Titre Original : Bride of Chucky
De : Ronny Yu
Avec Jennifer Tilly, Katherine Heigl, Nick Stabile, John Ritter
Année: 1999
Pays: Etats-Unis
Genre: Horreur
Résumé:
La poupée Chucky n’est plus qu’un infâme bout de chiffon et de plastique tout juste bon à jeter aux ordures. Mais Lee Ray, tueur en série officiellement mort depuis une dizaine d’années, habite encore sa carcasse en charpie. La pulpeuse Tiffany, créature tout entière dévolue à son culte, rêve de le ramener à la vie. Et voilà qu’elle parvient à le ranimer. Mais dès son retour à la vie, Chucky se fatigue vite de son apparence de jouet, car rien ne vaut, à ses yeux, un mètre quatre-vingts de chair et d’os, un physique avantageux où coule du sang chaud, celui du beau Jesse par exemple.
Avis:
Le cinéma d’horreur est celui qui a fourni les plus belles figures iconiques du septième art. Entre Freddy des Griffes de la Nuit, Jason de Vendredi 13, Michael Myers d’Halloween ou encore Leatherface de Massacre à la Tronçonneuse, on peut dire que le cinéma horrifique nous a donné de belles frousses et des gueules qui resteront dans les légendes collectives. Et parmi ces monstres et hommes complètement frappés du ciboulot, il y a un certain Charles Lee Ray, qui va se réincarner dans le film Jeu d’Enfant en la poupée Chucky. Mini tueur en série, Chucky peut faire rire de prime abord, mais il est tout autant taré que ses comparses et fait maintenant partie du panthéon des figures horrifiques. Après une trilogie assez intéressante mais qui n’a cessé de tomber vers la médiocrité, la poupée créée par Don Coscarelli va atterrir dans les mains de Ronny Yu. Alors inconnu au bataillon, le réalisateur hong-kongais va avoir la lourde tâche de proposer un quatrième épisode afin de redorer le blason de la poupée. Le pari est-il réussi?
Le scénario de cet opus est assez conventionnel et ne tient pas forcément la route au départ. Le film débute à la fin du troisième, alors que Chucky vient de se faire écraser. Un policier décide de le sortir des pièces à conviction afin de le donner à Tiffany, la compagne du tueur. Cette dernière va réussir à réanimer le tueur au sein de la poupée, mais elle va être déçue par les propos que tient son ancien amoureux. Ce dernier, alors enfermé dans un parc pour bébé, décide de la tuer et de la réincarner dans une poupée. Ensemble, ils décident alors de retrouver le cœur de Dambala sur la dépouille du tueur, et pour cela, Tiffany demande par téléphone à son voisin un peu benêt d’amener les deux poupées au gardien du cimetière. Un road trip mortel va alors prendre place. Le principal problème de ce film provient de deux choses. La toute première, c’est la base même du road trip qui n’a pas vraiment de sens. Le jeune homme emmène les deux poupées sans se poser plus de question et les différentes morts sur la route ne le dérangent pas outre mesure. L’autre défaut, c’est la fin du film, assez grand-guignolesque, mais qui semble précipitée, avec beaucoup de retournement de situation, aussi de la part des poupées que de la part des deux jeunes pris en otage.
Cependant, ces quelques faiblesses d’écriture sont bien peu de chose par rapport au plaisir que l’on éprouve en regardant cet épisode. Ce qui fait la force de ce quatrième opus, et le place comme le deuxième meilleur épisode de la saga après le tout premier, c’est son humour noir qui s’allie parfaitement avec les différents meurtres. Chucky est un bon gros sadique et sa petite taille ne l’empêche pas de commettre des atrocités tout en lâchant quelques blagues de mauvais goût. Il sera accompagné de Tiffany qui ne sera pas en reste et tuera avec un plaisir non dissimulé. Cet humour noir va permettre d’approfondir un peu plus la psychologie du tueur, de le remettre sur le devant de la scène et de montrer son égoïsme et sa méchanceté pure. Néanmoins, cet humour n’empiètera jamais sur l’aspect gore du film. Ne lésinant pas sur les moyens, Ronny Yu fait péter la sauce rouge et propose des meurtres bien sales ou encore des morts très gore, en atteste ce pauvre bougre qui va se faire exploser par un camion sur l’autoroute. Tout cela fait de La Fiancée de Chucky une comédie noire à tendance horrifique des plus jouissives. Car en plus de cela, le rythme du film est ébouriffant, ne laissant aucune minute de répit aux protagonistes.
Des personnages assez attachants car même s’il s’agit de jeunes adolescents, le sexe n’est quasiment jamais présent malgré le physique alléchant de Jennifer Tilly (à l’époque). Les deux héros sont des fuyards qui veulent vivre leur idylle loin d’un oncle acariâtre et envahissant. Ils sont alors constamment sur la réserve, ayant peur d’être suivi, mais le film va être monté de façon à ce que chacun pense que c’est l’autre le tueur. C’est assez malin et cela nous sort du schéma des jeunes débauchés qui ne pensent qu’à faire la fête ou baiser. Et puis les acteurs sont assez convaincants, surtout Katherine Heigl que l’on retrouvera ensuite dans la série Grey’s Anatomy. Datant de 1999, le film aura bientôt vingt ans et le moins que l’on puisse dire, c’est que les effets spéciaux n’ont pas pris une ride. Les animations des poupées sont incroyables de réalisme, sauf quand il faut les marcher ou ramper, mais au niveau du visage, le travail effectué fonctionne encore aujourd’hui, ce qui est gage de qualité. D’ailleurs, on notera le peu d’effets numériques, et c’est ce qui vieillit le moins bien. Enfin, Difficile aussi de ne pas évoquer les quelques références disséminées çà et là dans le film, comme le tout début qui montre les accessoires des figures du cinéma d’horreur (gant, masque de hockey, tronçonneuse) ou encore le meurtre de l’oncle un peu sadique qui va ressembler à Pinhead du film Hellraiser.
Au final, La Fiancée de Chucky est un film très réussi et qui marche encore aujourd’hui, près de vingt ans après. Entre des effets spéciaux réussis, un humour noir qui fait mouche ou encore des meurtres sanglants assez innovants, on peut dire que le film de Ronny Yu se hisse aisément à la deuxième place de la saga, très proche du tout premier de la franchise. Bref, un plaisir de tous les instants qui se retrouve un poil gâché par une fin ubuesque et qui va beaucoup trop vite. Mais ce n’est rien face à la joie éprouvée en voyant ce petit miracle se produire sous nos yeux.
Note: 16/20
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=I-WZYQ6nABA[/youtube]
Par AqME