mars 29, 2024

The Park

Résumé :

Dans cette aventure narrative, vous incarnez Lorraine, une jeune mère veuve qui perd son enfant dans un parc d’attraction. Votre but, le retrouver alors que des événements étranges se font ressentir.

Avis :

Dans le domaine vidéoludique, les parcs d’attractions font surtout l’objet de simulation, comme l’ont démontré par le passé Theme Park et Rollercoaster Tycoon. En revanche, implanter le cadre d’une histoire horrifique dans l’un d’eux est moins courant. On peut évoquer la séquence aussi macabre qu’éprouvante de la fête foraine dans Silent Hill 3, mais l’initiative est suffisamment rare pour la remarquer. Ici, le détournement du côté festif d’un tel environnement n’est pas sans rappeler le déplorable The Park d’Andrew Lau, production de seconde zone ridicule tournée entre deux opus de la saga Infernal Affairs. Et sur le papier, The Park (le présent jeu vidéo, donc) possède quelques occurrences avec son homonyme.

Outre le cadre dans lequel l’aventure se complaît, on retrouve cette notion de drames à répétition qui a frappé le parc. Accidents, négligences et morts en pagaille ont tôt fait de péricliter la réputation de l’Atlantic Island Park. En cela, on touche déjà du doigt un problème purement formel sur le plan narratif. D’une part, le parc a fermé ses portes, mais possède encore un employé pour jouer les guichetiers. D’autre part, quel genre de parents souhaiterait amener son enfant dans un tel lieu, a fortiori quand celui-ci est interdit au public ? Malgré une ambiance de départ relativement sombre et pesante, les tenants sont pour le moins confus pour prétexter l’exploration.

Non satisfait de débuter sur des bases bancales, Callum, le fils de Lorraine, prend la poudre d’escampette. Le joueur doit donc essayer de le retrouver. Le principe de s’appuyer sur une horreur abstraite n’est pas pour déplaire. Avec une approche toute psychologique de la perte d’un enfant, le fait de le rechercher se substitue à la présence d’ennemis tangibles. Le gameplay se révèle minimaliste. On se contente de trottiner ou de courir tout en s’orientant au son de la voix de Callum. Le plus souvent invisible à l’écran, ce dernier fait office de guide pour s’assurer que l’on ne tourne pas en rond. Un mécanisme simple et néanmoins vite répétitif.

Pour le reste, on interagit à minima sur son environnement avec quelques éléments perceptibles (des notes et des papiers peu lisibles). Et ce ne sont pas les différentes attractions qui vont changer la donne. Non contente de retrouver son fils, Lorraine se perd en quelques digressions pour essayer chaque manège. De la grande roue aux barques en forme de cygne pour conter le récit d’Hansel et Gretel, ce genre de séquences ne cassent pas vraiment le rythme au vu d’une évolution volontairement lente. Ces intermèdes sont davantage l’occasion de creuser l’histoire personnelle de Lorraine et les drames qui se sont déroulés dans le parc. Les liens sont ténus, très peu explicites et souvent alambiqués.

Le fait que The Park soit intégralement en anglais (sous-titres compris) n’aide pas à saisir toutes les subtilités de l’intrigue pour les joueurs allergiques à la langue de Shakespeare. Il n’en demeure pas moins que la progression est assez prévisible dans son ensemble, et ce, en dépit de nombreux amalgames sur les deux axes principaux de la narration. Certes, les thématiques exploitées restent pertinentes, notamment la maltraitance infantile et les névroses familiales. Les travailler dans un cadre à la lisière du surnaturel est également judicieux, tout comme la confusion entre réalité et hallucinations. Le fond est donc réellement intéressant et profondément mature.

Malheureusement, les multiples errances de l’intrigue associées au manque d’informations au cours de la partie et lors de son dénouement trahissent une maîtrise insuffisante des sujets évoqués. Au-delà du détournement orthographique hasardeux de son patronyme, le boogeyman ne possède qu’une importance secondaire, voire anecdotique. Ce qui est également le cas de Chad le hamster. En réalité, on parcourt le parc en quête de réponses et l’on se surprend à rester avec nos interrogations initiales, à tout le moins en partie. Et c’est là que le bât blesse, car la durée de vie n’excède pas 1 h 30 de jeu, même en traînant les pieds. Le titre ne propose aucune rejouabilité et est d’une pauvreté alarmante en terme de contenus additionnels.

L’aspect général évoque un Open-World sur un espace restreint. Cela peut paraître antinomique, mais la superficie du parc d’attractions démontre vite ces limites. La peur de s’égarer s’estompe bien rapidement avec des sentiers balisés, des culs-de-sac et des manèges disséminés çà et là, sorte de checkpoint pas vraiment assumés. La seconde partie en vase clos est un peu plus oppressante, car elle joue davantage sur des faux-semblants. De plus, la déliquescence progressive de la psyché de Lorraine tend à ouvrir des pistes intéressantes ; éléments qui ne seront jamais exploités à leur juste valeur. On demeure donc frustré face à un potentiel évident qui reste au stade des prémices.

Au final, The Park souffre de beaucoup trop d’écueils pour convaincre. On appréciera l’atmosphère désenchantée d’Atlantic Island Park, ainsi que les thématiques principales de l’intrigue, le tout hanté par une bande-son discrète et néanmoins immersive. L’angle de l’aventure narrative est également pertinent. On sent l’influence de précédentes productions Funcom, notamment The Longest Journey et Dreamfall. Seulement, l’histoire joue d’incohérences et de prétextes pour pleinement justifier l’exploration du parc. Aussi confuse qu’inconstante, l’évolution tente quelques parallèles maladroits avec Hansel et Gretel, en vain. Mais le titre est surtout desservi par une durée de vie éphémère qui survole son concept sans s’y impliquer. Une déception.

Note : 09/20

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Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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