Tchékov sans pour autant que cela ait un impact fulgurant sur l’histoire. Et cela est dû à un scénario indigent et complètement « osef ». Ecrit à quatre mains, les enjeux sont tout riquiquis pour une intrigue qui est finalement ultra linéaire et parfois même incohérente. On va d’un point à un autre pour récupérer un objet ou pour discuter avec un personnage et finalement on va ailleurs pour faire avancer l’histoire mais sans forcément de liant, comme si tout coule de source. On navigue constamment en eaux troubles, et le spectateur se doit d’accepter des évidences qu’il ne maîtrise pas. Le voyage chez la revendeuse d’armes à Naples est un exemple parmi tant d’autres car rien ne certifie que ce qu’ils cherchent n’est présent là-bas. Le pire étant que le film justifie ces déplacements à la toute fin, lors d’un dialogue où Hemsworth explique à Thompson qu’être Men in Black c’est cool car tu voyages et il énumère toutes les destinations du métrage. Ce n’est franchement pas terrible…

Le film est aussi très impersonnel sur plusieurs points. On pourrait parler de la mise en scène, mais elle n’a rien de marquante. Les scènes d’action demeurent lisibles et F. Gary Gray maîtrise son objet, mais si l’ambiance n’est pas marquée. On voit qu’il essaye de s’inspirer de l’art déco des années 30/40, mais tout cela reste en surface et ne dégage pas de charme particulier. Et surtout, le film est un petit blockbuster qui n’a pas d’empreinte, qui n’a pas de marque particulière et qui reste beaucoup trop formaté. On ne ressent rien, on n’est même pas diverti finalement par le film qui enchaine les séquences sans grande passion et répète un schéma préétabli trop devinable. Mais là où le film est vraiment raté, c’est dans les méchants que l’on nous présente. Pour faire un bon film, il faut un bon méchant, un antagoniste qui dégage quelque chose ou qui a des motivations importantes. Dans ce film, ils n’ont même pas de nom. On nous balance deux danseurs de hip-hop qui font un show dans une boîte de nuit avant de se téléporter pour tout casser, mais ils sont inintéressants, n’ouvrent jamais la bouche et manquent cruellement de profondeur. Bien évidemment, le film joue avec un twist final, mais là aussi, on ne comprendra qu’à moitié les motivations du vrai grand méchant, et on restera pantois sur la façon dont il se fait avoir (ce n’est pas du spoil, on reste dans un film hollywoodien formaté pour un large public). Ce constat sur les méchants est assez consternant et semble constamment revenir sur le tapis avec des films récents, comme pour X-Men Dark Phoenix par exemple. Et que dire de la pauvre Rebecca Ferguson et sa perruque rayée qui fait plus de peine qu’autre chose…

Au final, Men in Black International est un ratage quasi-total. Le film tient à peine sur les épaules de son duo quia toutes les peines du monde à maintenir à flots un radeau qui prend l’eau assez rapidement. Impersonnel, ringard dans ses dialogues, poussif dans son scénario et sans réel enjeu, ce quatrième épisode des Men in Black, pensé comme un spin-off et se terminant comme si on pouvait avoir une suite, demeure une immense déception pour un résultat aseptisé, tournant tout le temps à vide pour ne rien raconter au final, et ne rien apporter à une mythologie qui avait pourtant des bases assez solides. Bref, ce n’est pas bien et surfe aussi sur une mode féministe qui a tout du parcours obligatoire pour ne pas se faire détruire, ce qui ne rend absolument pas hommage aux femmes et aux personnages féminins.

Note : 05/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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