De : Jeremiah Zagar
Avec Raul Castillo, Sheila Vand, Evan Rosado, Isaiah Kristian
Année: 2018
Pays: Etats-Unis
Genre: Drame
Résumé:
Dans une petite ville ouvrière de la côte est américaine, un couple latino de condition modeste éduque tant bien que mal ses trois fils. Entre le chômage du père et le surmenage de la mère, employée d’une compagnie d’embouteillage, la vie familiale n’est pas de tout repos. Souvent livrés à eux-mêmes, Manny, Joel et Jonah font mille et un coups pendables et explorent sans retenue la luxuriante forêt qui entoure la maison. Le soir venu, sous les couvertures, c’est dans des univers fantastiques et colorés que les trois frères tentent d’exorciser la dureté de leur quotidien. À la suite d’une énième violente dispute, le père quitte le foyer sans crier gare, laissant sa femme plonger dans une profonde dépression.
Avis:
Avec quinze ans de carrière derrière lui, Jeremiah Zagar est loin d’être un inconnu. Venant de l’univers du documentaire, Jeremiah Zagar a déjà réalisé deux films documentaires et une bonne dizaine de court-métrages et autres séries documentaires. On notera que son premier film documentaire a même été nommé en 2008 à l’Oscar du meilleur documentaire. Avec « We the animals« , le réalisateur passe donc au long-métrage de fiction et pour ce passage, Jeremiah Zagar adapte un roman de Justin Torres.
Je ne savais pas trop à quoi m’attendre tant « We the animals » était dans la programmation du festival l’un de ses films les plus flous. Sorte de trip sans vraiment en être un, abordant énormément de sujets comme de styles, finalement, « We the animals » se trouve être un film flou et brouillon. Un film qui ne sait trop où aller et comment y aller. Tenant de belles idées, elles ne suffiront pas malheureusement pour vraiment nous intéresser. C’est donc du coin de l’œil, partagé entre intérêt et ennui, que l’on suit cette errance entre frangins.
Nous sommes trois, nous sommes frères, nous sommes des rois. Manny, Joël et Jonah s’extirpent de l’enfance, devant s’émanciper de l’amour volatile de leurs parents. Alors que les deux premiers semblent suivre le chemin de leur père, le plus jeune d’entre eux, Jonah, lui, prend le sens opposé. Plus calme, plus doux, plus réfléchi, le jeune homme s’évade dans des mondes imaginaires qu’il crée sur des feuilles de papier.
Intéressant mais long, détenant de belles idées, mais en même temps brouillon et confus, ce premier film de fiction pour Jeremiah Zagar s’enlise et sans passer un moment complétement désagréable, on ne pourra pas dire non plus qu’on a passé bon moment devant. Non, en fait, quand on pense à ce premier film, on va très vite se rendre compte qu’il est un peu l’art et la manière de se contredire quand on l’aborde. C’est donc une chronique toute en contradiction que je m’apprête à faire.
« We the animals« , c’est tout d’abord une intrigue floue, qui n’avance pas vraiment. Entre réel, imaginaire et métaphysique, le film de Jeremiah Zagar a tendance à s’emmêler les pinceaux et l’on se demande où le réalisateur veut nous emmener. Où veut-il en venir ? Mais malgré cette sensation sur l’ensemble du film, « We the animals » se comprend.
Mais plus qu’une intrigue compréhensible, « We the animals » est plutôt un film qui prend plus le temps de s’arrêter sur des sujets, que sur une intrigue claire. Et c’est là que le film est le plus intéressant, même (attention contradiction), il est là où aussi brouillon. « We the animals« , c’est donc un film qui parle de familles brisées, c’est un film qui parle d’éducation ou de non-éducation. C’est un film qui parle d’émancipation, du passage de l’enfance à celui de l’adolescence. C’est un film qui parle des premiers désirs sexuels. C’est un film d’amour et de haine. Bien sûr, c’est un film qui s’échappe dans l’imaginaire. Tous ces ingrédients, sur le papier, c’est vrai, donnent envie. Ils ont tendance à piquer notre curiosité à vif, mais quand on passe à l’image, c’est quelque part entre les pours et les déceptions que le film se loge et c’est bien dommage. En fait, quand on découvre ce film, on a l’impression que son réalisateur avait bien trop d’idées en tête, qu’il voulait parler de tout, et que finalement, il s’est perdu, abordant beaucoup, sans aller jusqu’au bout des choses.
Reste alors un élément sur lequel on ne se contredit pas, c’est la mise en scène qui ne manque pas d’idées, même si (et merde, je me contredis), dans l’ensemble, le film donne une espèce de patchwork brouillon qui tire de tous les côtés. Drame familial, film indépendant, film trip, drame social… Après, il y a vraiment une patte, c’est très bien filmé et le réalisateur a su tirer le meilleur de ses acteurs.
Bref, « We the animals » est un film long, mais souvent intéressant. C’est un film confus, brouillon, mais aussi bourré d’idées qui méritent qu’on s’y arrête. Enfin, sans être mauvais, on ne peut pas non plus dire que le moment fut génial. Et avec toutes ces contradictions, on a envie de dire, c’est à vous désormais de voir si vous avez envie de vous y arrêter.
Note : 09/20
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Par Cinéted