mars 28, 2024
BD

Odyxes

Auteurs : Christophe Arleston et Steven Lejeune

Editeur : Soleil

Genre : Fantastique, Historique

Résumé :

Oscar Rimbaud est étudiant en médecine, à Paris. Mais il se réveille dans la peau d’un marin de la Grèce antique, commandant une flottille. Est-il en train de rêver ? Non, tout autour de lui semble trop réel. Et il a le souvenir de cette fille étrange, rencontrée à l’hôpital, qui l’a attiré chez elle… En attendant, coincé dans un port égyptien, il doit trouver le moyen de ramener ses hommes en Grèce, et va pour cela utiliser quelques-unes de ses connaissances modernes. Oscar, devenu Odyxes, va s’ingénier à survivre dans un monde rude qui s’avère plus complexe qu’il ne l’imaginait, et tenter de comprendre pourquoi il a été projeté dans ce passé lointain…

Avis :

Lorsqu’on se penche sur une œuvre de fantasy, qu’elle soit littéraire ou issue du neuvième art, on a droit à deux choix : le rapprochement avec des repères contemporains ou l’imagination pure et simple. Principalement connu pour être le créateur de Lanfeust de Troy, Christophe Arleston tente avec Odyxes de brouiller les cartes. Voyage temporel, récit historique et mythologies antiques se disputent leur part du gâteau si bien que toute l’originalité réside dans le brassage des thématiques citées précédemment. En somme, un mélange annonciateur d’une indéniable singularité où l’aspect décalé du concept a le mérite d’interpeller le lecteur, qu’il soit versé ou non dans les histoires fantastiques ou de fantasy.

Au propre, comme au figuré, l’immersion est immédiate avec une scène d’introduction qui nous met en condition. À l’instar de son protagoniste, l’étudiant en médecine Oscar Rimbaud, la perte de repères est réelle. La violente tempête en mer suffit à ébranler des certitudes, a fortiori lorsque le principal concerné est un de nos contemporains. Toujours est-il que la découverte est d’autant plus surprenante quand on accoste sur les rives du Nil pendant la période de l’Antiquité. Pleinement conscient de ce qui lui arrive, Oscar s’essaye à quelques hypothèses qui, on le devine sans mal, seront plus ou moins biaisées pour ménager un minimum de suspense. Coma ? Rêve lucide ? Régression ?

Les questions se multiplient et, étrangement, elles auront tendance à s’effacer des préoccupations premières de l’intrigue. Une fois acclimaté à cette improbable réincarnation, Oscar cherche davantage un moyen de s’intégrer au lieu de trouver de véritables réponses. Enfin, est-ce là l’impression que le premier tome, Naufragé du temps, impose par la force des choses. De par la mise en place assez importante et les enjeux relativement anecdotiques (une activité pseudo-clandestine qui n’est pas sans rappeler les trafics d’alcool en pleine période de prohibition), la trame prête à peu de conséquences. L’on s’attend alors aux prémices d’une longue saga en devenir, mais la suite tend à nous donner tort, du moins en partie.

Car le second volume tranche radicalement avec le rythme posé de son prédécesseur. L’action s’accélère par le biais de batailles antiques, mais aussi en appuyant l’aspect anachronique de l’histoire. Les connaissances d’Oscar Rimbaud présentent un décalage bienvenu lorsqu’on demeure dans sa spécialité. Dans le premier tome, le fait de lui octroyer des capacités à produire de l’alcool pouvait surprendre et interloquer. Pour la suite, le transformer en ingénieur compétent pour fabriquer un véritable arsenal d’armes à feu confère à une posture beaucoup plus délicate dans sa crédibilité, pour ne pas dire absurde. Il en découle une approche surfaite et surréaliste qui, même dans le domaine de l’imaginaire, peine à convaincre.

Quant aux réponses tant attendues, elles ne viennent pas avec parcimonie, mais d’un seul bloc. Le tout en faisant quelques modestes incursions dans le Paris du XXIe siècle et la guerre de Sécession. La thématique du voyage temporel est alors remisée de manière arbitraire à des considérations secondaires qui s’avance comme un moyen et non une finalité. L’approche de l’auteur reste à l’appréciation des lecteurs, puisque l’on est coincé entre un potentiel évident et un manque de profondeur au regard des mystères faits en amont. De plus, le fait de nous éclairer sur l’ensemble des points obscurs de l’intrigue laisse à penser à un diptyque. Même si L’écume des sables conclut l’histoire, elle évoque néanmoins une porte ouverte pour un éventuel nouveau cycle.

Au final, Odyxes est une bande dessinée en demi-teinte. À l’instar des traits de crayons précis et réalistes, on sent l’expérience poindre au fil des planches. Pour autant, le récit pâtit d’une progression en dent-de-scie, non desservie par des anachronismes volontaires, mais par des incohérences qui font office de raccourcis narratifs. On appréciera la reconstitution, ainsi que l’idée de départ, mais pour convaincre, il aurait fallu un travail plus approfondi et moins précipité pour rendre le tout crédible. Les deux tomes présentent un contraste trop flagrant, sans pour autant corriger les écueils initiaux. Un diptyque qui se distingue par son originalité, à défaut d’être pleinement maîtrisé.

Note : 13/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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