octobre 9, 2024

End Space

Résumé :

Plongée dans l’espace dans le Minos Starfighter, il faut combattre les vaisseaux ennemis et leur faire mordre la poussière étoilée.

Avis :

Parmi les expériences les plus saisissantes que puisse proposer la réalité virtuelle, l’espace reste l’un des terrains de jeu les plus intéressants à exploiter. Qu’il s’agisse d’exploration sur des planètes inconnues ou de batailles intergalactiques, ce type d’environnement offre une immersion rare tout en se révélant un terreau fertile pour concrétiser la vision des programmeurs. On songe à Gungrave, Robinson : The Journey ou même Eve : Valkyrie. À l’image de ce dernier, End Space est un shoot spatial développé par deux frères. Des moyens modestes pour un projet non dénué d’ambitions. Seulement, les bonnes volontés font-elles de bons jeux ?

La première approche avec le titre d’Orange Bridge Studios est pour le moins déconcertante, a fortiori si l’on n’est pas coutumier des dogfights intergalactiques. Un petit temps d’adaptation est nécessaire pour se familiariser avec des commandes pourtant réduites au strict minimum. La principale difficulté est de concilier la visée des armes avec la manette et le lock des ennemis en les poursuivant du regard avec le casque vissé sur la tête. La ligne de mire de l’un est rarement en corrélation avec la seconde. Au lieu d’abattre sa force de frappe simultanément, il est préférable d’alterner pour permettre une recharge progressive des missiles et des mitrailleuses.

Pour rester dans le domaine du gameplay, le pilotage du vaisseau se révèle très arcade. On notera la possibilité de ralentir pour mieux aborder un angle d’attaque ou d’accélérer pour fuir un poursuivant ou passer entre les salves ennemies. Le fait de pouvoir se retrouver à l’envers ou d’effectuer des loopings offre des sensations presque grisantes. L’engin répond au doigt et à l’œil. L’apesanteur de l’espace est également jouissive pour permettre toutes sortes de cabrioles avec, parfois, quelques vertiges à la clef. Pourtant, il subsiste un problème de taille : la sensation de vitesse. Même en sollicitant la puissance maximale des boosts, on a l’impression de se traîner ; de flotter et non de foncer à plus de 400 miles à l’heure.

À ce titre, certains passages d’exploration ou d’escorte se révèlent laborieux. En cas d’échec, on les recommence de zéro, car il n’existe aucun checkpoint. Cela dit, ils restent plutôt rares et les missions sont généralement très courtes et disposent d’une difficulté équilibrée d’où la nécessité de les accomplir d’un seul tenant. Il faut compter entre 5 et 15 minutes pour les mener à bien. À raison d’une dizaine de missions et d’un tutoriel, on s’avance avec une durée de vie moyenne comprise entre deux et trois heures, grand maximum, en incluant plusieurs tentatives. Les items à débloquer se réduisent à deux types de missiles et trois modèles de mitrailleuses.

Il est possible de disposer de son équipement complet sans être contraint de faire un choix. L’alternance entre les armes de l’arsenal est simple et réactive. On peut ainsi moduler ses assauts en fonction de la résistance des ennemis. Un croiseur ou un vaisseau amiral, par exemple. Bien que les ordres varient de missions de reconnaissance en élimination des postes avancés, le déroulement reste identique. À savoir, supprimer les vagues successives d’ennemis tout en défendant ses alliés. L’aspect répétitif est toutefois supplanté par une immersion globalement réussie si l’on excepte une bande-son inégale. Les bruitages sont souvent agaçants et les musiques manquent de dynamisme pour insuffler une dimension épique à l’aventure.

En revanche, on peut saluer le travail réalisé sur les différents environnements. Des systèmes solaires en nébuleuses, chaque niveau possède une identité qui lui est propre. En orbite autour d’une géante gazeuse ou d’une planète « jumelle » à la terre, la disparité du cadre est réellement saisissante. Même aux confins de la galaxie, semblable à un cimetière d’épaves, ou à travers un champ d’astéroïdes, la réussite de la direction artistique est indéniable, surtout au vu de l’équipe réduite qui s’en est chargée. Exception faite de mines flottantes, on regrette néanmoins que les collisions portent à peu de conséquences avec les objets errants ou les vaisseaux ennemis.

Autre point qui fait défaut : l’absence de mise en scène. Les briefings sont circonspects et s’étendent sur une poignée de secondes. Bien que le jeu soit intégralement en anglais, la compréhension ne pose aucun problème pour les objectifs à remplir. Quant au scénario, il n’y a presque rien à en tirer avec une vague évocation de conflits intergalactiques. Rien de transcendant ou d’innovant. On ne peut même pas assister à une séquence d’introduction ou à une conclusion. La dernière mission revient à l’écran-titre, comme les précédentes. Sur ce point, le résultat est clairement insuffisant et empêche le joueur de se sentir concerné par les événements.

Au final, End Space est un titre qui partage. D’un côté, les capacités du PlayStation VR sont bien exploitées. On apprécie la qualité de l’environnement, l’ambiance space opera et une difficulté plutôt bien dosée. Cela donne lieu à des dogfights dynamiques et immersifs. De l’autre, on déplore l’impasse faite sur la mise en scène et la scénarisation, sans oublier une durée de vie anémique et une sensation de vitesse inexistante. Certes, le travail entrepris par deux frères et une équipe très restreinte est à saluer. Le résultat global reste satisfaisant pour une incursion arcade furtive aux confins de l’espace. Il manque néanmoins la dimension grandiloquente d’un Colony Wars ou d’un Star Wars – Rogue Squadron pour faire la différence. Une initiative louable à soutenir, mais imparfaite dans ses fondamentaux.

Note : 12/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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