Titre Original : Mid90s
De : Jonah Hill
Avec Sunny Suljic, Katherine Waterston, Lucas Hedge, Na-Kel Smith
Année: 2019
Pays: Etats-Unis
Genre: Comédie, Drame
Résumé :
Dans le Los Angeles des années 90, Stevie, 13 ans, a du mal à trouver sa place entre sa mère souvent absente et un grand frère caractériel. Quand une bande de skateurs le prend sous son aile, il se prépare à passer l’été de sa vie…
Avis :
Jonah Hill est un comédien américain qu’on ne présente plus. Venant de la comédie potache avec des films comme « SuperGrave« , « Baby-sitter malgré lui » ou encore les réadaptations de la série « 21 Jump streep« , Jonah Hill a peu à peu fait un virage à cent quatre-vingts degrés. Étonnant tout le monde, il part sur d’autres sentiers, oscillant entre drame et comédie, « Le stratège » et « Le loup de Wall-Street » lui vaudront même des nominations aux Oscars en tant que meilleur acteur dans un second rôle. Alors que sa carrière en tant que comédien prend beaucoup d’ampleur, comme beaucoup d’autres comédiens l’appel de la caméra s’est fait sentir et voici qu’an après sa sortie dans les salles américaines, le premier film en tant que réalisateur de Jonah Hill arrive chez nous.
Mal distribué évidemment, à peine soixante-dix salles, Jonah Hill surprend encore une fois, livrant un petit film aussi doux qu’amer sur l’adolescence. Très personnel, on imagine bien que ce gamin, c’est Jonah Hill lui-même dans les années 90 et « 90’s » est une petite perle. Une petite perle qui se cherche encore, à laquelle on pourrait reprocher d’être un peu trop classique, mais l’ambiance et l’envie de cinéma de Jonah Hill sont si marquantes que le film atteint tous ses objectifs.
Los Angeles, les années 90, Stevie a treize ans, et il a bien du mal à trouver sa place dans la vie. Sa mère n’est pas vraiment là, même si elle fait de son mieux, quant à son grand frère, que Stevie essaie d’impressionner, il est très difficile, faisant souvent du petit garçon son bouc émissaire. Traînant dans les rues de la ville, Stevie fait bientôt la connaissance d’une bande de garçons passionnés de skate. À travers cette bande, Stevie s’apprête à passer une année qui va changer bien des choses dans sa vie.
Envie d’une petite douceur, outre l’écrasante sortie de la semaine qu’est « Avengers endgame« , on trouve dans les salles d’autres jolies arrivées qui méritent le déplacement et assurément, « 90’s » fait partie de celles-ci.
Pour son premier film, Jonah Hill a décidé d’explorer l’adolescence à travers un film de skateur. Si au premier abord, « 90’s » a tout du film de skateur comme on les aime, une ambiance, un bagout et de belles descentes en skate dans la rue de la cité des anges au coucher du soleil, « 90’s » est bien plus que cela. Ici, finalement, le skate n’est qu’un prétexte pour son auteur afin de parler de l’adolescence. Très bien écrit par Jonah Hill lui-même, (ce qui pousse encore plus l’idée que Stevie, son personnage, c’est un peu peut-être Jonah Hill à cette même époque) « 90’s » est le parcours d’un personnage qui va se découvrir à travers une bande de potes. Le regard que pose Jonah Hill est aussi beau qu’il est juste. « 90’s » est un film qui aborde l’adolescence dans toutes ses parcelles. C’est une sorte de parcours initiatique qui aborde la découverte de soi, la perte de l’innocence, l’arrivée de l’âge adulte, les premières expériences, les défis qu’on se pose… Bref Jonah Hill remplit très bien le cahier des charges du genre. Et il le remplit sans trop en faire, on pourrait même lui reprocher une image idéalisée de tout ceci, n’osant pas salir son film quand ses personnages se défoncent par exemple. Mais a contrario, Jonah Hill, parlant de classe défavorisée, ne succombera pas à l’appel du ghetto ou du misérabilisme. L’un dans l’autre, le regard Hill est juste.
« 90’s« , c’est aussi un film qui respire une certaine nostalgie des années 90, d’ailleurs, dans sa mise en scène, le film est typiquement marqué, que ce soit de par son image au format 4:3, son grain, ou encore sa BO, et bien évidemment la « reconstitution » de son époque, le film nous prend par les sentiments et il fait chaud cœur.
Si dans sa mise en scène, Jonah Hill reste très classique, ne s’aventurant jamais en dehors des sentiers du genre, ce qui donne un film parfois déjà-vu et pépère, pour vulgariser cette pensée, « 90’s » demeure cependant très efficace et très beau, tenant parfois même de très belles envolées. Et finalement, si ‘ensemble est dans un sens convenu, Jonah Hill livre « 90’s » avec tant de sincérité et des personnages si attachants, que ce premier film se déguste avec beaucoup de sympathie et même un soupçon d’admiration, car « 90’s » laisse transparaître un jeune auteur qui a des choses à dire.
Enfin, Jonah Hill a réuni un casting assez saisissant fait d’acteurs confirmés qui prouvent encore une fois l’étendue de leurs talents, Katherine Waterston et surtout Lucas Hedges. Mais si le film fonctionne et touche aussi bien, c’est grâce à ce casting de jeunes talents que Hill réunit. Que ce soit Sunny Suljic, qui incarne Stevie, ou encore Na Kel Smith, Olan Prenatt, Gio Galicia ou Ryder Mclaughlin, ces quatre « gamins » sont épatants de naturel, de simplicité, de drôlerie et en même temps de drame. Jonah Hill se trouve être un bon directeur d’acteurs.
« 90’s« , avec ses qualités et ses maladresses, finalement, demeure un très bon et très joli premier film. Film d’auteur par excellence, sans qu’il soit refermé sur lui-même, « 90’s » dégage beaucoup de charme et beaucoup d’amour et c’est avec tout autant de plaisir qu’on se laisse embarquer par cette chronique adolescente dans le milieu des skateurs. À voir donc, car c’est l’une des plus jolies sorties de cette semaine.
Note : 15/20
Par Cinéted