De : Guillaume Nicloux
Avec Jean-Pierre Darroussin, Clotilde Courau, Julie Delarme, Aristide Demonico
Année : 1998
Pays : France
Genre : Policier
Résumé :
Gabriel Letourneur, alias le Poulpe, accompagne son amie Cheryl à Morsang, petite ville balnéaire de l’ouest de la France ou ses grands-parents reposent, plus exactement reposaient, car leur tombe vient d’être profanée. La police n’a pas l’ombre d’une piste sur les pilleurs du cimetière mais le Poulpe se rend compte très vite que deux des profanateurs ont déjà été assassinés. Pourquoi ces adolescents sans ambition sont-ils devenus des témoins gênants ?
Avis :
Cinéaste et écrivain, Guillaume Nicloux fait partie des « nouveaux cinéastes » français qui me passionnent le plus. Il commence sa carrière dans les années 80, réalise son premier long en 1990 à l’âge de vingt-quatre ans. Il poursuit dans les années 90 entre écriture et réalisation. S’il reste « inaperçu » tout au long de cette décennie ou presque, c’est vraiment avec ce « … poulpe » qu’il décolle. Depuis, Guillaume Nicloux a prouvé qu’il était un audacieux qui compte dans le paysage du cinéma français.
Après deux films qui sont passés inaperçus, Guillaume Nicloux revenait en 1998 avec « Le poulpe« , une comédie « policière » complétement déjantée, qui a su trouver son petit succès, et surtout avec le temps, ses adeptes au point de devenir culte pour beaucoup. Bon, il faut dire que « Le poulpe » a tout pour être un objet de culte, une intrigue farfelue qui tient pourtant la route, des punchlines terribles à tous les coins de rue, des personnages hauts en couleurs et des scènes qui valent à elles seules le déplacement… Bref, pour son troisième film, Guillaume Nicloux offre un ovni déjanté, fascinant, et si l’on osait la familiarité, on irait même jusqu’à dire, un objet déjanté, fascinant et complétement con et on adore ça !
Gabriel Letourneur, alias le Poulpe, accompagne son amie Cheryl à Morsang, petite ville balnéaire de l’ouest de la France où ses grands-parents reposent, enfin plus exactement où ses grands-parents reposaient, car leur tombe vient d’être profanée. Sur place, la police n’a pas l’ombre d’une piste sur les pilleurs du cimetière, mais le Poulpe se rend compte très vite que deux des profanateurs ont déjà été assassinés. Pourquoi ces adolescents sans ambition sont-ils devenus des témoins gênants ?
Chez Guillaume Nicloux, j’aime ses thrillers noirs ou encore ses films décalés qui lorgnent sur le surnaturel, « Valley of Love » et « The End » en sont deux très beaux exemples. Mais là où je ne connais pas encore Guillaume Nicloux, c’est dans la comédie ou le délire, et je n’ai pas encore vu « The Holiday« . D’ailleurs, avec « Le poulpe« , je m’attendais bien plus à un thriller dans la veine de « Cette femme-là« , et c’est à ma très grande surprise, que « Le poulpe » s’est révélé être une enquête policière complètement déjantée et tordue, qui mérite d’être découverte ne serait-ce que pour son humour complément loufoque et noir, qui assure le spectacle de scène en scène.
Vous l’aurez donc compris, « Le poulpe » est un film très différent de ce à quoi on peut s’attendre. Et comme je l’ai dit plus haut, si le scénario est une bonne surprise qui tient la route jusqu’à son final, tout l’intérêt du « … poulpe » réside autre part. Avec ce film, Guillaume Nicloux introduit de l’irrévérencieux et de la punchline dans une petite ville portuaire bien tranquille au demeurant. Excellent et tordant, on s’amuse à suivre la pluie de coups et de vannes qui tombe. Jean-Pierre Darroussin s’en donne à cœur joie et il s’éclate autant que nous avec ce personnage ô combien haut en couleurs.
Ce qui est terrible avec ce film, c’est la façon décomplexée avec laquelle Guillaume Nicloux ose la connerie, presque le vulgaire, et bien souvent le n’importe quoi, qui vaut son pesant d’or, sans jamais dépasser la limite de l’absurde qui agacerait ou serait démonstratif et finalement pas cohérent. Non ici, il y a de la cohérence dans ce joyeux bordel, et l’on se plaît à suivre cette intrigue folle, qui arrive à garder une forme de suspens, autant qu’elle nous réserve des scènes plutôt mémorables. Bref, comme je le disais, on s’éclate devant et en compagnie de ce « … poulpe« .
Si plus haut je parlais de Jean-Pierre Darroussin qui tient un personnage tordant, le casting du « … poulpe » nous réserve bien d’autres noms et rôles. On retiendra Clotilde Coureau dans un rôle unique pour elle. On retiendra aussi le déjanté Yves Verhoeven dans un rôle tripant. Et quelques guests de gueules comme Philippe Nahon, François Levantal, ou encore Stéphane Boucher.
Entre une intrigue farfelue, des répliques cinglantes qui pleuvent, des personnages géniaux et une réalisation en bol d’air frais, ce troisième film pour Guillaume Nicloux est une réussite. On s’éclate, on rit, on est catastrophé parfois par la géniale bêtise de l’ensemble, et l’on reste en permanence tenu par cette intrigue qui n’oublie absolument pas de se faire mystérieuse. Bref, un bon, très bon moment de cinéma qui fait du bien et qui mérite son culte. Je pense d’ailleurs qu’il peut désormais prétendre à une place dans mon panthéon des conneries cultes.
Note : 15/20
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Par Cinéted