Titre Original : Midnight in the Garden of Good and Evil
De: Clint Eastwood
Avec James Gandolfini, John Cusack, Kevin Spacey, Jack Thompson
Année: 1998
Pays: Etats-Unis
Genre: Policier, Drame
Résumé :
John Kelso est envoyé par le magazine « Town and Country » à Savannah pour couvrir la grande fête qu’organise chaque Noël John Williams, antiquaire et collectionneur d’art dans sa résidence légendaire, Mercer House, située au cœur historique de la ville. C’est l’occasion pour le journaliste de rencontrer tout le gratin local et de s’imprégner de l’atmosphère raffinée de Savannah. Mais durant la nuit, John Williams est arrêté et inculpé du meurtre de son jeune compagnon, Billy Hanson, un gigolo. Flairant un scandale mondain, John Kelso décide de rester.
Avis :
Clint Eastwood, c’est un cinéma de qualité et cela fait presque cinquante ans maintenant qu’il réalise des films. Et chaque décennie contient son lot de chefs-d’œuvre. Alors qu’il entame sa troisième décennie avec les années 90, Clint Eastwood nous aura parcouru ces années-là avec grâce et talent, rajoutant de sacrées perles à sa filmographie. On se souvient tous d’ »Impitoyable« , « Sur la route de Madison« , ou encore « Un monde parfait« .
Parmi les chefs-d’œuvre et les succès commerciaux de ces années-là, il se dresse un film moins connu que les autres et qui pourtant, sans être au niveau des chefs-d’œuvre Eastwoodiens, demeure intéressant, prenant, et mériterait plus de lumière. Avec « Minuit dans le jardin du bien et du mal« , Clint Eastwood livre l’une des singularités de sa passionnante filmographie. Oscillant entre le drame judiciaire, aux allures parfois de polar, au film « historique », puisque la trame se base sur une histoire vraie, le policier et le film fantastique perdu en Georgie, dans la célèbre ville de Savannah, Clint Eastwood nous entraîne dans une intrigue plus complexe qu’elle en a l’air. Une intrigue qui est de surcroît tenue par des personnages hauts en couleurs.
John Kelso est un jeune journaliste écrivain qui travaille pour le magazine « Town and Country ». Pour noël, il est envoyé dans la ville de Savannah afin de couvrir la réception de Jim Williams, une bonne et généreuse âme de la ville. Ce voyage s’annonçait sans surprise, mais le fameux soir de la réception, alors que cette dernière est finie, Jim abat Billy Hanson, son jeune amant et gigolo, réputé comme le meilleur coup de la ville. Pourtant, en légitime défense, Jim se trouve arrêté. John va alors avoir l’idée d’un livre racontant l’affaire et plus largement Savannah.
Très différent de ce que Clint Eastwood a l’habitude de nous présenter, ce cru 98 étonne de par sa galerie de personnages tous plus fascinants les uns que les autres. Il étonne aussi de par son ambiance parfois mystique, d’autres fois drôle et décalée, et d’autres fois encore politique. « Minuit dans le jardin du bien et du mal » est un film politique, cynique et critique. Eastwood, d’une certaine façon, se moque de la bourgeoisie, dressant un portrait arriviste peu reluisant. Car en plus des « quand dira-t-on » hypocrites de la ville, Clint Eastwood abordera aussi le regard de l’autre, le jugement, le paraître et s’aventurera même sur les chemins de l’homosexualité, et de la transsexualité, ce qui est assez inédit dans la carrière du réalisateur et il en parle avec beaucoup de bienveillance, même si parfois le regard peut être dur.
Eastwood dresse aussi un « joli » portrait de la justice, avec ce fait réel. Un fait réel à l’issue incertaine qui ne dévoile finalement pas tous ses mystères. La fin est ouverte, le réalisateur nous laisse en déduire ce dont on a envie avec les différents indices que l’enquête ou le procès qu’on a suivi ont distillés pendant les deux heures et demi que le film a duré.
Comme je le disais plus haut, ce film, c’est avant tout un parterre de personnages tous plus construits, complexes et finalement fascinants les uns que les autres. John Cusack, en journaliste et écrivain en quête de vérité est excellent. On apprécie énormément découvrir la ville, ses habitants et ses folies à travers lui. Kevin Spacey en millionnaire excentrique moustachu fait comme toujours des merveilles. On se régalera de ce personnage trouble, qui est finalement le plus intéressant de ce film.
On prend un malin plaisir à suivre aussi The Lady Chablis, véritable habitante de Savannah, dont c’est le premier et seul « rôle » qu’elle tient et l’on peut dire qu’elle illumine le film. Drôle et touchante en même temps, l’artiste fait un véritable show, qui éclipse John Cusack quand ils ont des scènes en commun.
Puis enfin, il est impossible de ne pas évoquer la grande Irma P. Hall qui incarne une « sorcière », car non seulement l’actrice est excellente, mais en plus de ça, avec son personnage, le film s’ouvre à tout autre chose, s’aventurant dans des allées pleines de mysticisme, de mystères et de Vaudou. Grace à elle, le film évolue, change et se complexifie encore un peu plus, développant un sacré bon univers. Un univers lui aussi inédit dans la carrière d’Eastwood. Un univers qu’il gère très bien, peut-être même trop, car on n’en a pas assez et l’on aurait adoré que le film s’y plonge encore plus.
« Minuit dans le jardin du bien et du mal » est un film qui est long, plus de deux heures et demie, et pourtant ô grand jamais on ne les voit passer. Il y a de petites baisses de régimes, mais Clint Eastwood, de par ses idées, l’ambiance, ses comédiens et surtout ses personnages, arrive toujours à nous intéresser par cette étrange histoire.
Vingtième long-métrage de Clint Eastwood, « Minuit dans le jardin du bien et du mal » est un film intéressant à plus d’un titre. Et c’est aussi un film qui mériterait d’être plus connu, et ça, même s’il n’est pas élevé aux rangs de chef-d’œuvre comme peuvent l’être « Impitoyable« , « Sur la route de Madison » ou encore « Un monde parfait« . Bref, c’est un film à redécouvrir, ou découvrir.
Note : 14/20
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Par Cinéted