mars 29, 2024

Acts of Vengeance

De : Isaac Florentine

Avec Antonio Banderas, Cristina Serafini, Karl Urban, Paz Vega

Année : 2018

Pays : Etats-Unis

Genre : Action

Résumé :

Fou de douleur après le meurtre de sa femme et de sa fille, un avocat à la langue bien pendue fait vœu de silence et s’entraîne méthodiquement pour réussir à les venger.

Avis :

Si le cinéma d’action est fréquemment brimé, la faute revient principalement à une approche sclérosée du genre où les poncifs et clichés n’ont guère évolué depuis les années 1980 et 1990. Les attentes des spectateurs ont changé, mais le cinéma d’action se cantonne à ressasser encore et toujours les mêmes histoires. Les déclinaisons étant similaires et souvent fauchées. Avec Acts of Vengeance, on reprend les codes du Vigilante Movie qui, bien qu’efficaces et intéressants à exploiter, n’ont guère été modifiés en l’espace de deux générations. En la matière, la référence du genre demeure Death Wish, le roman de Brian Garfield, comme le film de Michael Winner.

L’intrigue s’avance comme une énième version du père de famille esseulé après la perte tragique de sa femme et de sa fille. Le confort de sa classe sociale, la carrière professionnelle chronophage, le contexte du crime perpétré, sans oublier l’impuissance des forces de l’ordre à résoudre l’enquête. Tout est présent pour cadrer avec les exigences du genre afin de rendre le concept de justice suranné. On a même droit à une sorte de flash-forward pour conditionner directement le spectateur. Il est vrai que le film ne manque pas d’allant, ni de potentiel, pour proposer un bon défouloir, particulièrement jouissif en mettant en valeur la loi du talion.

Malheureusement, l’intrigue ne s’avance pas sous les meilleurs augures, notamment à cause d’une trame cousue de fils blancs. Les raccourcis narratifs sont légion et les coïncidences scénaristiques sont trop évidentes pour convaincre. Preuve en est avec ces incursions hors contexte dans le domaine du free-fight (le réalisateur est responsable d’Undisputed 2 et 3) où les deux personnages principaux se rencontrent de manière fortuite. De fait, on a du mal à entrevoir où l’on souhaite nous emmener, et ce, en dépit de la prévisibilité de l’ensemble. La progression est contrainte de rapprocher le quotidien d’un avocat peu porté sur sa santé physique et l’homme implacable qu’il devient, expert en arts martiaux de surcroît.

Le scénariste tente même d’y incorporer une petite note d’originalité en évoquant des citations de Marc Aurèle. Celles-ci ne sont pas toujours représentatives ou opportunes pour effectuer un parallèle avec l’épreuve que traverse protagoniste. Une sorte de révélation pour notre futur justicier qui, au sortir de ces considérations relatives au stoïcisme, décide de ne plus prononcer un mot tant que justice n’aura pas été faite. De là à envisager une sombre ironie du sort, il n’y a qu’un pas puisqu’il avoue être une véritable pipelette ; statistiques à l’appui en début de métrage. Contrairement aux 17 000 et 20 000 mots par jour pour un homme ou une femme, il en débite 80 000.

Bref, l’on se demande bien comment les investigations peuvent progresser sans interrogatoires, ni échanges avec les suspects ou les personnes indirectement impliquées. On a donc droit à de longues séquences d’observation entrecoupées d’affrontements assez percutants. À ce titre, les chorégraphies demeurent correctes, mais se rapprochent davantage du combat de rues que des arts martiaux auxquels le protagoniste s’est initié. Là encore, cela peut paraître téléphoné au niveau des raccords ou de la cohérence générale, mais l’on devra s’en contenter. À noter, un épilogue qui rehausse la qualité du film par une issue beaucoup moins manichéenne qu’escomptée.

Au final, Acts of Vengeance a tout du DTV d’action lambda qui restera anecdotique. L’intrigue ne propose rien de novateur et préfère ressasser les poncifs du Vigilante Movie. Certes, cela demeure efficace dans une certaine mesure, mais la maladresse avec laquelle l’histoire est racontée, ainsi que les nombreuses errances dues aux dialogues ou à leur absence, rendent la progression laborieuse. Il subsiste des combats assez percutants et bien réalisés, mais surtout une conclusion qui tranche radicalement avec les a priori évoqués. Les conséquences et les implications qu’elle engendre sont plus subtiles qu’elles n’y paraissent. Le travail sur les motivations de l’antagoniste et la réaction opposée réussissent à créer la surprise, bien qu’on l’aurait appréciée plus tôt. Une production moyenne, mais qui aurait pu se solder par un résultat bien pire.

Note : 10/20

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Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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