De : Romain Gavras
Avec Vincent Cassel, Karil Leklou, Isabelle Adjani, Oulaya Amamra
Année : 2018
Pays : France
Genre : Comédie
Résumé :
François, petit dealer, a un rêve : devenir le distributeur officiel de Mr Freeze au Maghreb. Cette vie, qu’il convoite tant, vole en éclat quand il apprend que Dany, sa mère, a dépensé toutes ses économies. Poutine, le caïd lunatique de la cité propose à François un plan en Espagne pour se refaire. Mais quand tout son entourage : Lamya son amour de jeunesse, Henri un ancien beau-père à la ramasse tout juste sorti de prison, les deux jeunes Mohamed complotistes et sa mère chef d’un gang de femmes pickpockets, s’en mêle, rien ne va se passer comme prévu !
Avis :
Gavras… Un nom qui évoque d’emblée un certain cinéma. Il faut dire que Costa Gavras nous a fait rêver avec bien des films. Presque retiré des mécaniques, président de la cinémathèque de Paris, Costa Gavras est le père de trois enfants et aujourd’hui, c’est au cas de Romain Gavras qu’on va s’intéresser. Fondateur de la société Kourtrajmé avec Kim Chapiron, Romain Gavras c’est un peu un ovni dans le paysage du cinéma. Réalisateur de clip, il est passé au long-métrage en 2010 avec un film choc, « Notre jour viendra« , drame emmené par Vincent Cassel et Olivier Barthélémy.
Passé presque inaperçu (trente-quatre mille entrées), après ce premier essai, il aura fallu qu’on attende huit ans avant de revoir un long-métrage signé Romain Gavras et le voici. Deuxième film de son réalisateur, l’électrique et délirant « Le monde est à toi » débarque sur nos écrans et le moins que l’on puisse dire, c’est que le réalisateur a parfaitement réussi ce deuxième film. Comédie absurde, drame social et parental, drôle, très drôle, décalé, dynamique, abusé, plongé dans un humour très noir, « Le monde est à toi » est peut-être bien le film français de ce mois-ci. On s’éclate à suivre les mésaventures de ces personnages, tous plus barrés et hauts en couleurs les uns que les autres. Franchement, on est gâté cette année en cinéma français.
François, un petit dealer de bas étage, a un rêve dans la vie, ouvrir une branche de distribution de Mr Freeze au Maroc. Pour cela, il a monté un dossier en béton armé et il a même réussi à convaincre un client. François avait tout prévu pour monter sa boite, mais le seul hic, c’est qu’il n’avait pas prévu que sa mère dépense toutes ses économies. S’il veut honorer le contrat avec son client, il lui faut vite de l’argent. Pour cela, il accepte de remonter de la drogue d’Espagne. Un plan facile, mais qui, évidemment, entre des dealers avares, des « associés » loin d’être fiables et une mère bien trop envahissante, ne va pas se passer comme il l’avait prévu.
Alors qu’il avait signé un premier drame dur, Romain Gavras est de retour avec une comédie absurde et sérieuse à la fois, qui va jouer sur plusieurs plateaux.
« Le monde est à toi » est un film qui est en partie écrit par Romain Gavras et le réalisateur scénariste va s’éclater et nous éclater par la même occasion, à mélanger les genres, car « Le monde est à toi » est aussi bien un film de gangsters et de banlieue qu’une comédie loufoque, absurde, presque une comédie d’aventure.
Puis, en plus de ça, « Le monde est à toi » est aussi un drame qui parle d’énormément de choses. « Le monde est à toi » est un film qui aborde la famille, les relations de famille, notamment ici mère/fils, tout comme il parle aussi de la situation des banlieues à travers des personnages tous très denses, même si parfois, on leur reprochera d’être clichés (quoi que Sofian Khammes est tordant en chef de quartier).
Puis enfin, poussant encore un peu plus la richesse de l’œuvre, « Le monde est à toi » est aussi un parcours initiatique qui suit le personnage de François, un jeune homme qui rêve de s’extirper du monde qu’il connaît. Et à travers ce personnage, Romain Gavras en profitera pour parler de ces petits gars de banlieues qui se donnent les moyens de s’en sortir (Même si ici, les moyens sont quelque peu fallacieux… Quoi qu’on ne laisse vraiment pas le choix au personnage…).
Bref, Romain Gavras nous offre un film riche aussi bien en rebondissements (franchement, la trame est imprévisible.) que profond. Car oui, derrière son délire de comédie de gangsters, le film s’avère être avant tout un drame touchant sur un mec « normal » entouré de bras cassés. Un mec campé par un formidable Karim Leklou, qu’on met enfin en tête d’affiche et il le mérite amplement. D’ailleurs, ce qui est assez extraordinaire, c’est qu’alors même que « Le monde est à toi » regorge d’acteurs de très haut niveau, tous tordants (Isabelle Adjani nous fait un sacré comeback, Vincent Cassel n’a jamais été aussi hilarant, François Damiens est tordant), on ne voit que Karim Leklou à l’écran.
Si le fond de ce « … monde est à toi » est excellent, la forme l’est tout autant, la photo par exemple est à tomber. Très bien shooté, Romain Gavras nous offre des idées de mise en scène géniales. Des idées qui s’amusent des personnages, mais aussi des situations, ou encore de l’actualité. « Le monde est à toi » est un film qui tient une ambiance de folie qu’on trouve peu dans le paysage du cinéma français et ça fait du bien. Franchement, plusieurs passages sont de véritables petites madeleines de Proust et finalement, moins l’on en sait sur ce film, plus la surprise sera belle.
Enfin, tout comme ça avait été le cas avec « Notre jour viendra« , il faut noter la BO terrible et étonnante que tient là « Le monde est à toi« . Franchement, qui aurait cru que du Sardou, du Voulzy, du Tony Ronald, Billy Joel, du PNL, du Balavoine, du Riton, aurait si bien pu se mélanger, habiller un film et être aussi cool. L’ouverture sur « Le Phénix » de Michel Sardou donne le ton d’emblée, et c’est incroyable !
Bref, sans vous mentir, je m’attendais à ce que « Le monde est à toi » soit bon, mais pour le coup, avec ce deuxième film, Romain Gavras a su être plus qu’étonnant, plus que tordant et encore plus touchant et finalement « Le monde est à toi » fut une très belle surprise qui fait du bien. « Le monde est à toi« , c’est terrible, c’est fun, c’est cool, ça tient une bonne idée et surtout ça tient un personnage adorable, qu’on a envie de suivre n’importe où. Bref, l’immanquable de la semaine. Qui a dit que le cinéma français c’était de la merde ?
Note : 16/20
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Par Cinéted