avril 20, 2024

Kingdom Saison 1

D’Après une Idée de : Kim Seong-Hun

Avec Ju Ji-Hoon, Ryu Seung-Ryong, Doona Bae, Kim Sang-Ho

Pays: Corée du Sud

Nombre d’Episodes: 6

Genre: Horreur

Résumé:

Dans un royaume rongé par la corruption et la famine, un mystérieux fléau se propage et les morts se transforment en monstres. Le prince héritier, accusé de trahison mais prêt à tout pour sauver son peuple, se donne pour mission de découvrir l’origine de ce mal qui sévit dans l’ombre.

Avis:

Depuis leur avènement dans les années 60, les zombies ont toujours eu le vent en poupe dans la pop culture. Que ce soit dans les comics, au cinéma, parfois en musique ou encore dans les séries télé, le zombie est devenu une icône incontournable. Une figure monstrueuse qui est là pour dénoncer les dérives de l’être humain, nous rappelant peut-être que la mort est un moindre salut pour une humanité au bord du gouffre. Bien évidemment, avec son aspect prolifique, le zombie a eu du bon, du très bon et beaucoup de moins bon. Si l’on excepte tous les films marquants, on a encore une bonne pelletée de daubes qui sortent tous les mois et qui n’offrent rien de nouveau dans le domaine de la chair putréfiée. C’est alors que Netflix a dégainé une arme magique, une nouvelle série à base de zombies, mais sud-coréen et se déroulant à l’époque féodale. Un projet très excitant, surtout quand on sait qui est aux commandes, mais qui peut aussi laisser craindre le pire, la patte Netflix, qui peine encore à s’imposer dans le domaine du cinéma, laissant peut-être trop de liberté à ses réalisateurs. Quid de Kingdom ? Véritable surprise ou pétard mouillé ?

KINGDOM

Le film se déroule donc à une époque médiévale, dans un pays où les tensions sont palpables pour prendre le pouvoir. En effet, cela fait un petit moment que le roi n’a pas été aperçu et des rumeurs circulent sur son hypothétique décès. Mais son fils, héritier légitime, est écarté de la cour par sa belle-mère, une jeune femme enceinte qui se fait manipuler par son père, avide de pouvoir. Car si on annonce la mort du roi une fois l’accouchement accompli, alors une régence commencera à se mettre en place. Se posant des questions, le fils légitime part alors en quête d’un médecin et se retrouve confronté à une horde de zombies qui risque de mettre à mal le pays. Mais cette invasion n’aurait-elle pas un lien avec l’état de son père et son invisibilité ? Mélanger l’histoire avec le zombie, voilà une chose qui n’est pas banale, tout du moins dans le domaine de la série. Car hormis les blagues potaches de Z Nation ou encore le sérieux trop assumé de The Walking Dead, rares, voire inexistantes, sont les séries qui abordent le sujet d’un point de vue non contemporain. Ici, le scénario s’amuse avec les codes de l’époque pour approfondir un coup d’état et montrer que la soif du pouvoir est parfois plus forte que l’humanité.

Cette première saison est découpée en six épisodes, qui oscillent entre l’heure et le trois quarts d’heure de durée. Les deux premiers épisodes sont relativement lents. Les zombies ne sont pas au centre de l’intrigue et la série pose les bases des personnages que l’on va suivre. On nous présente donc le constat politique, avec son roi absent, cette jeune femme enceinte qui respire le machiavélisme, son père qui a la bonne tête de méchant, le fils légitime qui commence à se sentir héroïque et son garde du corps qui apporte de l’humour et de la bravoure. On retrouvera aussi une jeune femme altruiste ainsi qu’un mystérieux bonhomme qui semble savoir se battre. Tout le premier épisode jongle entre le voyage entrepris par le fils du roi et son garde du corps et la partie dans l’auspice où l’invasion zombie va naître. Ainsi, en faisant cela, le scénariste s’assure de poser les jalons d’une série qui ne demande qu’à exploser par la suite. Il montre aussi un constat politique et social au sein d’un pays qui crie famine et qui est prêt à manger son prochain pour survivre. Kingdom se veut donc plus profond que la simple invasion de zombies.

Et si les deux premiers épisodes sont assez lents, montrant tout d’abord la situation politique puis par la suite le début d’une invasion suite à l’incompréhension de certains dirigeants, la série va se réveiller et devenir un concentré d’action et de nervosité. Les zombies seront dynamiques, affamés et sans aucun scrupule. C’est là que l’on reconnait la touche sud-coréenne, avec une énergie débordante et un sens du tragique hors du commun. Ici, tout y passe, que ce soit les vieillards ou les gosses, personne n’est épargné par la horde de morts-vivants. Et c’est d’autant plus fort que la série accentue ses personnages principaux, leur donnant des rôles importants et pour lesquels on ressent de l’empathie. Le garde du corps, malgré son côté humoristique, est un excellent personnage, fidèle et pour lequel on frisonne lorsqu’il veut protéger son chef. Il en est de même avec ce guerrier mystérieux, qui se bat pour une noble cause. Même le personnage du magistrat, détestable au début et relativement couard (qui permet de tacler de façon virulente la politique d’aujourd’hui) va devenir intéressant de par l’amour qu’il ressent pour cette femme prête à tout pour servir le prince qu’elle voit comme un homme bon et sensible. C’est là toute la force de Kingdom, qui met en avant des personnages attachants, différents, mais terriblement empathiques.

Mais le zombie ne sera pas en reste. Si on commence à connaître par cœur le fonctionnement des bestioles, le scénariste y ajoute sa propre patte. Il y a, notamment dans le deuxième épisode, une véritable «iconisation » du monstre. Au détour d’une scène, avec des flammes autour, on va pouvoir voir toute la monstruosité et la violence de la créature. Entre des craquements, des positions étranges et une nervosité à fleur de peau, le zombie a rarement été aussi effrayant et puissant. Mais en plus de cela, la série va s’amuser à réécrire certains principes. Par exemple, le zombie ne se lève que la nuit, se cachant du soleil le jour, tel un vampire. L’effet de horde sera d’autant plus saisissant lors des attaques et cela change des productions habituelles. On apprendra par la suite certaines choses qui renforceront ce mythe et on verra que les méchants de l’histoire semblent bien au courant du mode de fonctionnement des zombies. Bref, en plus des personnages humains très forts, on a droit à un retour en force du zombie, avec une nouvelle mythologie qui s’inscrit.

Enfin, difficile d’évoquer Kingdom sans parler de la maestria de la mise en scène. A l’image du cinéma coréen depuis quelques années, c’est grandiloquent. Les money shot sont monnaie courante et certains plans titillent la rétine de façon outrancière. C’est badass à souhait, très souvent gore, mais c’est fait avec une justesse folle. Les combats sont aussi sublimement mis en scène, avec des choix justes et une action lisible du début à la fin. Rarement une série n’aura été aussi belle à regarder. Même le travail sur la photographie est à tomber par terre avec des plans sublimes. Et que dire des acteurs qui sont tous assez justes, évitant avec brio la surenchère d’émotion, ne tombant jamais dans l’excès ou au contraire dans l’inexpression.

KINGDOM

Au final, Kingdom est une série d’excellente facture qui remet au goût du jour les zombies. On est très loin du stoïcisme de The Walking Dead ou de la gaudriole de Z Nation, avec un sujet intéressant, une époque propice au complot et des créatures qui bénéficient d’une excellente mise en image. Non seulement c’est beau, mais c’est intelligemment fait et laisse un goût de reviens-y pour une deuxième saison qui, on l’espère, ne tardera pas trop à poindre le bout de son nez.

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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