octobre 9, 2024

After Anna – Alex Lake

Auteur : Alex Lake

Editeur : J’ai Lu

Genre : Thriller

Résumé :

« Tu te réjouis : tout s’est passé comme sur des roulettes, tu as bien mené ton travail d’observation, la petite fille est désormais avec toi. Oh, tu as dû la droguer légèrement, mais ça ira. Que le jeu commence. »
Une enfant de 5 ans disparue, kidnappée à la sortie de son école. Des policiers sans aucune piste, des parents au-delà de la douleur. Une enfant perdue à jamais, peut-être morte, peut-être pire…
C’est alors qu’une semaine après son enlèvement, la petite fille réapparaît, sans aucun souvenir. Et pour sa mère, c’est, à cet instant, le début du cauchemar…

Avis :

Le thriller psychologique est un genre assez particulier car il joue sur deux tableaux. En premier lieu, il doit tenir en haleine le lecteur sur des effets de peur jouant sur la psychologie des personnages. Ensuite, il doit aussi tenir sur la longueur en proposant des situations inquiétantes et qui amènent à des éléments perturbateurs, floutant constamment les notions de bien et de mal. Alex Lake est le pseudonyme d’un écrivain anglais vivant aux Etats-Unis, dans le Maine, au même titre que Stephen King. Mais la comparaison s’arrêtera là, car After Anna est le premier roman d’Alex Lake et qu’il n’est pas si horrifique que cela, jouant plutôt sur le tableau du thriller, avec une forte tendance à la psychologie. Premier roman, premier gros succès outre-Manche, doit-on y voir un écrivain prodige ou un phénomène qui n’a pas vraiment lieu d’être ?

L’histoire du roman est assez simple. Julia est une avocate des familles qui a pour habitude de régler les affaires de divorce. Alors qu’elle est coincée à une réunion et que son téléphone n’a plus de batterie, elle arrive une demi-heure en retard à l’école et se rend compte que sa fille a disparu. Pendant une semaine, Anna est introuvable. Sauf qu’elle revient saine et sauve, le kidnappeur rendant la petite à sa famille. Malheureusement pour Julia, entre des journalistes peu scrupuleux, des réseaux sociaux qui s’improvisent juges et un divorce qui se passe mal avec son mari, c’est bien lorsqu’Anna lui est rendue que le pire est à venir. Le but premier de ce roman est de créer un malaise d’entrée de jeu. Alex Lake ne perd pas de temps pour installer ses personnages et leur vie quotidienne, il va à l’essentiel, c’est-à-dire l’enlèvement, dès les premières pages, et la suite va pouvoir être approfondie avec l’évolution psychologique des personnages.

Ainsi donc, le roman est divisé en deux parties bien distinctes. Tout d’abord l’enlèvement et le calvaire du couple, en instance de divorce, qui va devoir plus ou moins se serrer les coudes pour surmonter cette épreuve. Cette première partie est résolument la moins intéressante du bouquin. Si on va voir une mère de famille qui sombre peu à peu, avec en plus des réseaux sociaux haineux et inventifs ou encore un mari (bientôt ex) qui l’accable de son retard, il manque clairement du suspens dans cette première phase. La faute n’est pas tellement à l’auteur, mais aux choix de communication. Il suffit de lire la tagline pour vendre le bouquin pour comprendre qu’Anna va revenir saine et sauve, ce qui entache un peu les enjeux dramatiques, du moins au départ. Fort heureusement, Alex Lake possède une jolie plume et l’ensemble se lit avec une fluidité parfaite. Cette première partie s’évertue aussi à critiquer les réseaux sociaux et la société en général, peignant un portrait peu reluisant de l’espèce humaine, entre des jeunes délinquants effrayants ou encore de parfaits inconnus qui jugent à travers un écran.

La seconde partie du roman est un peu plus intéressante car elle met en exergue des enjeux plus complexes. Anna a-t-elle changé ? Est-ce autre chose ? Le cauchemar annoncé sème le trouble et on ne saura pas sur quel pied danser. Très vite, on va se rendre compte que le roman reste très terre à terre. Il ne faut pas s’attendre à du fantastique et c’est seulement sur la fin que la vérité va éclater. Une vérité finalement facile à découvrir, car l’un des personnages est très agaçant et se grille assez rapidement. Cependant, ce n’est pas très grave. On va voir la chute en enfer de Julia, qui ne trouve de réconfort que chez quelques personnes dont sa meilleure amie, et on va voir l’anticipation d’un personnage machiavélique et résolument mauvais. Le problème, c’est que chaque chapitre commence par les pensées du kidnappeur et de ce fait, on va vite faire le rapprochement avec un autre personnage plus récurrent, et c’est ainsi que l’on va griller la finalité du roman. Néanmoins, cette seconde partie a le mérite d’être plus dynamique, plus dramatique et de jouer constamment sur la garde d’une petite fille qui se retrouve mêlée à une affaire qui la dépasse. Alex Lake retranscrit parfaitement le ressenti de la mère et on sent à la fin cette survie maternelle qui caractérise toutes les mères du monde. Bref, c’est plutôt efficace malgré un « whodunit » évident.

Au final, After Anna est un bon thriller psychologique qui arrive à s’attarder sur une famille en pleine décomposition malgré de grosses ficelles dans son intrigue. Alex Lake possède une jolie plume et semble avoir de l’idée, fournissant un premier roman agréable, tendu sur sa seconde moitié et qui ne laisse personne indifférent par sa plausibilité. Bref, un premier jet intéressant, qui ne surprendra pas forcément les férus du genre, mais qui se révèle très agréable à lire.

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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