octobre 9, 2024

La Lutte des Classes – Privé ou Public?

De : Michel Leclerc

Avec Edouard Baer, Leïla Bekhti, Ramzy Bedia, Tom Levy

Année: 2019

Pays: France

Genre: Comédie

Résumé:

Sofia et Paul emménagent dans une petite maison de banlieue. Elle, brillante avocate d’origine magrébine, a grandi dans une cité proche. Lui, batteur punk-rock et anar dans l’âme, cultive un manque d’ambition qui force le respect ! Comme tous les parents, ils veulent le meilleur pour leur fils Corentin, élève à Jean Jaurès, l’école primaire du quartier. Mais lorsque tous ses copains désertent l’école publique pour l’institution catholique Saint Benoît, Corentin se sent seul. Comment rester fidèle à l’école républicaine quand votre enfant ne veut plus y mettre les pieds? Pris en étau entre leurs valeurs et leurs inquiétudes parentales, Sofia et Paul vont voir leur couple mis à rude épreuve par la « lutte des classes ».

Avis :

Michel Leclerc est un auteur atypique dans le paysage du cinéma français, puisque c’est un auteur qui donne dans la comédie qui est bien souvent politique et il ne s’en cache pas. « Le nom des gens« , « Télé Gaucho« … Des comédies qui ont fait briller le nom de Michel Leclerc, au point qu’aujourd’hui, pour ma part, chaque nouveau film du cinéaste créé chez moi une nouvelle attente. Un doux mélange d’envie et de curiosité, espérant retrouver le piquant et le touchant que Michel Leclerc avait offert avec « Le nom des gens« .

Après quatre ans d’absence, et après avoir abandonné la politique l’espace d’un film, « La vie très privé de Monsieur Sim« , Michel Leclerc est de retour sur nos écrans avec un film qui d’emblée respire le cinéma de Michel Leclerc. Un film qui s’annonce politique évidemment, tout en étant une comédie, comme il en a le secret. Mené tambour battant par un duo d’acteurs des plus attachants, « La lutte des classes » ne sera pas exsangue de défauts et de facilités, mais il sera surtout et avant toute chose, le meilleur film que Michel Leclerc nous ait offert depuis « Le nom des gens« . Drôle, piquant, attachant, ce cinquième film nous offre un petit mais sympathique moment de cinéma.

Cela fait cinq années que Sofia et Paul ont emménagé dans une petite maison à Bagnolet, en banlieue proche de Paris. Alors que la vie est belle dans la famille, un incident à l’école de Corentin, leur fils, pousse plusieurs parents à enlever les enfants de l’école. Corentin voit alors ses potes partir les uns après les autres pour aller dans le privé. Pour Sofia et Paul, une école privée est totalement inenvisageable, tant le privé est contre tous leurs principes. Ce petit évènement, presque anodin pour ce couple, va alors mettre leur couple à très rude épreuve.

« La lutte des classes » est donc le nouveau film de Michel Leclerc, et même si le film sera encore assez loin du génial « Le nom des gens« , sorte de Graal inégalable dans la filmographie de Michel Leclerc, il demeurera un bon divertissement, plaisant, amusant et touchant.

Ce qui va marquer d’emblée dans cette « … lutte des classes« , c’est le charme et la complicité, voire le naturel, qui se dégage de l’ensemble. Bien avant la comédie politique, directement, Michel Leclerc nous plonge auprès de personnages qu’on a tout de suite envie d’aimer. Très bien écrits, jouant avec la caricature avec un certain brio et tenu par des comédiens, ici Leila Bekhti et Edouard Baer, excellents dans leurs rôles, qui s’éclatent et ça se voit, « La lutte des classes » a son charme et une fois lancé, le film ne va pas s’arrêter, enchaînant les moments et les répliques tordantes.

Pour rester sur l’écriture de ce film, qui est vraiment l’une de ses plus belles qualités, il faut saluer le travail de Michel Leclerc et Baya Kasmi (qui joue aussi divinement une professeure dans le film et c’est un coup de cœur pour cette actrice), qui arrivent à tenir une comédie qui développe bien ses sujets, ses personnages, tout en restant dans l’univers de son réalisateur.

Une comédie sociale donc, qui a du rythme, qui a une patte, qui a un humour qui va faire très souvent mouche, et qui s’avère très riche de par les différents thèmes qu’elle aborde. Des sujets qui ne seront pas toujours évidents, comme l’intégration, les préjugés, la peur de l’autre ou encore le racisme ordinaire. Des sujets que le réalisateur aborde frontalement, même si on pourra toujours lui reprocher de faire dans le politiquement correct. Et fait étrange, la seule fois où Michel Leclerc osera sortir du politiquement correct, sur le final, ça ne fonctionnera pas, tant le « délire » part loin et surtout, n’entre pas dans cette comédie. Mais « La lutte des classes » ne sera pas que racisme et politique, puisque Michel Leclerc livre aussi un joli film sur la famille et le couple. Un joli film qui parlera aussi de l’usure du temps dans un couple, que des marginaux, de l’école en France (d’ailleurs la caricature et la critique de l’éducation nationale sont assez géniaux dans son genre) ou encore simplement de l’enfance et de la parentalité. Une petite mention pour la caricature du bobo parisien.

Bref, dans son écriture, « La lutte des classes » est un film complet qui s’attarde bien sur ses sujets, même si on pourra aussi lui reprocher des facilités dans son scénario, ou encore des moments d’égarement. Oui, j’y reviens, mais un élément dans le final laisse tellement dubitatif et abîme le métrage, tant ce dernier est étonnant et assez risible dans sa mise en scène.

Sympathique, quand il ne frôle pas le génial, le nouveau film de Michel Leclerc est un bon moment de cinéma. Amusant, doté d’un vrai fond, Michel Leclerc revient avec une comédie comme il sait si bien les faire, même si ce dernier n’est pas un grand cru « Leclerien ». « La lutte des classes » aurait pu être mieux, c’est vrai, mais dans son état, il fonctionne bien et il mérite cependant son petit détour, ne serait-ce que pour cet humour qui fuse à plus d’un instant et le charme de son duo de comédiens qui fonctionne très bien. Notons qu’Edouard Baer en vieux rockeur un brin ringard s’en donne à cœur joie. Bref, pas essentiel, mais à voir de tout de même.

Note : 13,5/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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