De : Valeria Golino
Avec Riccardo Scamarcio, Valerio Mastandrea, Isabella Ferrari, Valentina Cervi
Année : 2019
Pays : Italie
Genre : Drame
Résumé :
Deux frères
que tout semble opposer vont apprendre à se découvrir et à s’aimer.
Matteo, extravagant, extraverti, jongle avec la facilité de ceux qui ont
réussi, et Ettore, clown triste, introverti, joue jusqu’à la corde avec les
silences.
Quand l’austérité et la fantaisie se rencontrent, la vie les emporte dans un
tourbillon de tendresse et d’euphorie.
Avis :
Actrice italienne depuis le début des années 80, Valeria Golino a une très belle et riche carrière. En plus de trente ans de carrière, la belle actrice a tourné pour les plus grands, enchaînant les rôles avec assurance et talent aussi bien en italien qu’en français ou en anglais. Valeria Golino, c’est aussi une femme qui a plus d’une corde à son arc, s’aventurant dans le domaine de la production, ou encore plus récemment dans l’écriture et la réalisation. En 2010, Valeria Golino réalise « Armandino e il Madre« , un court-métrage. Forte de cette expérience, elle passe alors en 2013 au format long, avec le très beau et engagé « Miele« , un film qui aborde la fin de vie et la mort dans la dignité.
Il aura donc fallu attendre six années avant de revoir Valeria Golino repasser devant la caméra. Ce retour, nous l’attendions avec une certaine curiosité, et voici qu’arrive « Euforia« , un film qui aborde certains des thèmes déjà présents dans le film précédent de la réalisatrice. Pour son deuxième film, Valeria Golino a donc décidé encore une fois de traiter de la fin de vie et de la maladie, mais là où on aurait pu craindre que la réalisatrice se répète, elle va surprendre en offrant un drame lumineux et sensible. Un drame humain qui touche profondément de par les décisions maladroites et pleines d’amour de ses personnages. Un drame qui évitera avec brio tout pathos et engagement malvenu pour finalement nous raconter l’essentiel. Avec ce deuxième film, Valeria Golino vise juste. C’est beau, c’est tendre, c’est simple, c’est véridique… Bref, on dirait bien qu’un nouveau regard s’élève d’Italie.
Matteo, la quarante bien passée, est un homme qui s’est éloigné de sa famille pour différentes raisons. Habitant Rome et ayant une très belle situation, Matteo est un homme qui se complaît dans les coups d’un soir, enchaînant les hommes autant qu’il aime se faire de petits rails de coke pour se rebooster. Prenant toujours la vie du bon côté, ne voyant que le positif, Matteo va pourtant voir son monde s’écrouler quand il apprend que son frère aîné est gravement malade. Prenant les choses en main, voulant le meilleur pour lui, Matteo va alors tout faire pour redonner de l’espoir à son frère, quitte à lui mentir…
« Euforia« , un titre bien pétillant pour un drame qui va l’être bien moins ou plutôt bien plus prenant et dur. Deuxième film donc pour Valeria Golino, « Euforia » est une très belle surprise, car le film va être très loin de ce que l’on pourrait attendre d’un film avec une telle intrigue. Ce qui est très bon, c’est que Valeria Golino évite les clichés dans cette histoire. Alors bien entendu, « Euforia » a son cahier des charges, son intrigue passe par les cases obligées, examens, hôpitaux, crises de larmes et de conscience… Bref, mais ce n’est pas là que « Euforia » se fait le plus intéressant. On connaît ces points-là par cœur et Valeria Golino le sait, elle fait donc le minimum là-dessus et s’envole vers d’autres horizons et pour « Euforia« , c’est avant tout les relations de famille qui l’intéressent et bien entendu, ce qui va lier et unir ces deux frères qui s’étaient quelque peu perdus de vue. Avec ce film, pendant près de deux heures, Valeria Golino va tricoter et détricoter cette relation. Avec « Euforia« , on va rire des situations cocasses que l’intrigue nous réserve, tout comme on va avoir la gorge serrée quand l’histoire se fait plus sombre. « Euforia« , c’est un film qui sait passer habilement de la clarté à l’obscurité en une scène et parfois même à l’intérieur même de celle-ci.
Si la réalisatrice aborde les relations de famille et touche à des sujets importants (l’amour, l’abandon, la maladie), « Euforia » est plus riche que cette « simple » trame, puisque avec cette histoire, Valeria Golino nous offre un très beau portrait de personnage. Si l’un est malade et qu’il n’y a que peu d’espoir, la réalisatrice se concentre aussi beaucoup sur ce frère fêtard, insouciant, qui va être rattrapé par la réalité. Un frère pourtant adulte, et qui finalement va peut-être définitivement oublier l’enfant, l’adolescent bébête, pour entrer dans la communauté des adultes. Si le film est très beau dans la relation qui unit ces deux frères, il est aussi magnifique dans l’évolution de l’un de ces personnages. On est touché par les décisions illogiques, et en même temps pas tant que ça. On est ému par la retenue de ce frère, qui ne sait pas comment agir au mieux pour préserver ce frère malade. Bref, comme je le disais plus haut, c’est simple, c’est beau, c’est délicat et ça sonne juste.
De plus, « Euforia » est tenu par des acteurs impeccables. Des acteurs qu’on va aimer de la première à la dernière minute. Valerio Mastandrea, qui incarne ce frère malade, est très touchant. L’acteur tient un personnage qui est tout en retenue, en douleur et en peur. Riccardo Scamarcio va être lui bouleversant. Bouleversant parce qu’il est en apnée pendant tout le film. Bouleversant parce qu’il prend des décisions qui vont être discutables, mais qui sont aussi toutes prises par amour. On notera aussi l’intelligence de la réalisatrice qui nous offre ici un personnage homosexuel qui ne se définit pas que par son homosexualité. Bien souvent ces personnages n’existent que parce qu’ils sont gays et qu’ils apportent quelque chose à « la cause ». Ici, ce n’est pas le cas et ça fait vraiment du bien.
Sur fond de la maladie, avec « Euforia« , Valeria Golino nous entraîne dans une intrigue fraternelle émouvante. Une intrigue entre clair et obscur, tout en délicatesse, qui ne laisse pas indifférent. « Euforia » est beau, simple, dur, drôle, très bien mis en scène, évitant le pathos et le militantisme… Bref, ce deuxième film est une réussite.
Note : 15/20
Par Cinéted