Résumé :
Nouvel opus pour la célèbre franchise de FPS, et après plusieurs années de conflits contemporains, Battlefield 1 sur Playstation 4 plonge les joueurs dans la première Guerre Mondiale. Fidèle à ses racines, cet épisode proposera une campagne solo et un mode multijoueur sur des cartes variées et destructibles.
Avis :
En dehors de certains jeux de stratégie et de dogfights, les jeux prenant pour cadre la Première Guerre mondiale restent assez rares. En effet, la « Der des Ders » se fait souvent voler la vedette par la période 1939-1945. Certes, il y a bien Soldats Inconnus : Mémoires de la Grande Guerre dans le domaine de l’aventure narrative, mais, en ce qui concerne les FPS, il faut se contenter de Necrovision, The Trench et Verdun. Considérée comme le principal concurrent à Call of Duty, la saga Battlefield rectifie le tir en plaçant son nouvel opus dans un contexte qui permet de revivre certaines des batailles les plus impressionnantes de la Grande Guerre. Peut-on espérer une incursion marquante ?
D’emblée, Battlefield 1 se pare d’une dimension épique qui modernise le conflit par le biais d’une mise en scène spectaculaire. Certes, le procédé n’a rien de novateur et les effets grandiloquents jouent autant sur la brutalité que sur la théâtralité des batailles. Exception faite de l’introduction, le schéma d’exposition reste similaire d’une campagne à l’autre avec un flashforward dans un avenir plus ou moins proche, puis une plongée dans les souvenirs de notre personnage. Dans cette optique, la narration se veut assez grave, voire sentencieuse, car synonyme d’un trauma douloureux. Bien que l’on s’éloigne d’élans nostalgiques déplacés, on devine aisément l’encensement des protagonistes dû à un héroïsme souvent inconsidéré.
Le titre a beau mettre en avant une forme d’anonymat relatif pour la caractérisation, il n’en demeure pas moins des velléités patriotiques indéniables. On songe notamment à l’assaut des Arditi à la frontière transalpine, digne d’un raid de kamikazes. Les dogfights du second chapitre et l’atterrissage forcé sur un zeppelin au-dessus de Londres sont également représentatifs de cette tendance à privilégier un traitement impressionnant, quitte à atténuer le réalisme. On peut apprécier ou émettre des réserves sur le déroulement des faits historiques et la rigueur qui en découle, toujours est-il que l’ensemble reste efficace et bien emballé pour happer le joueur dans le contexte.
Ce dernier fait montre de variété pour exposer l’importance du conflit à l’échelle planétaire et en dépeindre différentes facettes. Du nord de la France jusqu’au tréfonds du Moyen-Orient, en passant par la capitale britannique, la disparité des environnements permet de découvrir différents points de vue. De plus, le changement de cadre n’en oublie pas une certaine cohésion entre les différents chapitres, jouant sur l’alternance des affrontements au sol, comme dans les airs. Pour cela, on se retrouve aux commandes d’un avion, d’un char d’assaut ou même à arpenter les dunes de sable du Sinaï à dos de cheval. Il ne s’agit pas d’un open-world, mais la taille des cartes est assez vaste. Dommage qu’elles nous confinent à la zone de combat sous peine d’échec de la mission.
Autre élément qui permet de diversifier le gameplay : le corps-à-corps. Ce choix est particulièrement pertinent dans les tranchées ou au cœur du « no man’s land ». Le combat rapproché ou la surexposition aux tirs nous encouragent à user de la baïonnette ou du couteau pour se débarrasser des soldats ennemis. Les mécaniques de jeu ne sont pas pour autant dénuées de subtilités. Un assaut frontal précipité peut aboutir à la mort avec plus de facilités qu’un tir précis. De même, les lance-flammes et les mitrailleuses lourdes constituent des menaces de taille à prendre en compte dans la stratégie d’approche.
Au vu d’une évidente vulnérabilité, il est également possible de privilégier la furtivité. Là où d’autres titres prévoient des missions spécifiques pour l’infiltration, ce choix peut s’appliquer à de nombreuses situations. L’intelligence artificielle possède des nuances pour douter de votre présence ou vous repérer. L’architecture du level design y contribue grandement avec plusieurs chemins envisageables et un arsenal adéquat, comme les fusils de sniper et les silencieux. Le rapport de forces est rarement en votre faveur. En cela, les séquences au cœur de l’Empire ottoman (sous les ordres de Lawrence d’Arabie !) sont particulièrement jouissives, car elles intègrent parfaitement cette possibilité dans leur progression.
La durée de vie offre un bon équilibre entre un multijoueur rapidement addictif et une campagne solo de qualité. Le fait de disposer d’histoires indépendantes met l’accent sur une narration soignée. Sans compter les extensions, le jeu propose 6 récits de guerre divisés en 18 missions. On avoisine la petite dizaine d’heures pour les boucler sans trop de heurts. À cela s’ajoutent les habituels « secrets » tels que les entrées de codex et les manuels de terrain, nécessitant une fouille approfondie des lieux visités. Les trois modes de difficulté permettent de moduler le challenge selon son niveau. Un contenu classique qui remplit toutefois son office pour les amateurs d’aventures solitaires ou les adeptes de l’expérience en ligne.
Au final, Battlefield 1 est un FPS convaincant sur de nombreux points. Il est vrai que DICE s’arroge quelques libertés sur la véracité historique de certains éléments avec une progression parfois romancée au bénéfice de la violence du conflit. Le contexte de la Première Guerre mondiale est néanmoins retranscrit avec force et conviction, notamment à travers des environnements de toute beauté et (presque) entièrement destructibles. De même, les possibilités de gameplay ouvrent un potentiel différent selon qu’on privilégie l’infiltration ou l’assaut frontal. Si les fondamentaux de la saga n’innovent pas vraiment, les développeurs maîtrisent leur sujet en proposant un titre efficace et impressionnant à bien des égards.
Note : 15/20
Par Dante